Situé sur la côte Atlantique, dans la baie Bourgneuf, le passage du Gois est devenu un véritable symbole de la Vendée. Cartographié pour la première fois en 1701, le Gois est une chaussée submersible longue de 4,2km qui relie Beauvoir-sur-mer à Barbâtre, une commune de l’île de Noirmoutier. Le Gois est situé à la jonction de deux courants. En effet, il est à l’emplacement même d’une ligne de séparation des eaux, qui divise les deux versants de la baie de Bourgneuf.
Cette photographie représentant le passage du Gois a été prise le 3 août vers 20h alors que la marée descendait. Il se dégage de ce cliché trois plans. Au premier plan figure la chaussée couverte par la marée, délimitée par des piquets et signalée comme un danger aux bateaux par une balise cardinale ouest, jaune et noire. Au second plan, apparaît nettement un refuge qui permet aux passants d’éviter de se faire piéger par la marée haute et qui offre un beau point de vue. On note également une voiture sur la chaussée et, plus à droite deux silhouettes qui sont probablement des pêcheurs. Enfin, au dernier plan on peut distinguer deux autres refuges et de nombreux véhicules. Ainsi, les bordures de la chaussée constituent les lignes de fuite de la photographie et la ligne d’horizon est marquée par la ligne qui sépare le ciel de l’océan. Les piquets et les refuges forment des lignes de force verticale.A gauche, des vagues amènent du mouvement et une certaine dynamique dans cette photographie qui est pourtant instantanée. La marée est descendante mais l’eau est assez basse pour que voitures et pêcheurs puissent traverser la route.
Ainsi l’accessibilité du Gois est déterminée par les marées. A marée haute, la chaussée est immergée sous les eaux de l’océan Atlantique, tandis qu’à marée basse, la mer s’étant retirée, le Gois se découvre ainsi qu’une large étendue de sable. En effet, cette chaussée submersible a été construite sur l’estran. Il est conseillé de ne circuler sur le Gois que dans un intervalle d’une heure et demi avant et d’une heure et demi après la basse mer. Pourtant le Gois est découvert dans un laps de 4 à 5 heures. Le bulletin de l’Association de Géographe Français a publié en 1957, dans son 34ème volume un article intitulé Recherches morphologiques sur la baie de Bourgneuf dans lequel il est noté que ce laps de temps est inférieur à ce qu’il devrait être si « la courbe de marée suivait la sinusoïde ». En effet dans ces conditions, le Gois devrait être à découvert pendant en moyenne 6h et 12 minutes. Les géographes, auteurs de cet article, établissent plusieurs hypothèses dont l’une serait que « le courant de flot venant du Nord l’emporte sur celui du Sud » ce qui modifierait l’emplacement de la ligne de séparation des eaux et une modification du jusant.
D’autre part, lorsque la marée est basse, Noirmoutier devient une presqu’île et non plus une île puisque le passage du Gois constitue un réseau physique qui relie Noirmoutier au continent. La continuité entre ces deux territoires rend Noirmoutier accessible et agit comme une véritable interface par laquelle transitent des flux de populations, notamment touristiques, mais aussi et surtout des flux de marchandises. En effet, le Gois permet l’exportation vers le continent de produits du terroir comme le sel, les pommes de terre et le fruit de la pêche. D’ailleurs le passage du Gois favorise aussi l’implantation d’activités économiques comme la conchyliculture dans la baie de Bourgneuf. Ce sont tant les professionnels que les amateurs de pêche à pied qui s’y rassemblent à marée basse.
Outre, la pêche et l’accessibilité qu’elle permet à Noirmoutier, les paysages qu’offre le passage à différentes heures de la journée et sa biodiversité (aigrettes, hérons, ibis, cigognes noires) constituent de réelles ressources qui attirent des touristes, des géographes, des éthologues et des écologues. D’ailleurs le président du Tour de France, Christian Prudhomme qui souhaite faire découvrir aux téléspectateurs le patrimoine naturel et historique de la France, a décidé que le grand départ de la course 2018 aurait lieu à Noirmoutier et que les cyclistes passeraient par le passage du Gois qui selon lui « fait précisément partie des endroits qui fascinent ».
A la lecture de notre sujet, le passage du Gois que je connais bien m’est apparu comme une évidence, parce que c’est un paysage exceptionnellement beau et extrêmement rare. Preuve de son inestimable valeur, le Gois est en passe d’être classé site d’intérêt national.
Emmanuelle AZOULAY, HK 2017-2018, Sainte-Marie Lyon