Le Moyen Orient – 1876-1980 de Anne-Claire de Gayffier-Bonneville, Sylvia Chiffoleau, Norig Neveu, Matthieu Rey (Auteur) Atlande
Le 6 mai 1931 s’ouvre l’exposition coloniale installée dans le Bois de Vincennes à Paris. Le pavillon commun de la Syrie, du Djebel Druze, de l’État des Alaouites, du Sandjak d’Alexandrette et du Liban est conçu comme l’illustration de la mission civilisatrice de la France : écartant la modernisation économique et le développement, les organisateurs retiennent une participation des États sous mandat illustrant seulement l’enseignement, le tourisme et l’archéologie. Cette vision du Levant, tournée vers le patrimoine, l’archaïsme et la tradition, témoigne de la méconnaissance française des habitants et des territoires alors que les relations sont anciennes, mais n’ont pas donné lieu à une réflexion sur les relations à établir avec les populations confiées par la Société des Nations à la France.
I] Des relations anciennes
Entre 1831 et 1840, alors que le Liban est dominé par l’Égypte, des industriels lyonnais s’installent au Liban, et sont actifs dans le secteur du textile de la soie. Les changements sociaux s’opèrent avec l’émergence d’une bourgeoisie maronite. En 1840, l’émir égyptien est contraint de quitter le pouvoir ; les Maronites demandent alors au Sultan de confirmer un gouvernement maronite sur le Mont Liban et l’Anti-Liban.
Les Druzes sont opposés à cette évolution, et veulent conserver leur domination sur le Mont Liban, si bien que jusqu’en 1860 la situation est tendue. Des troubles confessionnels, malgré les Tanzimat qui reconnaissent l’égalité entre toutes les confessions, se déroulent à Damas, Alep, au Mont Liban. Des Maronites sont massacrés par les Druzes. Les troupes françaises interviennent pour protéger les Chrétiens.
En 1861, tout ce que la France peut obtenir pour le Liban, c’est le rétablissement d’une autonomie précaire, sous l’autorité d’un gouverneur chrétien assisté d’un conseil avec des représentants des différentes confessions, et sur le territoire restreint du « Petit Liban », réduit à 4500 km2 sans les ports du littoral (Tripoli, Beyrouth, Sidon, Tyr) qui constituent l’ouverture sur l’extérieur, ni la plaine de la Bekaa, le grenier à blé du pays. Avec ce texte, l’autorité sur le Mont Liban échappe à Constantinople, mais la viabilité économique du territoire est impossible.
C’est le début de l’émigration libanaise : cent mille départs, essentiellement des Maronites, soit le quart de la population, sont enregistrés entre 1860 et 1908.
D’autres estiment qu’Il faut renoncer à cette autonomie pour rejoindre le vilayet de Beyrouth ébauche d’une grande Syrie avec le Mont Liban. En 1908, ils estiment que cela va être possible, mais déchantent devant l’orientation touraniste des Jeunes Turcs. Les troisièmes pensent qu’il faut créer un Grand Liban indépendant. En fait, Vincent Cloarec I montre dans son livre que les Français abandonnent à regret le cadre ottoman dans lequel s’épanouissaient la Politique et l’influence françaises au Levant. Le changement place la diplomatie française dans des situations difficiles.
II] L’accord Sykes-Picot
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