Le but de cette présentation est de tenter une évaluation du jeu sur les statuts et les identités en Égypte, à une époque où l’ordre ottoman, fondé sur l’encadrement communautaire, n’en finit pas de disparaître, pour céder la place à un ordre national qui, se voulant plus égalitaire, ne reconnaît que des individus, des citoyens.
Cet ordre juridique ottoman, lui-même tardif, s’effondre en trois étapes: par la définition positive d’une citoyenneté (1926-1929), dont la mise en place crée une ligne de fracture interne aux communautés, exclut en même temps qu’elle fédère ; par l’abolition des capitulations (1937), privilèges conférés aux étrangers et devenus insupportables à l’Égypte indépendante ; par la dissolution des juridictions confessionnelles (1955), clef de voûte de l’organisation communautaire.
C’est au cours de ce demi-siècle que se précise et se fige la frontière entre « égyptien » et « étranger », et que se définit le statut personnel égyptien. Tout au long de cette période, des textes de loi règlent le sort des anciens sujets ottomans pour entériner leur exclusion ou leur assimilation. On aurait tort de croire que seules les communautés juives et chrétiennes étaient visées par cette formalisation juridique. Bernard Botiveau a montré que dans l’entreprise de codification, dans la création d’institutions et de filières de formation s’affirmait la volonté de « réduire l’écart existant entre les nombreuses législations de statut personnel et d’identifier un fonds commun de pratiques supposées acceptables par l’ensemble des citoyens ».
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