Photographie de Julie Varin
Localisation :
Cette photographie a été prise au mois d’août 2013 en Indonésie, plus précisément dans le centre-ville d’Ubud. Cette commune de 8000 habitants, située dans les terres de Bali, est aujourd’hui considérée comme le centre culturel de l’île.
Description :
Au premier plan, assis et dos à l’objectif, on peut observer un jeune enfant balinais au sortir d’une journée d’école. Il porte un uniforme aux couleurs du drapeau national. Au second plan, le terrain de football habituellement mis à disposition de la Sekolah Dasar – l’école élémentaire – fait ici office de parking pour une petite dizaine de cars de touristes. A l’arrière-plan, on remarque la présence de l’imposant temple hindou Balai Banjar d’Ubud. La partie sacrée est à l’extrême gauche, reconnaissable par ses gedong, des autels spécifiques à chaque dieu. La partie profane occupe elle la majeure partie du bâtiment central.
Interprétation :
Toutes les écoles d’Indonésie imposent le port de l’uniforme. Cette mesure ayant été mise en place dans le but de mettre les enfants de tout milieu social sur un même pied d’égalité ne permet pourtant pas aux Balinais les plus pauvres d’accéder à l’éducation : le coût des uniformes de classe, de sport, et traditionnel demeure conséquent. Chaque école choisit les siens, mais le gouvernement en impose les couleurs selon le cycle de scolarité. Ceux des élèves de l’école élémentaire reprennent le rouge et le blanc du drapeau national. L’uniforme balinais porté par cet écolier trahit ainsi le bagage culturel présent dans quotidien balinais.
La présence de cars affiliés à divers tour-opérateurs sur le terrain de sport municipal montre la part que prennent les activités liées au tourisme, de loin le premier revenu de l’île, dans le quotidien des balinais. L’école dans laquelle l’enfant présent sur la photographie étudie déplace le lieu des cours de sport durant la période estivale, apogée annuelle des arrivées occidentales. Le tourisme fait vivre Bali, donc Bali vit pour le tourisme.
Le temple hindou à l’arrière-plan représente lui une synthèse des deux premiers.
D’une part, il possède en son sein des habitations et sert d’agora pour les riverains : on entre dans la salle commune par l’aile droite appelée kelod. Ce temple est ainsi ancré dans le quotidien local. Il demeure le théâtre de cérémonies religieuses, en tant que lieu sensé protéger la population des les mauvais esprits. On entre dans la partie sacrée par l’aile gauche appelée kaja, dépourvue de toit pour que les dieux puissent descendre du ciel lors des cérémonies en leur honneur.
D’autre part, il s’agit d’un monument très fréquenté par les étrangers car jouissant d’une décoration intérieure typique et proposant des spectacles de danse traditionnelle. Ce temple est donc également ancré dans le circuit touristique local.
Ce remarquable édifice est enfin le parfait témoin de l’omniprésence des temples dans cette province, ainsi que de l’architecture d’inspiration hindouiste dominante.
Intérêt :
J’ai choisi cette photographie parce qu’elle montre le vrai Bali, où la place donnée au tourisme empiète sur la vie quotidienne au point que les deux se mêlent parfois, comme c’est le cas ici. Pas de plage de sable fin, ni même d’étendue de rizières, mais un simple aperçu urbain. Mon choix a été conforté par plusieurs éléments visuels : la structure du cliché qui permet de facilement en distinguer les différentes parties, ainsi que les la présence d’un ciel très clair mettant parfaitement en valeur ces trois plans.
Julien Varin, HK/AL, Lycée Sainte-Marie de Neuilly