CHAPITRES 1 ET 2 : HISTOIRE DES FEMMES EN FRANCE.

Historiographie de l’histoire des femmes.

  • Donner aux femmes la place qui leur revient dans l’histoire, et donc de réparer une sorte d’oubli ou plutôt de mise à l’écart, mais qui a aussi pour but de donner aux femmes la dimension d’un objet historique, c’est-à-dire d’un sujet d’études à part entière, tout en évitant le piège de l’histoire-ghetto.
  • Les années 1970: c’est à cette époque qu’apparait une «histoire au féminin» qui rend les femmes plus visibles, qui met en valeur les femmes en lutte.
  • L’histoire des femmes s’intéresse davantage aux relations entre les sexes, leurs différences, leur rapport au pouvoir.

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  • Une histoire des femmes et des hommes dans le cadre de la vie privée, de la famille, du métier (Histoire de la Vie Privée, Tome IV, De la Révolution française à la Grande Guerre).
  • «Le mot même ‘’féminisme’’, né sous la plume d’Alexandre Dumas dans un sens péjoratif, est repris et détourné en 1882 par Hubertine Auclert qui se bat pour le suffrage des femmes
  • Un histoire du ou des féminismes, avec des portraits, des études de réseaux, d’association, une dénonciation de l’oppression qu’elle soit sociale, économique, sexuelle, des comparaisons internationales entre les différentes façons d’aborder le féminisme.
  • A la fin des années 1990, l’histoire des femmes, mais aussi l’histoire du genre c’est-à-dire comment la différenciation homme-femme se met en place, les représentations qu’elle recouvre, les tensions qu’elle génère. «Pour les chercheurs qui l’utilisent, le genre n’est pas une ‘’théorie’’ mais un outil d’analyse: il désigne la construction sociale et culturelle de la différence des sexes, la classification sociale en ‘’masculin’’ et ‘’féminin’’, le sens que chaque société donne à ces deux termes. Faires l’histoire des femmes et du genre revient donc à étudier les rapports sociaux et la répartition des rôles entre hommes et femmes, ainsi que la définition des identités féminines et masculines, et cela dans les discours et la symbolique tout comme dans les pratiques sociales
  • Des enjeux de pouvoir, des mécanismes de domination, elle utilise les critères sociaux, les appartenances de classe, elle met en valeur les influences religieuses, les particularismes nationaux et régionaux pour expliquer les relations entre les hommes et les femmes.
  • «Le Genre face aux mutations. Masculin et féminin du Moyen Âge à nos jours.» Le premier ouvrage historique à utiliser ce terme. «L’Histoire des intellectuelles, du genre en histoire des intellectuelles.» «L’Histoire des femmes en situation coloniale».

C H A P I T R E   1

L E S   L U M I E R E S – L A  P L A C E  D E S  F E M M E S  D A N S  L E S  R E P R E S E N T A T I O N S.

