Photographie de Florian Pépellin

Présentation

Sur cette photographie prise le 16 février 2007 à la station de sport d’hiver des 7 Laux en Isère apparaît une vue panoramique de la vallée du Grésivaudan, immense sillon alpin long de plus de 40 kilomètres, localisé entre le massif de la Grande Chartreuse et la chaîne de Belledonne, liant Grenoble et Chambéry. Ce paysage est typique de ceux que l’on peut observer dans les anciennes vallées glacières : son profil en auge (fond plat et parois escarpées) a été modelé par des phénomènes glaciaires et postglaciaires.

Situé entre le massif de Belledonne (son sommet culmine à 2977 mètres d’altitude) et le massif de la Chartreuse, le Grésivaudan offre un cadre grandiose : « à cause de ses terres riches et propices à la culture du blé, des arbres fruitiers et de la vigne », Louis XII, traversant le Grésivaudan en 1507, « enchanté par la diversité de ses plantations, par les chemins tortueux qu’y creuse la rivière Isère », l’appela « le plus beau jardin de France ».

Le Grésivaudan a été l’un des berceaux de l’hydro-électricité française (la houille blanche) : on trouve à Lancey (commune de Villard-Bonnot) les vestiges des premières hautes chutes construites par Aristide Bergès en 1869. L’hydraulique industrielle et l’énergie hydroélectrique ont été les moteurs essentiels de l’industrialisation précoce de la vallée (scieries, papeteries, aluminium, etc).

Permettant de circuler au cœur des Alpes, le Grésivaudan est un important axe de communication situé au carrefour entre l’agglomération grenobloise et la Savoie. Aussi, la vallée connaît une circulation très dense : autoroutes A41, A43, A48 et A49, routes nationales et départementales, voies ferrées vers la Maurienne et l’Italie le qui désengorgent tunnel du Mont Blanc.

La vallée abrite aujourd’hui des zones d’activités orientées vers l’innovation et la haute technologie : Inovallée à Meylan et Montbonnot et le pôle d’activités en microélectronique à Crolles (STmicroelectronics) et Bernin (Soitec).
La vallée du Grésivaudan est riche d’un important patrimoine historique et culturel. Elle offre en toute saison de multiples loisirs et activités sportives de tout niveau : baignade à la base de loisirs du Lac de la Terrasse et à la base de loisirs du Bois français, randonnées à pied, vélo ou à cheval dans la plaine agricole de l’Isère ou dans les coteaux de la Chartreuse, escalade (Via Ferrata de la cascade de l’Oule, Dent de Crolles, Croix de Belledonne notamment), découverte du patrimoine (Château du Touvet, Château de Serviantin, Fort Barraux, Château Bayard…).

Du fait de sa position entre deux massifs montagneux, la vallée joue un rôle important de corridor biologique et abrite de nombreuses espèces protégées notamment des chamois, des bouquetins et des meutes de loups.

Description

Ce qui est intéressant, c’est que cette photographie est constituée de trois plans distincts, chacun illustrant une caractéristique singulière de cette vallée.
Au premier plan, on observe le Pic de la Jasse située au cœur de la station de ski des 7 Laux, en contrebas de la Cime du Pra. Il s’agit d’un massif cristallin parsemé de hameaux pittoresques et abritant une végétation alpestre en voie de disparition, principalement des conifères. Le bois en provenance de la Chartreuse est protégé et bénéficie depuis 2001 de l’appellation AOC qui permet de réguler son commerce. La station des 7 Laux a été bâtie dans les années 60 suite au « boom » économique de l’or blanc qui suivit les jeux olympiques d’hiver de 1968 organisés à Grenoble.

Au deuxième plan, on observe la vallée du Grésivaudan sur près de 20 km. On distingue particulièrement bien, au centre de la photographie, le Mont Saint-Thénard qui se trouve à l’opposé de la vallée et qui présente l’inconvénient d’empêcher l’air de s’élever ce qui retient la pollution au fond de la vallée, faisant de l’agglomération grenobloise l’une des plus polluées de France. A gauche, au second plan, on distingue les faubourgs de Grenoble ainsi que la nappe de pollution qui enserre la ville. Sur la droite, on remarque le technopole de Meylan, l’un des principaux employeurs de la vallée, spécialisé dans le nucléaire, en coopération avec le CERN et l’Ecole Centrale de Grenoble.

Enfin, au troisième plan, on a une vue dégagée sur le massif de Chamechaude (2082m, massif enneigé au centre) et la Dent de Crolles (2062m, massif enneigé sur la droite) qui font le bonheur des randonneurs et des spéléologues amateurs de la région notamment grâce à la présence de nombreuses failles, et constituent un lieu de promenade et de détente privilégié pour les Grenoblois.

Intérêt géographique

J’ai choisi cette photographie principalement pour deux raisons.

Premièrement, l’impression de sérénité et la douceur qui se dégage du paysage représenté est très impressionnante. C’est un paysage sauvage qui donne une vue rare sur l’agglomération grenobloise et la vallée du Grésivaudan, vieux bassin minier en reconversion dans les nouvelles technologies. Ce panorama invite à la découverte de la région tous les amoureux de la montagne, ou tout simplement ceux qui souhaitent se ressourcer loin du tumulte urbain.

Deuxièmement, cette photographie illustre bien à quel point les alpages sont menacés par l’activité humaine. L’agglomération grenobloise est l’une des plus polluées de France et cette pollution est dévastatrice pour la végétation alpestre et sa biodiversité. La vallée du Grésivaudan, située au carrefour entre la France et l’Italie, entre les Alpes du sud et les Alpes du nord, est un axe de transport et de communication très fréquenté mais qui gagnerait à être désengorgé ne serait-ce que parce que cette photographie illustre à quel point la vallée est étroite.

Victor Jacquemont, HK BL’ 2013 au lycée Sainte-Marie de Neuilly