Photographie de Quitterie Hugon-Verlinde

Mai 2015, à Lyon.
Depuis les quais orientés plein Ouest, au niveau du 37 quai Saint Vincent, la Saône semble revivre et, à travers son paysage, offre un intéressant panorama de différentes politiques urbaines véritablement visibles.

Historiquement, la Saône est le lieu autour duquel s’est construite et s’est organisée la ville de Lyon. Interface d’échanges nombreux, elle était essentielle et accueillait toutes les fonctions majeures. Plus particulièrement, le quai saint Vincent, dont il est fait mention très tôt sur les cartes de la ville, a constitué un pôle plus important encore, puisque c’est là que les embarcations déchargeaient le grain et le vin. On peut donc parler d’une première politique urbaine d’aménagement des quais et ce dès le 11ème siècle avec la construction du pont du Change qui resta longtemps l’unique pont de la ville.

L’activité autour de la Saône va se poursuivre, mais décroît au XXème siècle au profit du Rhône. Dans les années 70, avec le départ du marché de gros, les quais sont alors abandonnés, et laissés aux voitures, exactement tel qu’on peut le voir sur la rive droite. D’autres parkings sont construits directement dans le lit de la rivière, stérilisant ainsi la rivière de ses usages du quotidien.
C’est à la même époque que sont construites les grands ensembles en arrière plan de la photographie qui marquent le paysage de manière tout à fait signifiante. L’heure est au rendement.

En 1998, les façades des quais de Saône sont classées au « Patrimoine mondial de l’Unesco » ainsi qu’aux Bâtiments de France. Le début de la politique de sauvegarde est en place. Les façades qui encadrent de part et d’autres les quais doivent donc se soumettre à des règles strictes même si certains immeubles ont bénéficié d’autorisations de construction en dépit de l’esprit d’unité des quais tels ceux de la rive gauche au fond.

Enfin, depuis 2013, a commencé une politique de réhabilitation des quais, ainsi qu’on peut le voir au premier plan, avec le projet Rives de Saône. Le contraste entre les quais à l’abandon et ceux remis en état est saisissant. Ce projet a pour but de relier, par une promenade piétonne, Confluence à l’Ile Barbe et Fontaines-sur-Saône à Rochetaillée-sur-Saône dans le cadre de la revalorisation des modes de transport doux ainsi que du développement durable.

Quant à l’activité fluviale en elle-même, on peut remarquer ici 2 types d’embarcations : une péniche destinée au transport de marchandises ainsi qu’un bateau de plaisance témoignant de l’activité persistante de la rivière. Cependant, celle-ci est à nuancer car elle reste limitée d’une part, et très liée aux conditions climatiques d’autre part, la Saône ayant des crues d’hiver spectaculaires qui peuvent empêcher toute navigation de longs mois durant.

Le paysage de la Saône offre donc un panorama que l’on pourrait qualifier d’historique en donnant à voir véritablement les évolutions de politiques urbaines allant de l’aménagement, l’abandon, la protection à la réhabilitation.

Quitterie Hugon-Verlinde, HK Sainte-Marie Lyon