Photographie de Grégoire Ramé

Nous sommes ici à Istanbul, un modèle en terme de passage; ici a passé la route de la soie pendant plus d’un millénaire. La ville enjambe le détroit du Bosphore et raccroche l’Asie à l’Europe. Aujourd’hui la route de la soie ayant été remplacée, elle fait plus modestement le lien entre le Moyen-Orient et l’Europe mais reste un point de passage obligé.

Notre poste d’observation est situé dans le Sud-Ouest de la ville, au cœur même de la partie occidentale de l’ancienne Constantinople ; on regarde ici plein Sud.

La photo est prise depuis la tour de Galata qui surplombe la Corne d’or: c’est l’important estuaire qu’on voit sur la photo. Il est pour Istanbul un port naturel un peu en retrait du détroit. Encore aujourd’hui il permet aux nombreux bateaux qui transportent des touristes mais aussi des marchandises d’aller assez loin dans la ville afin d’être déchargés. Ils approvisionnent principalement le centre et ses marchés en denrées fraîches ainsi qu’en eau. En effet l’eau courante de la ville est relativement peu potable (et encore moins pour un touriste), preuve qu’Istanbul, bien qu’en modernisation intense, n’appartient pas à un pays riche. Toujours sur la Corne d’or on peut apercevoir le pont de Galata qui symbolise ce croisement propre à Istanbul entre lieu de passage maritime et terrestre. Le pont est flanqué d’un deuxième étage où l’on trouve de nombreux restaurants qui attirent par leur emplacement, pour le moins étrange, un bon nombre de touristes.

Tout comme ces restaurants la ville séduit elle aussi, colorée, énergique, on voit dans chaque rue en contrebas les trainées des (très) nombreux taxis qui offrent de se mouvoir rapidement et pour un coût (lui aussi très) modeste ; on peut découvrir également une myriade de magasins encore ouverts la nuit. Ils contribuent à faire vivre la ville et montrent sa modernité et son cosmopolisme tout comme les enseignes lumineuses, les étals en pleine rue, les bars et autres mosquées qu’on apperçoit.

Sur l’autre rive (de droite à gauche), on voit celles de Yeni Kami, Sultanahmet Camii (ou mosquée Bleue) et évidemment Sainte-Sophie. La ville aux milles mosquées est un lieu obligé pour tout musulman qui part à la Mecque. Ainsi Istanbul sait exploiter la double facette de sa culture unique, à la fois lieu saint et touristique et se présente à ceux qui la découvre en vitrine de l’Islam. Débordant culturellement au dehors de ses frontières elle joue sur son attirance particulière pour les pays riches. Plus accessible que Bagdad, Riyad ou Beyrouth, elle est une porte d’entrée culturelle pour le Moyen-Orient.

Enfin un peu en arrière-plan, avec sa façade bleue, on observe le lycée Irkerk Lisesi qui forme l’élite turque, il possède une renommée internationale et accueille des élèves à la fois turcs et allemands. Il permet à ses étudiants de s’ouvrir sur le monde, il est une sorte de seconde porte -intellectuelle cette fois- pour ses étudiants.

Il est donc clair qu’Istanbul est un lieu de passage bien physique et économique mais également culturel, religieux et intellectuel pour ceux qui la traversent.

PS : La ville accueille également des manifestations plus discrètes mais contribuant néanmoins fortement à son dynamisme, le tag 1uP en bas à gauche étant la « signature » d’un groupe Berlinois à la renommée internationale.

Ramé Grégoire, HK Sainte-Marie Lyon