Au Brésil, l’un des pays les plus inégalitaires du monde, la population rurale ne représente plus que 14% des 206 millions d’habitants, mais la réforme agraire est toujours à l’ordre du jour. Un million de familles en ont bénéficié au total, pour une superficie de 87 millions d’hectares, dont près de 60% sous les mandatures du Parti des Travailleurs, de « Lula », président de 2003 à 2011 et de Dilma Rousseff, qui lui a succédé de 2011 à 2016. On attribue ces succès à l’activisme du Mouvement des Sans Terres (MST), créé en 1984, mais on peut s’interroger sur leur efficacité dans le contexte actuel de mondialisation et de mise en concurrence des territoires. La part de l’agriculture est passée de 20% du PIB du pays en 1980 à 5% aujourd’hui et, si l’emploi agricole représente encore 15% des actifs, il se décompose en une agriculture familiale qui représente 8 exploitations sur 10 réalisant seulement 30% de la valeur de la production agricole. Plus de 60% des familles paysannes sont considérées comme pauvres et les deux tiers comme très pauvres. Si 20% de la population nationale est considérée comme vivant au-dessous du seuil de pauvreté, ce seuil s’abaisse à moins de 10% dans les aires urbaines les plus développées du Sudeste et du Sud du pays, proches des standards des pays du Nord donc, mais s’élève à 35% en moyenne pour les populations rurales et peut dépasser 60% dans les régions les plus déshéritées du Nordeste et de l’Amazonie. Au total, le bilan de la réforme agraire est peu probant. De nombreux assentamentos, les lotissements sur lesquels sont installées les familles, ne sont que des « favelas rurales », a reconnu récemment le ministre de l’agriculture. L’accès à la terre a certes permis aux assentados, les membres des assentamentos, d’améliorer leurs revenus, mais beaucoup d’entre eux dépendent encore des aides publiques. En mars 2015, la manifestation annuelle du Mouvement des Sans Terres n’a réuni que 25000 personnes dans tout le pays, ce qui donne à penser que les inégalités rurales ne sont plus la problématique essentielle de cette puissance émergente.

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