Première partie : l’ascension de Mehmet Ali
L’histoire de l’Égypte contemporaine commence à proprement parler en 1801, avec l’arrivée de Mehmet Ali, membre du corps expéditionnaire ottoman venu combattre les Français que l’expédition d’Égypte conduite par Bonaparte avait établis sur les bords du Nil en 1798. L’expédition d’Égypte avait mis fin au système du gouvernement des Mameluks, et après l’échec de la France à s’implanter durablement sur les bords du Nil, la sublime porte cherchait à reconquérir son influence. C’est dans ce contexte que Mehmet Ali parvient à jouer sur la rivalité entre l’ancienne caste dirigeante de l’Égypte et l’autorité du sultan pour finir par s’imposer comme le grand réformateur du pays.
Élevé au rang de pacha d’Égypte il se met au service du sultan pour combattre les wahhabites qui s’étaient emparés provisoirement des lieux saints de l’islam. L’armée de Mehmet Ali commence à acquérir une réputation d’invincibilité et pour le fils aîné du pacha, Ibrahim, une certaine tendance à la férocité. Mehmet Ali se met également au service du sultan pour réprimer les velléités d’indépendance de la Grèce, et la flotte turque égyptienne subit un échec majeur en septembre 1827 lors de la bataille de Navarin.
Mehmet Ali se tire plutôt bien de ce mauvais pas puisque les Français et les Anglais négocient directement avec lui pour qu’il puisse se retirer sans dommage de la Grèce qui finit par accéder à l’indépendance en 1830.
Mehmet Ali est un grand réformateur, et cherche à construire un État moderne en s’appuyant sur les conseils techniques des Français, notamment pour mettre en place un système fiscal qui permet de faire rentrer dans l’assiette de l’impôt les terres qui avaient été affectées à des fondations pieuses et qui pouvait échapper à toute taxe. Mehmet Ali dont l’administration fiscale prélève essentiellement à l’impôt en nature transforme son pays en exportateur de produits agricoles et les revenus de l’Égypte servent d’ailleurs à la constitution d’une armée moderne encadrée par des officiers français comme Joseph Sève. Le Pacha remet en cause cette tradition ottomane de constituer une armée à partir de populations captives, les Janissaires étant à l’origine des esclaves, tout comme les Mameluks, pour constituer une armée nationale en enrôlant des paysans égyptiens. Toujours avec les ingénieurs français de la mission Boyer, envoyé cette fois-ci par Charles X, l’Égypte se dote d’une manufacture d’armes et même de chantiers navals pour reconstituer la marine détruite lors de la bataille de Navarin.
En même temps qu’il réorganise la ville du Caire, le pacha entreprend de vastes travaux d’aménagement de l’irrigation, un secteur vital pour le pays.
Enfin, Mehmet Ali s’engage dans la conquête des territoires du Sud, à la fois pour prendre le contrôle du Nil bleu, mais aussi parce que le pacha imagine le territoire soudanais comme particulièrement riche en métaux précieux. L’Égypte, tout en restant une province ottomane est également devenue une puissance coloniale.
Ces succès ne suffisent pas et en compensation à son investissement qu’il considère comme mal récompensé dans la défense de la Grèce, Mehmet Ali envoie l’un de ses fils, Ibrahim pacha, s’emparer de la Syrie. Le 21 octobre 1832 le grand vizir lui-même est fait prisonnier lors de la bataille de Konya Istanbul n’est plus qu’à quelques jours de marche. En 1833, le sultan, impuissant, appelle à son secours le tsar Nicolas Ier, ce qui évidemment perturbe les Britanniques et les Français qui voient d’un très mauvais œil cette pression russe vers la mer Noire et la Méditerranée. Ibrahim pacha et Mehmet Ali se voient confirmés dans leurs possession de Syrie, d’Arabie, et bien entendu d’Égypte. L’empire ottoman affaibli entre d’ailleurs dans la spirale des capitulations en mettant l’économie de la sublime porte sous la dépendance des Français et les Britanniques.
En 1839 le sultan décide de reprendre l’offensive contre son vassal, la bataille de Nizip est à nouveau un désastre pour l’empire ottoman et une fois de plus la route d’Istanbul est ouverte. Les puissances européennes entament donc des négociations avec Mehmet Ali pour qu’il se retire de Syrie en échange de l’hérédité successorale de sa famille sur le trône d’Égypte.
Le programme de l’agrégation interne commence effectivement en 1839, ce qui correspond aux Tanzimat sur l’empire ottoman.
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