L’Afrique, qui apparaît aujourd’hui comme un continent jeune, s’apprête à connaître un vieillissement démographique important, incomparable à celui connu par les pays développés au 19 ème et 20 ème siècle et prévisible à la vue de l’allongement de l’espérance de vie et de la baisse de la fécondité. Ceci représente un défi social crucial sur un continent où la population âgée va quadrupler en moins de 40 ans, et où les structures actuelles balbutiantes voire inexistantes ne sauraient le supporter. Les solidarités privées et intergénérationnelles ne pourront faire face à cette évolution sans le soutien de politiques publiques adaptées, à mettre en place.
Cette étude sur l’évolution de la population africaine à été faite par Valérie Golaz, démographe et chargé de recherches pour l’Institut National d’Etudes Démographiques, également par Laurent Nowik, démographe dont les études ont porté sur le vieillissement démographique mais aussi sur l’habitat et les personnes âgées. Enfin Muriel Sajoux économiste et démographe a également contribué à cette étude.
Dans un premier temps, il s’agit de faire le bilan de la situation démographique actuelle : la population des moins de 15 ans représente 40% de la population africaine totale, soit près du double de la proportion observée à l’échelle mondiale. Ce constat est à mettre en opposition avec l’évolution estimée de la proportion des plus de 60 ans, au cours des 40 prochaines années, qui devrait doubler pour atteindre à terme le quadruple du nombre actuel de personnes âgées en Afrique. Le changement démographique qui se dessine va donc être brutal.
Or les conditions de vie des personnes âgées risquent de chuter. Actuellement, il n’existe pas de système de retraite au sens occidental du terme, et moins de 10% des personnes âgées peuvent prétendre à une pension retraite. En outre, de fortes disparités apparaissent, qui défavorisent les femmes ainsi que les populations rurales. Des tentatives apparaissent pour améliorer la couverture des systèmes de pension, avec la mise en place de systèmes de pensions non contributives par exemple. Mais dans tous les cas, les montants des pensions ne constituent pas un apport suffisant pour pouvoir vivre décemment, et ainsi plus de 30% des plus de 60 ans continuent d’exercer une profession. Et lorsque l’état de santé ne permet pas cette option, seul le réseau familial peut venir en aide à la personne âgée, et sa capacité à l’accompagner et à lui donner accès aux soins reste très restreinte.
En effet, à la carence de pensions retraites vient s’ajouter le manque de couverture sociale. Les besoins en matière de santé augmentent avec l’âge, et pourtant, près de 70% des personnes âgées ne bénéficient d’aucune couverture sociale (et la proportion augmente en milieu rural, ainsi que pour les femmes). De plus, l’accès aux soins, même lorsque ceux-ci sont gratuits reste très difficile.
Jusqu’alors, les familles se devaient de répondre aux besoins de leurs aînés dont le statut social était valorisé et il existait une sorte de gérontocratie qui leur inculquait ce devoir. Mais l’Afrique évolue, et les jeunes générations tendent de plus en plus à s’émanciper de leurs aînés. De plus, l’exode rural, la diminution des ressources foncières, l’augmentation du coût des logements, ou encore des dépenses accordées aux études pèsent sur le budget des familles.
Ainsi, il paraît évident qu’avec le vieillissement démographique imminent, couplé à une transformation des modes de vie, les familles ne pourront faire face aux besoins spécifiques grandissants de leurs aînés sans aide. Pour les Etats africains, il s’agit de trouver la complémentarité optimale entre dispositifs publics et solidarités privées pour relever le défi qui se profile. Il faut parvenir à consolider les dispositifs existants, travailler à leur extension, et permettre aux solidarités familiales de perdurer. Tous ces efforts faisant parties intégrantes d’un investissement social nécessaire.
Durant la lecture de cette étude qui met en perspective le vieillissement de la population en Afrique ainsi que les défis auxquelles elle devrait faire face, j’ai beaucoup appris sur sa population illustrée de manière très claire par les graphiques. En effet on ne se rend pas assez compte que l’Afrique est un continent qui va connaitre dans les années à venir un problème majeur face à sa population de plus en plus vieillissante. Les autorités actuelles ne font pas tout le nécessaire pour y remédier et se retrouveront face à un problème majeur, qu’ils devront gérer en catastrophe. Cette étude permet donc à bons nombres de lecteurs de prendre conscience de ce que la population africaine est en train de vivre actuellement et quelles en seront les conséquences dans les années à venir tant au niveau sanitaire qu’au niveau démographique.
Saaida Ouriachi ©Les Clionautes