L’analyse des quatre rapports du jury des sessions 2015 – 2018 permet de prendre une vue longue du concours de l’agrégation interne d’histoire et de géographie. En quatre ans, ce sont 7216 inscrits, 963 admissibles et 455 admis qui composent une population statistique suffisante pour dégager de grands traits de ce concours, lequel s’adresse à des professionnels, à des fonctionnaires en activité, à des collègues. Professionnel, il l’est en quelque sorte intrinsèquement. L’écrit et l’oral du concours sont conçus, définis et mis en oeuvre dans cet esprit. Le mérite, qui seul permet une inégalité juste, est le fondement de ce concours.
Il s’agit, dans le même temps, d’une agrégation et à ce titre, le jury attend des candidats qu’ils fassent preuve non seulement d’une excellente connaissance des questions au programme, mais aussi d’une très solide culture générale historique, géographique et civique. C’est ce que montre la composition du jury, associant inspecteurs, enseignants des classes préparatoires, enseignants du secondaire et enseignants de l’enseignement supérieur, permettant la dimension de la double correction à l’écrit et la tripartition des commissions à l’oral.
Ces éléments, avancés dès l’avant-propos du rapport de la session 2015, sont toujours d’actualité, comme le montrent les analyses de ces quatre années. Ce concours est d’autant plus important que les enseignants qui le réussissent comme ceux qui vont jusqu’à l’admissibilité forment une colonne vertébrale de notre enseignement secondaire auquel ils appartiennent fortement, mais qu’ils sont parfois aussi engagés dans la formation initiale et continue des enseignants et dans l’enseignement supérieur, comme chargés de cours ou chercheurs.
L’effet final recherché par le concours repose, dès lors, sur une triple exigence : académique, didactique et pédagogique.
Une exigence académique : les candidats doivent connaître les grandes lignes de l’évolution scientifique des disciplines, les questions posées par la recherche, les débats en cours. Dans le cadre de leur enseignement, ils doivent s’interroger sur l’introduction, dans l’histoire et dans la géographie enseignées, des éléments plus ou moins stabilisés de la recherche, dans l’esprit d’une actualisation de leurs connaissances, d’une hauteur de vues, d’une attention portée à des mouvements qui peuvent, aussi, interroger le temps présent et leur propre démarche.
Cette exigence est en baisse continue chez les candidats et constitue une première ligne de partage entre les reçus et les autres.
Une exigence didactique : les questions du programme, les exercices de l’écrit, les sujets de l’oral s’inscrivent dans le cadre d’une continuité des apprentissages. Ainsi, les candidats doivent connaître les moments et les méthodes qui correspondent aux sujets qui sont posés et sur lesquels reposent les interrogations auxquelles ils doivent répondre. Pourquoi, comment, à quel moment enseigner un thème d’histoire ou une étude de cas en géographie ?
Le recul par rapport aux matières enseignées, une forme de culture de l’interrogation justifiée, le questionnement qui fait partie de la tradition disciplinaire, en histoire comme en géographie, comme autant de stimulants pour la réflexion et pour l’enseignement se dissipent d’année en année.
Une exigence pédagogique : il est en effet plus que légitime de demander à des enseignants, qui sont déjà devant des classes et qui y retourneront après les épreuves, dans tous les cas de figure, de faire preuve de qualités pédagogiques. Ils doivent donc connaître les ressources, maîtriser les techniques, appliquer les textes en vigueur en matière d’objectifs, de structuration, de déroulement d’une séquence d’un cours du secondaire, lire la suite dans le PDF ci-dessous