Ce cliché a été pris début juillet 2017 à Venise, depuis un pont qui traverse le Grand Canal. Venise est une ville de l’Italie du Nord qui s’est construite au fil des siècles sur la mer Adriatique. Placée au fond du golfe le plus profond de la Méditerranée, en bordure de deux grands fleuves italien le Pô et l’Adige, la ville bénéficia d’une situation privilégiée sur les routes d’échanges.

Au premier plan, on ne distingue pas moins de quatre navettes fluviales touristiques et plusieurs embarcations plus modestes que l’on aperçoit en train de naviguer sur le Grand Canal, qui constitue le principal axe de cette ville construite sur l’eau. Les déplacements sont ainsi majoritairement effectués par bateau. Amarrées à leur embarcadère de part et d’autre du canal, on retrouve également les très fameuses gondoles, véritables attractions particulièrement prisées par les touristes.

On peut également remarquer tout le long du canal les belles façades des bâtiments vénitiens, pouvant aller du vert pistache au jaune ou à l’ocre. Agrémentées de balcons , d’arches romanes, de portiques ou d’éléments décoratifs divers (dentelles de pierre, etc.), les fenêtres sont particulièrement travaillées. Nous avons ici un magnifique exemple du gothique fleuri avec la Ca’d’Oro  (bâtiment blanc au premier plan), typique des XIVe-XVe siècles. Les autres immeubles, moins anciens, ne sont pas très hauts et comptent globalement trois ou quatre étages. Cette certaine harmonie permet aux clochers et au campanile du deuxième plan de se détacher d’autant mieux au-dessus des toits.

On distingue ainsi derrière leur ligne, le clocher de la Basilique Santa Maria et d’une seconde église dans le lointain. À ceux-ci s’ajoute un campanile, construction typique des villes italiennes, reconnaissable par sa hauteur et sa forme, surmontée d’une « pointe », à gauche de l’image.

Cette photographie met en lien les causes de la prospérité de la ville mais aussi de son déclin. Le côté touristique de Venise est en effet largement visible grâce à la présence des nombreux monuments historiques qui constituent un patrimoine culturel extrêmement riche mais aussi grâce à la présence des gondoles qui font écho à l’image romantique très appréciée de la ville. Cet aspect est également perceptible grâce à la présence des navettes touristiques, qui traduisent concrètement l’afflux massif de voyageurs et l’attraction que Venise exerce. C’est donc bel et bien le tourisme qui assure la grande majorité des revenus vénitiens.
Cependant, le tourisme de masse est aussi à l’origine du déclin de la ville. Les très nombreux bateaux (900 par an), par leur passage quotidien, produisent des vagues qui font entrer de l’air dans l’eau, dégradant ainsi les pilotis de bois qui pourrissent et détériorent les bâtiment, fragiles de par leur ancienneté. À ce jour, sa survie reste une question ouverte qui remet quotidiennement en cause sa situation. Venise est en effet littéralement posée sur la boue et sa structure en bois qui date de plusieurs siècles est entièrement entourée d’eau.
La préservation de sa valeur inestimable est donc primordiale face aux risques naturels que la ville rencontre régulièrement (montée des eaux, inondations) et au nombre de visites, qui s’élève à 20 millions de touristes par an.

Combiner tourisme de masse et besoins du territoire n’est pas tâche aisée mais il paraît essentiel pour Venise de s’adapter aux exigences modernes.

Intérêt : si cette photo semble à première vue donner une image tout à fait typique, voire idyllique de cette ville mythique, elle permet néanmoins de prendre conscience du caractère vital que le tourisme a pour cette ville ainsi que, paradoxalement, les risques que celui-ci entraîne. Les navires de croisières géants sont une permanente menace pour la ville construite sur pilotis, ce qui entraîne une fragilité endémique : »La ville est usée » écrivait déjà Guy de Maupassant en 1855.

 Cette charge matérielle et logistique est pour Venise un fardeau qu’elle a de plus en plus de mal à assumer.

Le tourisme représente donc le fléau le plus dangereux pour la pérennité de Venise,  victime de son formidable pouvoir d’attraction. Stendhal avait ainsi lui-même qualifié la place saint Marc de « Salon de l’Europe » en raison de ses millions de visiteurs.

Venise demeurera sans doute une destination « inusable » en raison du pouvoir de rêve, de beauté et d’amour qui continuera de fasciner et d’attirer les masses si elle parvient à préserver son patrimoine en mettant en œuvre les mesures qui s’imposent.

Isaulde SAUTEREL
HK 2017-2018 Sainte Marie Lyon