L’ESSOR DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE A L’ÉPOQUE MODERNE.
Les fiches qui vont suivre entretiennent entre elles des liens divers : cela va de la différence radicale de point de vue, à la mise en résonance de pensées proches aussi bien dans le temps que par les rapports amicaux qu’entretenaient les auteurs dont les ouvrages sont l’objet de ce travail.
La période couverte va du début du XVIème siècle au premier XVIIème. L’objectif assumé, n’est pas de faire un cours d’histoire sur les bouleversements de la Renaissance, ni sur les rémanences de la pensée médiévale dans une période qui n’a pas autant qu’on le pensait jadis (et souvent même à cette époque) fonctionné sur le mode de la rupture. Il s’agit, tout d’abord dans un contexte de modifications politiques et économiques massives, de s’appuyer sur quelques œuvres de nos jours emblématiques qui ont accompagné, pensé, critiqué la mise en place des états modernes en Europe.
Ensuite et c’est là un point important, les textes qui seront présentés subissent, comme beaucoup de textes célèbres (on pense au Capital de Marx) le revers de leur succès. Nombreux sont ceux, journalistes, politiciens, étudiants en classe préparatoires, enseignants parfois aussi, se prévalant de la notoriété d’un titre et/ou d’un auteur, pour s’autoriser sans jamais avoir lu les œuvres des interprétations qui, pour la plupart, démarquent des études , études quelquefois compulsées, voire feuilletées. Fleurissent alors les lieux communs sur Le Prince et le machiavélisme, L’Eloge de la folie d’Erasme, ou L’Utopie de More pour n’en citer que quelques-unes.
Ce qui est proposé ici, sous forme de fiches, ne dispensant pas de la lecture réelle et attentive des textes, c’est une lecture personnelle, donc sujette à débat, voire à contradiction, d’œuvres dont l’ambition implicite ou explicite était de penser, dans un monde instable, les conditions à mettre en œuvre pour le gouvernement des hommes et l’établissement d’Etats efficients. Par conséquent capables de fonder la possibilité de l’équilibre et de l’équité entre le prince, l’appareil d’état et les strates de la société. De développer une diplomatie et des alliances réfléchies. De fonder une justice adossée à un corpus de droit solide.
Il n’est pas question de prétendre à l’exhaustivité : les penseurs du politique sont nombreux, et ce dès l’époque médiévale (ici lien sur l’article les Elites…). Ce serait une tâche immense, probablement vouée à l’échec et dont l’utilité risquerait de sombrer dans l’érudition et le détail. Ainsi, Jean Bodin (dates), ou Juan-Luis Vivès (dates) entre autres, bien que grands penseurs du politique, ne seront pas évoqués. Montaigne par la richesse et l’ampleur de l’œuvre d’une vie, Les Essais, fera l’objet d’un article postérieur et plus important par la taille.
Le premier texte abordé, bien que ce ne soit pas le premier chronologiquement, sera Le Prince de Machiavel. Pourquoi commencer par lui ? Parce que c’est une sorte d’axe, ou de repoussoir, qui permet de lancer des ponts, d’entamer un dialogue fructueux avec les autres penseurs. Suivront, L’Utopie de More et L’Eloge de la folie d’Erasme, pour la proximité de leurs réflexions. Puis les chapitres consacrés à l’abbaye de Thélème du Gargantua de Rabelais, dont on peut se demander en premier lieu, si c’est une utopie au même titre que celle de More et, en second lieu, si elle a vraiment ou pas une portée politique. Suivront Le Discours de la servitude volontaire de La Boétie, et, pour clore, le fameux Homme de cour de Baltasar Gracian.
Ces fiches seront construites de façon identique. Ne pas voir dans cette méthode une volonté de dogmatisme ni de tirage au cordeau de pensées souvent antagoniques. La volonté qui a prévalu, est celle d’une lecture structurée et d’abord simple. L’objectif recherché est triple bien que très modeste : permettre un premier contact entre un lecteur curieux de philosophie politique et des auteurs dont la lecture n’est pas aussi complexe qu’il y paraît, même si une apparence de facilité doit toujours s’accompagner en matière de concepts, de la prudence nécessaire ; proposer une lecture tout à fait personnelle de ces textes pour montrer qu’en dehors des contresens manifestes ou bien des égarements idéologiques, chacun peut s’approprier ces œuvres très connues, bien souvent par leur seul titre et ce qu’on croit en comprendre sans être allé au-delà de la quatrième de couverture; offrir des extraits tirés des traductions et des éditions récentes ou un peu plus anciennes (les références seront toujours citées).
Ainsi chaque fiche comportera une brève contextualisation historique et biographique, charge au lecteur de s’aider des nouvelles technologies pour approfondir ces aspects ; suivra une analyse de la structure des textes et de l’articulation globale de la pensée de chacun des auteurs ; en partie centrale, la réflexion personnelle de l’auteur de ces lignes permettra la mise en résonance, les parallélismes comme les lignes de rupture. Cette partie sera le lieu de l’approfondissement de la lecture, et y sera recherché le désir du lecteur de s’approprier lui-même les œuvres pour y développer sa propre capacité à l’interpretatio, ainsi qu’à la disputatio. Enfin, la dernière partie de chaque fiche sera la transcription de l’incipit ainsi que de l’excipit de chaque texte et comportera un ou plusieurs extraits.