Fiche de lecture réalisée par Laurence Morgane

La France des marges, Raymond Woessner (dir.), Atlande, 2016, Clefs Concours, Géographie des territoires, 364 pages – ISBN : 978-2-35030-381-9

Introduction : quelles problématiques pour les marges ?

Il s’agit de comprendre le territoire français par la notion de marge. La notion de marge renvoie à la normalité, sociale, géographique, historique, urbanistique…

  • La marginalisation, un phénomène qui prend de l’ampleur
    Le développement du libéralisme économique et la « légitimation des minorités » ont remis en cause le « mythe égalitaire  français », porté, par exemple dès les années 1980, par les lois de décentralisation censées rééquilibrer le territoire français.
    Le libéralisme économique provoque le processus de métropolisation et de désindustrialisation. Il rejette alors certains territoires et certaines populations qui ne s’y intègrent pas.
    L’autonomisation des minorités s’entend comme « le processus par lequel une personne ou une collectivité se libère d’un état de sujétion, acquiert la capacité d’user de la plénitude de ses droits, s’affranchit d’une dépendance d’ordre social, moral ou intellectuelle » (B.O., 26/01/2006. Elle induit de nouvelles pratiques spatiales, en marge de la norme.
  • La marge, un concept géographique original
    Le concept de marge renvoie à des finisterres, des confins, des périphéries, telles développées par R. Brunet dans les Mots de la Géographie ou P. George auparavant.
    Pas uniquement. C’est ce qu’affirme Jean-Jacques Bavoux, pour qui les marges renvoient à un entre-deux, un espace intermédiaire traversé par des flux mais représentant un obstacle. Le groupe RITMA (Recherche Interdisciplinaire sur les Territoires de marge(s), voir sur www.persee.fr) caractérise les marges comme une sorte de périphérie mais également comme une interface dynamique.
    « Ainsi, une marge est un espace faiblement polarisé mais influencé par deux pôles extérieurs au moins ». Elles peuvent être animées par des processus spécifiques.
  • Christaller revisité
    Revisiter la théorie des places centrales de W. Christaller peut se faire en appréhendant le processus de croissance de périurbanisation et par la dispersion des fonctions centrales métropolitaines en dehors de l’agglomération. Il se dégage alors deux types de marges : la marge d’entre-deux dans laquelle la ville peut représenter des villes portes et la marge d’angle mort où les villes sont victimes de l’effet tunnel. Dans ce deuxième type de marge, on peut citer l’exemple de Grenoble, écartée du corridor projeté Lyon-Turin.
  • La marge dans sa dimension multiscalaire et chronologique
    Le concept de marge doit être analysé à toutes les échelles et de manière chronologique face aux mutations géographiques.

La marge, quels acteurs ?

  • Le rôle de l’État
    Dans sa mission régalienne, l’Etat se doit d’encadrer ses territoires et plus spécifiquement dans une démarche de développement durable. Toutefois, les marges constituent un épineux problème pour l’Etat à toutes les échelles.
  • Les capacités du système politique endogène
    Le contexte de métropolisation provoque un phénomène de démaillage de l’armature urbaine des marges. Ces dernières peuvent devenir des centres si elles sont placées à équidistance de pôles, nécessitant alors des aménagements faisant intervenir plusieurs acteurs contraints de coopérer.
    Elles possèdent une organisation endogène propre mais faible et vivent alors très mal les fermetures de services publics.
  • Le rôle de l’entreprise
    « Les entreprises structurent le territoire : elles créent de la richesse économique et de l’emploi, elles génèrent des flux et des pollutions. Leur croissance comme leur déclin ont des impacts spatiaux considérables ».
    L’enclavement des marges semble être un frein à l’installation des entreprises, notamment lié à la mise en œuvre d’infrastructures de transport nécessaires au rayonnement des entreprises. Les SPL (Systèmes productifs locaux) résistent mieux dans les marges grâce aux coopérations des différents acteurs qui s’appuient sur les métropoles relais pour être connectés au marché mondial.
  • Le monde alternatif
    La marginalité spatiale se prête aisément à différentes formes d’expérimentation sociale : retraités, cadres supérieurs travaillant en télétravail, …
    Ainsi, une marge peut connaître la « gloire » lorsqu’elle devient une périphérie intégrée d’un centre. Mais elle peut également être délaissée.

D’une géographie à l’autre

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