C’est la troisième édition de cet ouvrage témoignant de l’intérêt très important pour ce pays et de la rapidité des évolutions en cours. Comme toujours les Editions Autrement nous livre un Atlas très clair et d’une grande qualité pédagogique : concision et clarté du texte, précision des informations.
L’introduction énonce clairement les problématiques de la Chine actuelle : émergence de nouveaux pouvoirs malgré le Parti Communiste, les nouvelles contradictions issues des réformes : inégalités sociales, affairismes des autorités, dégradation de l’environnement et la place de la Chine dans le monde acteur devenu incontournable.
L’ouvrage se divise en plusieurs chapitres assez classiques :
L’héritage : ce chapitre replace la Chine sur le temps long avec chronologie et cartes à des échelles différentes. Notons dans cet ensemble très clair deux schémas sur les instances du pouvoir central et l’administration territoriale( p14) ainsi qu’un autre (p18) sur le rôle des « murs » de la cité interdite en passant par la maison privée à la Grande muraille de Chine qui permet de prendre la mesure de la culture spécifique chinoise.
Vers une société développée : ce chapitre montre les mutations rapides que connaît la Chine. Notons les pages originales sur les bouleversements du quotidien avec le plan d’un appartement à Pékin et un îlot résidentiel permettant de traduire concrètement les changements dans la vie quotidienne pour quelques uns. . Les pages « encadrement social et répression politique » permettent de repérer les lieux de rétention ces « goulag chinois » qu’on a parfois tendance à oublier ainsi que la répression contre le Falungong un groupe mystique pratiquant l’art martial bien connu en Chine le Qigong mais non contrôlé par le pouvoir central.
Un territoire globalisé : des pages intéressantes « recréer du lien » avec une carte sur les réseaux de transport terrestres permettant de prendre la mesure d’une évolution très récente de la Chine qui prend conscience de sa dépendance vis à vis des transports maritimes et cherche à créer ou recréer des routes terrestres comme en témoigne la nouvelle ligne ferroviaire transcontinentale de Lianyungang au nord de Shanghaï à Rotterdam.
La Chine des villes : un chapitre classique présente les trois grands centres urbains majeurs de la Chine : Pékin, Shanghai et Hong-Kong notons encore une fois deux pages sur la modernisation urbaine avec le plan d’une maison de thé à Chengdu dans le Sichuan lieu de rencontres et de convivialité traditionnel aujourd’hui atout touristique permettant avec des élèves d’approcher au plus près la réalité de la vie quotidienne en Chine.
Les périphéries : une question fondamentale pour le pouvoir chinois aujourd’hui : Tibet ,Xinjiang mais aussi Taiwan avec une très bonne carte permettant de travailler concrètement à toutes les échelles sur les rapports centre/périphérie.
Un acteur majeur de la globalisation : un chapitre donnant des outils intéressants pour les classes de terminales, et particulièrement celui sur la modernisation militaire, la Chine est passée d’une armée « de libération populaire » conforme à la doctrine maoïste à celle d’une armée moderne conforme à sa volonté de puissance, la partie sur les diasporas met en évidence à des échelles différentes le rôle des chinois d’outre-mer dans le rayonnement mondial de ce pays.
Nous avons donc un ouvrage qu’on ne peut que recommander pour les classes du secondaire mais aussi pour les étudiants des classes préparatoires ECS qui peuvent avoir au concours des sujets sur la Chine assortis de cartes à réaliser ou à commenter et enfin cette année la Chine est au programme de l’ENS Lyon. L’ouvrage privilégie l’analyse multiscalaire au cœur de la géographie et donc fortement recommandée aux concours des Grandes Ecoles…
Jean-Jacques Blain