(Source : Photographie de Roxane Lopez)

Cette photographie représente l’arrêt de bus de Fontenay Mauvoisin. Elle a été prise le jeudi 18 Novembre aux environs de 11h30. Fontenay-Mauvoisin est une commune périurbaine de 412 habitants, située à proximité de Mantes-la-Jolie, au Nord-Ouest des Yvelines en Ile-de-France.

Cette photographie peut se décomposer en 3 différents plans. Ainsi, au premier plan, nous pouvons voir une route, récemment réaménagée, possédant des marquages au sol dont un passage piéton et des tracés jaunes qui marquent l’arrêt de bus. Le second plan, s’établit de l‘abribus jusqu’à une place publique contenant des jeux pour enfants, une table de tennis de table et un terrain de pétanque. Enfin, le dernier plan, est caractérisé par une maison en pierre dont on devine l’extension à l’arrière par l’utilisation de matériaux différents de ceux de la construction originale.

Cette photographie permet de nous montrer l’une des principales centralités de cette commune périurbaine, l’arrêt de bus. Cet arrêt de bus, le seul de l’ensemble de la commune, dessert Magnanville et Mantes-la-Ville, ainsi que des communes périurbaines ou rurales à proximité de celle que nous étudions. C’est le cas par exemple des communes de Jouy-Mauvoisin et de Perdreauville. Ce bus anime les mobilités pendulaires caractéristiques des zones périurbaines, réalisées en majeure partie par des adolescents de 11 à 18 ans se rendant au collège ou au lycée situé en ville. Cette véritable « cabane » de bus, a été et reste encore aujourd’hui un lieu de rencontre pour les jeunes habitants de la commune. En revanche, la photographie ne permet pas de voir l’attractivité de cet espace. L’explication tient au fait que cet arrêt de bus est définitivement marqué par les horaires scolaires. Il se remplit en semaine le matin de 7h40 à 9h10 et le soir de 17h à 18h30. Ainsi en semaine, le midi, cette place est déserte. Malgré tout, durant les vacances scolaires ou bien le week-end c’est un espace de rencontre pour les jeunes, c’est le « coin de rendez-vous » puisqu’il se localise au centre du village. De plus, son architecture favorise le rassemblement de personnes car cette construction représente un réel abri et possède de larges bancs. Enfin, cet arrêt de bus a aussi une vocation, chez les adolescents, de liberté, on prend les transports, on s’éloigne de la commune vers un pôle urbain. C’est ce que nous expliquent Laurent Cailly et Rodolphe Dodier en 2007 dans La diversité des modes d’habiter des espaces périurbains dans les villes intermédiaires : différenciations sociales, démographiques et de genre, en écrivant, « Les adolescents, parfois à l’entrée au collège, plus sûrement à l’entrée au lycée, voient subitement leur quotidien réorienté vers la ville et leurs pratiques spatiales s’élargissent considérablement ». Le bus permet donc de découvrir d’autres horizons et d’autres personnes. Mais sa faible fréquence engendre l’enfermement des adolescents dans leur commune, étant donné qu’il s’agit de l’unique mode de transport en commun disponible.

La mairie a par ailleurs compris l’attractivité de cet espace en y développant à l’arrière, un espace public. Puisque comme l’explique Banos et Candau en 2006 dans Recomposition des liens sociaux en milieu rural, le périurbain souffre d’un manque d’espaces publics et donc de lieux d’interactions. Cet espace a pour vocation de développer, dans un lieu où prédominent les habitations clôturées, comme on peut le voir sur cette photographie, le lien social entre les habitants du village, en permettant leur rencontre. On y retrouve ainsi différents équipements pour tous les âges (pétanque, tennis de table, jeux pour enfants) dont l’objectif est de favoriser un lien intergénérationnel. Cependant, en raison de la proximité immédiate avec l’abribus, cet espace reste surtout fréquenté par des adolescents.

Par conséquent, j’ai choisi cette photographie car elle illustre finalement l’attachement à une place centrale dans un espace périurbain et le sentiment d’enfermement qu’on retrouve chez les adolescents. Cet enfermement est caractérisé par Laurent Cailly et Rodolphe Dodier, précédemment cités, comme le fait d’avoir la vie de notre groupe social dans un centre-ville difficilement accessible depuis un espace périurbain. J’ai par ailleurs souvent pu discuter avec d’autres adolescents, lorsque j’étais moi-même au collège ou au lycée hors de ma commune périurbaine, qui disaient ne pas vouloir habiter dans le périurbain (on ne parlait pas de périurbain mais de campagne) car il n’y avait pas cette ambiance qu’il y a en ville. Il y a donc un réel effort à fournir pour organiser un lien social et éviter l’enfermement des jeunes dans les espaces périurbains et, dans une plus large mesure, pour augmenter l’offre disponible en transports en commun.

Roxane Lopez, L3 Géo et aménagement / Magistère, Paris IV.