Rappel. La fiche 1 est consacrée au Prince de Machiavel.Retour ligne automatique
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Thomas More. L’Utopie ou traité de la meilleure forme de gouvernement. 1516.
Edition utilisée pour la présente fiche : GF Flammarion. Traduction de Marie Delcourt. Présentation et notes par Simone Goyard-Fabre, professeur à l’université de Caen. Publié avec le concours du CNL. Edition de 2011. 248 p. 5,80 €.

Remarque sur l’édition utilisée : cette édition peut constituer un bon outil de base. Le texte est précédé de repères chronologiques et d’une longue et pertinente introduction très structurée. Les notes sont en fin d’ouvrage, mais apportent un éclairage et des informations qui aident et complètent utilement la lecture.
I LE CONTEXTE :

1478-1535.Retour ligne automatique
Une traversée diagonale de l’Europe va nous emmener des conflits en Italie, au royaume d’Angleterre tout d’abord, puis dans les actuels Pays-Bas. L’amitié indéfectible que se sont voués Thomas More, le cadet et Erasme l’aîné, s’est tissée autour de rencontres entre les deux hommes, sollicités par les princes pour des missions diplomatiques et commerciales. Cette amitié entre deux tempéraments différents mais aux sensibilités humanistes communes est tissue de connaissances conjointes : des hommes moins connus, éditeurs, membres des autorités des cités.

Pierre Gilles, particulièrement, auquel More s’adresse par un artifice littéraire très courant à l’époque, au début de l’Utopie, est un éditeur qu’ont eu en partage Erasme et More. Il fut leur hôte et c’est dans cette ambiance de Flandres prospères que More écrivit l’Utopie, conseillé par son ami Erasme. Le livre parut en Flandres en 1516, et est donc à peu près contemporain de l’achèvement mais pas de la publication du Prince de Machiavel. Il ne sera traduit en anglais qu’en 1551, après l’avoir été en allemand, en italien, puis en français.

La carrière politique de Thomas More a été longue, et ce, en dépit de la répression que subit le père de Thomas de la part d’Henri VII. De 1504 à 1535, Thomas More, avocat, homme de droit et pieux catholique, gravira les échelons du pouvoir, jusqu’à son exécution, ordonnée par Henri VIII en 1535.

En 1509, c’est le couronnement d’Henri VIII, souverain à la sensibilité humaniste (comprendre, vu le galvaudage du mot, cultivé, réformateur, mettant l’homme au cœur de son dispositif politique et de justice). Après la destitution du cardinal Wolsey, More, jusque-là membre du Parlement de Londres et au service dudit cardinal, sera nommé au conseil privé du roi, en qui il met tous les espoirs de justice sociale et économique. Il accomplira des missions diplomatiques et commerciales pour le souverain et entrera ainsi en relation avec Erasme, notamment en 1515.

En 1521, il devient trésorier, puis « speaker » du Parlement. En 1525, il est promu chancelier du royaume. La durée de son office sera entre autres consacrée à une lutte inflexible contre les thèses de Luther. L’Utopie donne un visage bien différent de son idéal politique. Mais il est vrai que la naissance de la Réforme se fit dans des circonstances qui ne pouvaient qu’excéder les limites intellectuelles et sensibles de la tolérance de More.

C’est à partir de 1527 qu’il entrera en conflit avec Henri VIII : il est opposé à la sécession de l’église d’Angleterre vis-à-vis de la papauté, et, par voie de conséquence, il refusera de signer l’annulation du mariage du roi, et considérera son remariage comme illégitime. Inutile de revenir sur la réputation légendaire de ce souverain devenu, à force de calcul politique et de sens de l’intérêt de l’Etat, une sorte de Barbe bleue historique. Le roi, qui a conscience des compétences de son chancelier, acceptera néanmoins sa démission en 1532 (hasard, année de la publication du Pantagruel). La carrière de More s’arrête là. Accusé de trahison par le roi, emprisonné, il subira la décollation en 1535.

Thomas More offre un visage politique à ce qui sera désigné plus tard par le terme « humanisme ». Il s’est intéressé à sa charge, bien entendu, donc à la chose politique. Mais le droit et la justice, notamment sociale, ont été des préoccupations incessantes pour ce catholique imprégné du message évangélique et de l’idéologie ecclésiale. Curieux de tout, il connaît les pièges de la cour, mais aussi les bas-fonds de Londres, les relations très tendues entre noblesse, ou bourgeoisie en quête de biens fonds, et les paysans. Il vit les conflits en Italie comme autant de terrains d’affrontements pour les puissants souverains européens, dans le cercle desquels Henri VIII essaie constamment d’entrer. Il se pose des questions, lui, homme encore tout imprégné d’une mentalité médiévale, sur l’individualisation inexorable à l’œuvre, individualisation qui est liée aux premières manifestations d’un capitalisme marchand ; à la fois créateur de richesse, mais qui détourne le lien social et les solidarités économiques au profit de quelques spéculateurs.

Enfin, il se passionne pour les techniques nouvelles, pour les découvertes scientifiques et pour les voyages au long cours qui élargissent l’orbe terrestre et posent en termes nouveaux la question de la civilisation, jusqu’alors centrée sur l’opposition entre christianisme et islam.

La suite du cours est réservée aux adhérents des Clionautes

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