Photographie réalisée par Albane Gauvain

Localisation : Entrée de la ville de Corte, située au centre du département de Haute-Corse.

Description : J’ai pris cette photo lors de la visite de la ville de Corte. Nous sommes sur la route menant à la ville, dans un premier temps, ce sont les panneaux que l’on voit immédiatement. Ils indiquent le centre de Corte, la ville de Castirla, et le musée de la Corse se trouvant à Corte. Montrant chacun une destination différente, on peut néanmoins observer un point commun entre le premier et le dernier panneau : pour tous les deux, le nom français du lieu a été rectifié en langue corse, ou bien barré. Seul le panneau indiquant Castirla n’a subi aucun dommage : et pour cause le nom de la ville est resté tel quel, ne pouvant être traduit en français.
Au-delà des panneaux, nous pouvons apercevoir au second plan, deux éléments typiques du paysage corse : le maquis, végétation dense, odorante et omniprésente dans cette région, puis les montagnes, que l’on peut observer en arrière-plan, et qui se révèlent toutes aussi imposantes que le célèbre maquis corse.

Interprétation : Cette photo est typique du nationalisme corse, qui, bien qu’il semble se modérer, demeure. Elle révèle le « rejet » de la langue française, symbolisant la revendication de la culture du peuple corse. A travers cette photo, est affirmée la volonté d’être indépendante, différente, bénéficiant d’un patrimoine précieux et identitaire : la langue corse, l’histoire de l’île, ses valeurs, c’est-à-dire les multiples facettes constituant son identité et sa particularité par rapport à ce que les corses appellent « le continent ». Pour rester dans l’exemple de Corte, et pour illustrer cette idée, lorsque j’ai visité la ville de Corte accompagnée d’un guide touristique, celui-ci a précisé que beaucoup d’écoles, encore aujourd’hui, proposaient une partie de l’enseignement en langue locale, que ce soit optionnel ou obligatoire.

Pour moi, cette photo représente donc réellement l’affirmation d’une culture locale commune au peuple corse, auquel ils sont toujours actuellement très attachés. Il faut souligner que ce nationalisme est bien plus présent et ancré dans le Nord de la Corse, et ce historiquement, que dans le Sud, où se trouvent les grandes villes touristiques d’Ajaccio, Porto Vecchio, ou encore Bonifacio.

Intérêt : J’ai beaucoup visité la Corse, et sur ma route, j’ai pu observer de nombreux panneaux ayant subis le même sort que celui-ci. Certains ont été également criblés de projectiles, mais il était bien plus fréquent de voir des panneaux dont la traduction française des villes était soit barrée, soit rectifiée par la langue locale. Ainsi, j’ai trouvé cette photo relativement révélatrice du nationalisme corse, qui même s’il a abandonné la lutte armée, reste toujours bien présent, et ce particulièrement dans le Nord de la Corse, région bénéficiant d’un flux touristique moins important que le Sud.

De plus, cette photo me semblait intéressante dans l’optique où elle montrait une autre facette du nationalisme corse, qui était plus la revendication d’une culture locale, et d’un patrimoine qu’une forme exacerbée du nationalisme, cliché et frôlant la discrimination, et qui a pris forme ces derniers jours avec les déclarations du Président du Conseil Exécutif Territorial, Paul Giacobbi. En effet, l’homme politique a émis le souhait de donner (le 17 août) « la Corse aux Corses », en limitant « l’accès à la propriété foncière en Corse pour les non-résidents ».

Il me semblait ainsi pertinent de se pencher sur la question du nationalisme corse, et en choisissant d’étudier les panneaux, et particulièrement en examinant cette photo, il était dès lors possible de comprendre sans a priori et sans exagération, ce que revendique les corses, et ce qu’ils veulent justement préserver.

Albane Gauvain, HK Lycée Sainte-Marie de Neuilly