Photographie de Sarah DEFOIN- MERLIN
Cette photographie a été prise au début du mois de mai 2014, depuis le campanile de San Giorgio Maggiore à Venise, ville de l’Italie du Nord qui s’est construite au fil des siècles sur la mer Adriatique.
Au premier plan, un bateau servant à la collecte des déchets s’engage dans le canal de la Giudecca. La pointe de la Dogana (la douane, qui est le bâtiment blanc à gauche au second plan) fait la séparation entre le Grand Canal et le Canal de la Giudecca, plus large et profond que le précédent.Le Grand Canal constitue le principal axe de cette ville construite sur l’eau.
Le second plan se constitue de l’ancienne douane sur le toit de laquelle sont installés des panneaux solaires et à côté de laquelle des pilotis sont visibles, rappelant ainsi que l’ensemble de la ville est supporté par ces pilotis, immergés dans la lagune.
Au troisième plan, nous pouvons observer le cœur de la ville de Venise et certaines de ses nombreuses églises – on distingue ainsi plusieurs clochers. A ceux-ci s’ajoutent un campanile, construction typique des villes italiennes reconnaissable par sa hauteur et sa forme rectangulaire surmontée d’une « pointe », comme l’illustre celui situé à droite de l’image. Nous voyons également au troisième plan les façades de palais bordant le Grand Canal. A droite, une station de vaporetto est visible, un vaporetto étant arrêté dans un sens et un second arrivant à l’extrémité droite de l’image. Au centre de la photographie, nous distinguons plusieurs gondoles, recouvertes d’un tissu bleu et amarrées à leur embarcadère. Le palais se situant juste à gauche de la station de vaporetto est un hôtel. Des bateaux de particuliers s’engagent dans ou débouchent du Grand Canal. La ville de Venise s’étend derrière. Les palais ne sont pas très hauts, ils comptent globalement trois ou quatre étages. Les clochers et le campanile que nous apercevons sur cette image se détachent d’autant mieux au-dessus des toits.
A l’arrière-plan, un paquebot de croisière et un second bâtiment de moins grande envergure sont visibles, ainsi que le port industriel de Mestre qui correspond à la partie « terrestre » de la ville, et dont on distingue notamment les grues.
Cette photographie illustre à la fois ce qui permet la « survie » de la ville mais aussi ce qui cause sa perte.
En effet, le côté touristique de la ville est largement visible, du fait des nombreux monuments historiques décrits précédemment ainsi que de la présence de gondoles,qui font écho à l’image romantique de la ville. Cet aspect est également perceptible par la présence du paquebot à l’arrière-plan, traduisant ainsi de manière concrète l’afflux massif de voyageurs dans cette ville. C’est bel et bien le tourisme qui assure la grande majorité des revenus vénitiens.
Néanmoins le tourisme de masse est aussi à l’origine du déclin de Venise. En effet, les paquebots participent à la détérioration des bâtiments, du fait des vibrations qu’ils produisent. En effet, les vagues entrainées par le passage des bateaux font entrer de l’air dans l’eau, ce qui provoque la dégradation des pilotis de bois, qui pourrissent. Ceci explique que le gouvernement ait interdit que ces paquebots mettent leur moteur en marche à proximité de la ville.
Mais c’est la situation même de la ville qui en empêche la pérennité. La présence des pilotis rappelle que la ville a été en grande partie construite sur l’eau et montre donc également que la ville doit faire face à différents problèmes, notamment lors de la montée des eaux (aqua alta) qui nécessite une organisation spécifique et paralyse la ville (inondations, trafic des bateaux très limité…). Un autre problème auquel Venise doit faire face est celui de la collecte des déchets. Puisque celle-ci se fait en passant par les canaux, elle est moins fréquente que par voies terrestres, laissant ainsi certaines poubelles déborder du fait de l’affluence de touristes autour des lieux hautement touristiques.
Venise tente toutefois de s’adapter aux exigences modernes et notamment écologiques, comme en témoigne l’installation de panneaux solaires sur la Dogana.
Intérêt :
Cette photographie qui semble, à première vue, être une photographie souvenir donnant une vue d’ensemble de la ville, permet en réalité de se rendre compte du caractère vital et de l’omniprésence du tourisme pour la ville, mais également des risques auxquels celle-ci doit faire face du fait de sa situation peu commune, et des difficultés économiques auxquels ils peuvent mener. En effet, même si, pour tenter de diminuer l’effet de l’aqua alta, des passerelles sont mises en place, cela ne résout pas tous les problèmes. Ainsi, ces aqua alta entraînent entre autres une diminution de la fréquence des vaporettos, ce qui est un véritable inconvénient pour les habitants de la ville voulant se rendre sur leur lieu de travail et n’ayant souvent aucun autre moyen de le rejoindre hormis ces vaporettos (seuls deux ponts enjambent le grand canal, et il faut de plus relier les îles de la lagune). Malgré la construction de digues dans le cadre du projet Moïse, Venise reste victime des aqua alta les plus fortes, qui sont en nombre croissant. Venise rencontre par ailleurs des difficultés dans la sauvegarde de la lagune, qui est de plus en plus polluée. Elle semble devenir un ilot de « tourisme disneylandisé » selon la formule empruntée à la géographe Sylvie Brunel.
Sarah DEFOIN-MERLIN, HK BL
Gabrielle LEGOURD, HK AL