I) A propos de Christophe Guilluy

Christophe Guilluy, est né en 1964. Il est diplômé en géographie urbaine à l’université Paris I-Sorbonne. Il est actuellement géographe et consultant auprès des services des collectivités locales et d’organismes publics.
Depuis 90, il travaille sur l’élaboration d’une nouvelle géographie sociale : il aborde dans ses travaux les problématiques sociales, politiques et démographiques que connaît la France, à cause de la forme de son territoire. Il s’est intéressé notamment à l’émergence d’une France périphérique.
Il travaille beaucoup sur la géographie sociale et sur la démographie du territoire. Il est le coauteur, avec Christophe Noyé, de L’Atlas des fractures sociales en France, parut en 2004. Son livre Fractures françaises, dont il est cette fois le seul auteur, est paru en 2010.

II) A propos de Fractures françaises : résumé du chapitre

Dès son introduction, Christophe Guilluy annonce son projet : le géographe veut montrer combien notre vision de la composition sociale de la société française est fausse, limitée et caricaturale. Christophe Guilluy explique qu’en fait, la vie politique, ainsi que les médias évitent soigneusement d’aborder le thème de l’insécurité, celui du multiculturalisme, ou celui des conséquences négatives de la mondialisation française, en évitant notamment de parler des couches populaires. Ne pas aborder ces sujets leur permet ainsi de montrer une société française société apaisée et sans conflit, avec une classe sociale majoritairement moyennisée. Cependant, cette vision est fausse explique Guilluy et tout au long de son ouvrage, se propose de montrer pourquoi celle-ci est erronée, ce qui va lui permettre de révéler l’évolution de la composition sociale et géographique depuis quelques années déjà : celle-ci est en effet mobile, et a bien changé depuis 20 ans. Pour cela, la problématique que Christophe Guilluy se propose de résoudre est la suivante : de telles évolutions observées dans la société peuvent-elles encore faire société ?

III) Les grandes idées abordées dans l’introduction

A partir de l’observation d’un fait divers (la manifestation à Belleville en 2010, qui s’est très vite révélée comme étant un affrontement ethnique) Christophe Guilly se propose d’étudier de plus près les inégalités sociales en France, ainsi que leurs évolutions. Les deux thèmes qu’il veut traiter plus particulièrement dans ce livre et qu’il annonce sont les suivants : le multiculturalisme et la mondialisation libérale, car ces deux thèmes ont en commun de n’être pas du tout abordés par la vie politique, ni même par les médias. L’intérêt de dissimuler les problèmes dus au multiculturalisme est de présenter la France comme une société apaisée, et masquer les inégalités sociales permet en quelque sorte d’assurer la stabilité du système. Christophe Guilly montre déjà dans son introduction que le fait que la classe populaire ne soit plus observée par les médias, permet d’évacuer la notion de conflit, entretenant dès lors le mythe d’une société moyennisée, apaisée, qui profite bien de la mondialisation, et métissée. Au-delà des apparences, il y’a pourtant une augmentation des conflits culturels par exemple, de plus en plus d’insécurité, et une hostilité croissante face à la mondialisation, ce qui est manifeste dans l’organisation du territoire.
A partir de ces constats, Christophe Guilly se propose dès lors de révéler les ressorts de la recomposition géographique et sociale : pour cela il se fixe d’abord l’objectif de montrer combien la présentation des rapports sociaux en France est fausse et caricaturale : il est nécessaire de rectifier la vision sociale de la France présentée dans les rapport officiels, la présentant comme divisée entre les exclus de la mondialisation, et la France moyenne qui, elle en bénéficie ; pour ainsi replacer la question sociale au cœur du débat, et non continuer de la dissimuler. Le second but du géographe est de redéfinir les contours de la nouvelle géographie sociale, en montrant la corrélation entre l’espace occupé par les classes populaires et leur statut, les révélant ainsi comme les grandes perdantes de la lutte « des places » depuis près de 20 ans. En pointant du doigt cette recomposition démographique, le géographe dévoile un écart qui se creuse de plus en plus entre les minorités et la majorité ce qui aboutit à une sorte d’insécurité culturelle, ce qui le mène à établir la problématique de son livre : ces évolutions qu’il a dévoilées permettent-elles encore de faire société ?

IV) Les critiques faites à Fractures françaises

Fractures françaises, lors de sa parution en 2010, a eu un certain succès critique, mais surtout un grand retentissement politique : plusieurs hommes politiques disent s’inspirer des analyses du géographe.

a) Critiques extérieures
Pour Jean-Pierre Costille, « c’est indéniablement un livre à lire », qu’il faut approfondir avec d’autres lectures, dans la mesure où il offre une autre analyse de la société française « considérant tout le monde ». (Source : la Cliothèque)

b) Mon avis personnel
J’ai trouvé l’analyse de Christophe Guilluy relativement lucide et très intéressante à étudier. En effet, le fait que celui-ci nous montre que la société française est en évolution et que notre vision de celle-ci soit erronée, permet d’avoir un point de vue plus global sur la recomposition sociale et démographique qui bouleverse aujourd’hui notre société. Il nous montre un tout autre point de vue de celui que nous sommes habitués à avoir sur les villes et la mondialisation : il étudie en profondeur la nouvelle répartition démographique et sociale de la société française ce qui est relativement intéressant. Néanmoins, j’ai parfois trouvé que ce livre était un peu trop critique envers les médias, ou encore la politique : Guilluy est presque un peu trop pessimiste. J’ajoute aussi qu’il est parfois un peu trop orienté, réglant parfois trop ses observations et analyse sur ses avis politiques.

Mais cependant, mon avis global reste plutôt positif : cet ouvrage nous permet réellement grâce à une analyse précise et relativement novatrice de comprendre la nouvelle composition sociale et démographique et les conflits qui en découlent. Je trouve que c’est un bon complément aux cours sur les mobilités ou sur les réseaux, dans la mesure où Fractures Françaises montre bien une analyse globale de la société, ce qui est nous permet d’avoir une vision assez globale et minutieuse de la nouvelle structuration de la société, mais également des effets pervers de la mondialisation et de l’insécurité, dont les médias et les politiques nous parle encore trop peu. Je trouve qu’il est encourageant que ce livre ait eu un retentissement politique important.

Albane Gauvain, HK AL, 13-14