  • Le rôle des philosophes.
  • Avancer la réflexion sur l’égalité entre les hommes, associée à la liberté.
  • Quand il s’agit de parler de l’égalité homme-femme, les philosophes deviennent bien moins avant-gardistes, bien plus soumis à la tradition, accordant parfois à la femme l’égalité avec l’homme, mais mettant en avant surtout ses limites.
  • L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert: HOMMEc’est un être sentant, réfléchissant, pensant, qui se promène librement sur la surface de la terre, qui parait être à la tête de tous les autres animaux sur lesquels il domine, qui vit en société, qui a inventé des sciences et des arts, qui a une bonté et une méchanceté qui lui est propre, qui s’est donné des maîtres, qui s’est fait des lois, etc […]. / FEMMEC’est la femelle de l’homme. Voyez homme, femelle et sexe.
  • Rousseau dans l’Emile, ou de l’Education, publié en 1762, consacre une partie à l’éducation des femmes, «Le mâle n’est mâle qu’en certains instants, la femelle est femelle toute sa vie». Egaux, mais leurs différences sont nombreuses, la femme est très souvent soumise aux exigences de ses fonctions reproductives et cela explique la supériorité de l’homme sur la femme.
  • La femme est un être très sensible, très imaginatif, mais ce trop plein de sensibilité et d’imagination, qui d’ailleurs la rapproche des enfants, l’empêche de passer à la réflexion conceptuelle. «La femme observe, l’homme raisonne» dit Rousseau. Il montre bien ici qu’il raisonne non en philosophe, mais en homme, qu’il défend les intérêts de son sexe, persuadé sans doute de défendre des principes de bon sens.
  • «Est-ce notre faute si elles nous plaisent quand elles sont belles, si leurs minauderies nous séduisent, si l’art qu’elles apprennent de vous nous attire et nous flatte, si nous aimons à les voir mises avec goût, si nous leur laissons affiler à loisir les armes dont elles nous subjuguent? Eh! Prenez le parti de les élever comme des hommes; ils y consentiront de bon coeur. Plus elles voudront leur ressembler, moins elles les gouverneront, et c’est alors qu’ils seront vraiment les maîtres.»
  • Celle qui veut rivaliser avec les hommes, pas séduisante et elle serait forcément inférieure aux hommes.
  • Poullain de La Barre : estime que l’éducation des femmes sera le meilleur outil pour assurer leur émancipation.
  • Serge Audier : «Le disciple féministe, devenu protestant, réfute les constructions historiques qui ont fait de la femme une subordonnée, en attaquant les savants et l’Eglise. S’inspirant de la conception cartésienne du dualisme entre le corps et l’esprit, il soutient que ‘’l’esprit n’a pas de sexe’’, pour conclure que ‘’les femmes sont aussi nobles, aussi parfaites et aussi capables que les hommes».
  • Leur condition a contribué à mûrir leur intelligence et leur moralité.
  • D’Alembert en 1759, dans Lettre à M.Rousseau, demande que l’éducation des filles soit la même que celle des garçons pour lutter contre l’ ‘’esclavage’’ des femmes, Condorcet défend également ce point de vue. Louise d’Epinay, amie de nombreux philosophes, écrit en 1772 que les hommes et les femmes étant de même nature et de même constitution, ils sont susceptibles des mêmes défauts, des mêmes vertus et des mêmes vices.
  • Diderot, tout en protestant contre la condition réservée aux femmes, leur éducation insuffisante, affirme des idées bien peu en avance sur son temps, et notamment le fait que les femmes soient dominées par leur utérus -> Spasmes terribles, fantômes de toute espèce, délire hystérique. La femme hystérique dans la jeunesse, se fait dévote dans l’âge avancé.  
  • La femme est souvent considérée comme dangereuse pour l’homme à cause de sa sexualité dévorante qui pourrait épuiser les hommes, amplifiée par sa facilité à des séduire et à les attirer.
  • Les idées évoluent au cours du XVIIIe siècle, les défenseurs des femmes sont plus nombreux, l’infériorité des femmes est attribuée à leur éducation, les écrivains comme Beaumarchais (Le mariage de Figaro, 1784) ou Choderlos de Laclos font des personnages féminins rebelles ou vengeurs (Les Liaisons Dangereuses, 1782).
  • Le rôle de la bourgeoisie.
  • Au sein de l’aristocratie, la femme est un faire-valoir de l’homme, et donc elle sort avec lui dans le monde, elle participe à la vie de cour.
  • La vie privée devient importante, c’est-à-dire la vie que l’on mène dans sa maison, à l’insu des autres, une vie en famille où les femmes sont actrices mais dans un intérieur plus intime. Le modèle de la femme au foyer, sérieuse et experte dans son domaine, mais aussi fragile et dépendante de l’homme, pour faire des enfants, tient son ménage en ordre.
  • Celles qui tentent d’échapper à ce modèle, qui s’habillent en homme ou veulent vivre comme eux sont appelés les femmes-hommes.
  • Les deux sont objets de mépris car ils échappent à la place attribuée par leur genre.
  • Louis-Sébastien Mercier en parle dans ses écrits sur le Paris populaire publiés entre 1781 et 1788.
  • Le rôle de la vie de cour.
  • Pas de vie de cour possible sans les femmes. Montesquieu dans L’Esprit des lois -1748- contribuent par leur présence à des relations policées entre les hommes, à des échanges «courtois», mais aussi elles peuvent favoriser les comportements légers du point de vue des moeurs, le tout sous une apparente égalité homme-femme conférée par la politesse.
  • Depuis Louis XIV, la place des femmes a été réduite dans les cercles du pouvoir. Les reines ont été écartées du pouvoir à partir de Marie-Thérèse, mariée à Louis XIV et ne jouant aucun rôle ce qui explique que la volonté de Marie-Antoinette d’assister aux comités ministériels ait beaucoup choqué les contemporains tant la tradition s’était perdue.
  • La critique se fait alors misogyne : les femmes influentes n’agissent pas pour le bien commun, elles sont frivoles et dépensières, elles ont donc leur part dans les difficultés que traversent le pays. Marie-Antoinette reçoit les mêmes critiques.
  • A travers la critique du rôle des femmes, apparait la critique d’un système trouble, occulte, forcément inavouable, avec des négociations de salon, des influences personnelles basées sur la séduction et non sur la raison, des dépenses injustifiées, des privilèges insensés.
  • Ainsi donc la critique de la monarchie est aussi une critique masculine de la place des femmes dans les cercles du pouvoir.
  • CITOYEN – celui qui est membre d’une société libre de plusieurs familles, qui partage les droits de cette société et qui jouit de ses franchises. Voyez «société», «cité», «ville franche».
  • Les femmes du peuple, actrices de l’histoire.
  • Les émeutes frumentaires, en 1755, ou des révoltes anti-fiscales et anti-seigneuriales. Des femmes cheffes de bandes sont même exécutées.
  • Lors de la répression contre les curés jansénistes, les femmes du peuple sont très actives pour protester contre les arrestations, défendre leur curé et dire haut et fort ce qu’elles pensent de ce qui se passe à Rome.
  • La veuve Théodon est en 1733 à la tête de 16 imprimeries : surveillée par la police, arrêtée une fois en 1728, elle met au point un système clandestin -> parution de nouvelles jsq 1803.
  • Dans ce mouvement janséniste, les femmes sont nombreuses, environ les 3/4.
  • La répression les touche aussi : les convulsionnaires peuvent être emprisonnées plusieurs mois.

