Photographie de Damien Ravel

Cette photographie représente la gare SNCF d’Aubergenville-Elisabethville, respectivement commune et quartier périurbains du Nord-Ouest des Yvelines en Ile-de-France, et ce de nuit, aux environs de 20h un jour de semaine.

Elle s’organise en trois plans bien distincts ; au premier plan, une route, par ailleurs assez abîmée, sur laquelle le marquage au sol à gauche laisse entendre qu’un dos d’âne est en approche. Le deuxième plan, qu’on pourrait organiser le long du trottoir, met en perspective la multiplicité des usages d’une gare périurbaine, à savoir ; dans un premier temps, à gauche de la photographie, un abri bus avec une demi-douzaine de personnes patientant ; dans un deuxième temps, au centre, deux voitures garées, un arbre enraciné, mais surtout trois policiers en uniforme postés à la sortie de la gare ; enfin, la partie à droite du second plan de la photographie illustre le bâtiment de la gare avec son hall d’accueil, mais également une cabine téléphonique. Le troisième plan, moins visible, nous permet de deviner d’une part la voie de chemin de fer, mais également, à l’extrême-droite de la photographie, l’entrée ainsi que les ouvertures des premiers et deuxièmes niveaux d’un parking couvert de 500 places environ.

A travers cette photographie, nous découvrons une des principales centralités des communes périurbaines : la gare. Dans le cas de la gare aubergenvilloise, qui dessert par TER Mantes-la-Jolie dans un sens et Paris Saint-Lazare, moyennant trois-quarts d’heure, il serait bon de faire le lien avec les migrations pendulaires des résidents du périurbain, qui prennent ce train pour rejoindre leur lieu de travail à Paris ou dans la première couronne. Cette gare est donc fortement fréquentée. Or, la photographie ne l’illustre pas : les seuls usagers de transports en commun le sont pour le bus. L’explication est simple : la gare périurbaine est un espace de passage, qui se remplit et se vide au gré des horaires de train. La photographie fut donc prise dans cet instant « d’entre-deux trains ». De plus, l’idée selon laquelle cette gare semble déserte, y compris un jour de semaine, est renforcée par le fait qu’il fasse nuit. En effet, les perceptions négatives, que nous pourrions qualifiées d’insécuritaires, renforcées par la présence quasi systématique d’agents des forces de l’ordre au sein même de la gare, accroît la désertion de celle-ci lorsque son usage, ici de nous transporter de la métropole parisienne à notre habitat, est accompli. Pour prendre un exemple, l’insécurité peut prendre des formes très concrètes qui se matérialisent dans l’espace et a fortiori sur la photographie ; en effet, le cassis du premier plan, plutôt récent, fut installé conséquemment à la délinquance routière qui voyait des conducteurs rouler à toute allure sur la ligne droite devant la gare. En outre, ayant évoqué précédemment le mot centralité, la photographie illustre également une autre idée selon laquelle la gare polarise l’espace périurbain. De fait, la présence de lignes de bus mais aussi et surtout d’un grand parking fermé témoignent de la population usagère de cette gare, qui vient pour beaucoup de communes assez éloignées d’Aubergenville, parfois même à forte dominance rurale, et non-desservies par les transports en commun ce qui induit de facto l’usage de la voiture pour atteindre la gare.

En définitive, le choix de cette photographie illustrant principalement l’espace périurbain dans sa dimension « mobilités » me tenait particulièrement à cœur car je suis à titre personnel résident du périurbain francilien depuis toujours et usager de cette même gare ferroviaire et routière qui constitue mon espace vécu quotidien depuis dix ans maintenant.

Damien Ravel, L3 Géo et aménagement Paris IV