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Pourquoi faut-il « ré-orienter » l’histoire du monde global? Partie 6 – Le galion de Manille

Dennis Flynn et Arturo Giraldez est que la mondialisation débute en 1571 avec la fondation de Manille. Le comptoir érigé par les Espagnols aux Philippines sert à échanger l’argent des mines de Nouvelle-Espagne avec les préciosités chinoises (porcelaine, soie…). La mondialisation est née de la rencontre entre une réforme fiscale inévitable dans la Chine des Ming, abandonnant le système de papier-monnaie pour un étalon-argent, et la découverte de mines d’argent en Amérique. L’Espagne, en dominant le marché mondial de l’argent, devient l’un des principaux fournisseurs d’argent de l’Empire des Ming dans le dernier tiers du XVe siècle. En échange, les Chinois abandonnent volontiers l’or qui est considéré comme de moindre valeur. C’est grâce à ces échanges, portés par le célèbre « galion de Manille », que les Espagnols mènent une politique militaire vigoureuse en Europe. C’est le commerce d’argent avec la Chine qui explique l’hégémonie de l’Espagne pendant son Siècle d’Or.

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Pourquoi faut-il « ré-orienter » l’histoire du monde global? Partie 5 – La Grande Divergence

Kaoru Sugihara reprend le dossier de la grande divergence pour en donner une nouvelle chronologie et insister sur l’autonomie des pays comme le Japon. L’économie de l’Asie était beaucoup plus dynamique que celle de l’Europe jusque vers 1850-1870. C’est le fruit de deux voies de développement totalement différentes: le développement de technologies à forte intensité de main-d’œuvre (« labour-intensive technology ») en Asie et l’industrialisation à forte intensité de main-d’œuvre (« labour intensive industrialisation ») en Angleterre et en France. Ce n’est qu’après la défaite du Japon en 1945, avec l’occupation du Japon par les Etats-Unis et les aides économiques à la reconstruction du pays (plan Dodge) que les deux voies ont fusionné. Le Japon est devenu la première puissance industrielle et économique d’Asie; les substitutions des importations ont provoqué le développement de l’industrialisation; les délocalisations ont entraîné le « vol des oies sauvages » et les Nouvelles Economies Industrialisées (Singapour, Hong-Kong, Taïwan, Corée du Sud) et l’économie japonaise a eu les moyens de mener une conversion sectorielle vers les services et le développement des hautes technologies, qui font encore son succès aujourd’hui. 

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Pourquoi faut-il « ré-orienter » l’histoire du monde global? Partie 4 – La Chine et le système tributaire

Takeshi Hamashita décrit l’antériorité d’un système-monde asiatique en développant la notion de « région-monde ». L’Asie de l’Est aurait été, depuis la dynastie Han, un système-monde régional migratoire, tributaire et commercial dominé par la Chine. Il anime ainsi une multiplicité de semi-périphéries autour d’un système de don-contre don appelé le « chao-gong ». A partir de la fin du XVe siècle, seul le Japon post-ère Sengoku aurait été en mesure de se transformer en une semi-périphérie capable de concurrencer le centre chinois. Ainsi, quand les Européens pénètrent l’Asie de l’Est et du Sud-Est au XVIe siècle, ils entrent dans un monde déjà parfaitement organisé.

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Pourquoi faut-il « ré-orienter » l’histoire du monde global? Partie 3 – Histoire du capitalisme asiatique

Pour Giovanni Arrighi, l’Europe et l’Asie ont suivi deux chemins de développement différents; ils ont alors développé deux formes différentes de capitalisme et deux voies de prospérité. Le point de départ de cette création du capitalisme est lié au même phénomène: la déstructuration des réseaux commerciaux (la « route de la soie ») par les invasions mongoles au XIIIe siècle. L’empire mongol a constitué, pour la première fois, un système-monde eurasiatique. Mais la réponse de l’Occident méditerranéen à la transformation des relations commerciales a été très différente de celle des Ming à la même période. Si ces deux voies s’opposent sur bien des points, elles ont aussi fusionné au moment de la « rencontre » pour aboutir au capitalisme actuel, qui a donc une double origine et apporte une autre interprétation de la « Grande Divergence ».

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Pourquoi faut-il « ré-orienter » l’histoire du monde global? Partie 2 – La Chine dans le système-monde

Andre Gunder Frank dénonce l’eurocentrisme traditionnel qui amène les économistes, les sociologues et les historiens à se persuader que le capitalisme n’a pu naître qu’en Occident. Théoricien du « développement du sous-développement », il n’hésite pas à reconnaître la validité de sa théorie à tous les lieux et à toutes les époques. Pour lui, le système-monde n’a pas été mis en place au XVIe siècle par la naissance du capitalisme, tout simplement parce que les premières traces du capitalisme sont apparues dans le monde des cités-Etat du Croissant fertile vers 2500 avant l’ère commune. Le système-monde n’est donc pas âgé de 500 ans, mais de 5000 ans. Le centre s’est déplacé des plaines fluviales de Mésopotamie vers l’Orient et la Chine est rapidement devenue le nouveau centre. Les prédations britanniques en Chine au XIXe siècle (pendant les guerres de l’opium) ont provoqué l’effondrement de ce centre et une transition hégémonique vers la Grande-Bretagne impérialiste. Mais cette hégémonie a été temporaire; pour Frank, il est naturel que la Chine retrouve sa place sur l’échiquier mondial à la fin des années 1990. 

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Pourquoi faut-il « ré-orienter » l’histoire du monde global? Partie 1

William McNeill défend l’idée que la Chine est le centre du système-monde eurasiatique depuis l’an mil de l’ère commune. A la même l’époque, le monde chrétien est divisé par des querelles entre le jeune Saint-Empire Romain Germanique et la Papauté romaine; la Chrétienté provoque un schisme avec le Patriarche de Constantinople; la Méditerranée est de plus en plus parcourue par des flottes musulmanes qui menacent les intérêts des marchands italiens et des normands de Sicile; le monde musulman se divise entre 3 califats… La Chine, au contraire, assure une domination efficace sur toute l’Asie de l’Est continentale et insulaire. Les Européens n’ont accédé au même niveau de développement que les Chinois qu’au XIIIe siècle, après que les Mongols aient apporté en Méditerranée des connaissances et des technologies maîtrisées depuis plusieurs siècles en Asie. Le basculement se produit au début du XVIe siècle, au profit des Portugais qui pénètrent dans un océan Indien déjà très parcouru, mais par des flottes bien moins menaçantes.

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