Région morcelée par les conflits et par des frontières souvent contestées, le Moyen-Orient arabe est aussi un espace où le sentiment d’appartenance à un même monde est particulièrement prégnant. Cette impression, née d’une parenté linguistique, historique et religieuse et nourrie par la circulation des personnes, la diffusion d’une même culture populaire et l’existence de médias transnationaux, s’est concrétisée au 20e siècle dans deux foyers idéologiques structurants : l’arabisme culturel et le nationalisme arabe.

Parler du nationalisme arabe ou de l’arabisme revient à déborder les frontières des États nations et, dans le même temps, les inclure dans un ensemble plus vaste qui va du Maroc à l’Irak, pour, enfin, les distinguer entre eux : par territoires, par dialectes, par provinces, par strates chronologiques. Car dans la nation arabe, il y a des langues différentes(toutes cousines lorsqu’elles sont arabes, de parenté plus complexe pour le syriaque, l’arménien ou l’araméen, le plus souvent enrichies d’apports multiples venus de tous ceux qui passèrent par ces terres…) ; il y a des filiations historiques plus ou moins continues et toujours multiples, des pharaons aux Phéniciens et aux Carthaginois, en passant par les civilisations qui se sont succédées en Mésopotamie.

La complexité de ce territoire ne se résume donc pas à une période, par ailleurs fort brève, de proclamation d’une unité nationale arabe, favorisée par la désignation d’ennemis à affronter (les États impérialistes européens, l’État d’Israël) et par l’effondrement d’autres cadres de références (l’Empire ottoman, le califat, la Méditerranée des échelles du Levant, etc.). C’est plutôt un moment du 20e siècle, auquel on peut trouver des définitions mouvantes et complexes, des origines, et peut-être une fin. Ce que l’on appelle le nationalisme arabe, et dont il convient de situer l’âge d’or dans les années 1960, a, selon l’expression de Henry Laurens, « toujours été en crise ».

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