LE COUPLE AU XVIIIE SIECLE

Le mariage.

  • Si le mariage reste arrangé dans les familles fortunées, les sentiments deviennent importants pour que les mariés soient heureux et surtout pour que le couple dure.
  • La littérature plaint les femmes malheureuses, vante les mérites de la liberté. Cet amour est un corollaire une sorte d’égalité dans le couple. Une harmonie qui permet des échanges d’idées, une union qui permet un soutien mutuel, avec de la prévenance de part et d’autre.


Portrait d’Antoine-Laurent Lavoisier et de sa femme, Jacques-Louis David, 1788.

Le commanditaire est Marie-Anne, dont la présence envahit le tableau.

  • Cette évolution des moeurs va de pair avec la réprobation des violences conjugales. La femme battue peut être protégée par les voisins, se plaindre à la police qui agit plus facilement en sa faveur, l’homme violent est mal considéré.
  • La limitation des naissances, les méthodes contraceptives telles le coït interrompu ou les préservatifs à base d’intestins d’animaux se répandent malgré la forte réprobation religieuse. -> A Rouen, la natalité passe de 7.34 enfant par femme en 1650 à 4.5 en 1789.
  • Les autorités développent la formation de sages-femmes. Les curés sont sollicités pour envoyer une de leur paroissiennes à ces cours d’obstétriques, des manuels sont imprimés comme le Principe de l’art des accouchements par demandes et par réponses en faveur des élèves sages-femmes écrit en 1775 par Jean-Louis Baudelocque, célèbre médecin accoucheur de la cour. 
  • Les accouchements se font encore avec des matrones, mais le savoir des sages-femmes se diffuse peu à peu. 
  • L’allaitement maternel se développe aussi dans les décennies 1760-1770 leur est conseillé de s’occuper elle-même de leur enfant. 
  • Des sociétés de charité se créent pour venir en aide aux femmes pauvres qui nourrissent leur enfant, tandis que des artistes peignent ou racontent des scènes montrant des mères et leur enfant. 

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Jean-Baptiste GREUZE, La mère bien aimée, 1769, Madrid, Collection Laborde.

  • Hors mariage.
  • La natalité baisse, les naissances hors mariage augmentent. Naissances avant le mariage (représentant 10 à 20% des naissances vers la fin du siècle) soit des naissances illégitimes (passant de 1% à 2% des naissances entre 1740 et 1789). Des taux bien plus élevés en villes que dans les campagnes.
  • Les registres des plaintes sont nourris de ces histoires où des jeunes femmes séduites et enceintes se retournent contre l’amant qui les a délaissées, le maître qui les a forcées, le séducteur qui est marié par ailleurs. Faire payer une pension au père sans l’obliger à reconnaitre sa paternité. 
  • L’analyse des décisions de justice au cours du siècle montre que les jugements se font davantage au profit des hommes, que les preuves demandées aux filles sont de plus en plus contraignantes, que le but est protéger les fils de familles séducteurs de jeunes filles pauvres, autrement dit la justice se fait plus au service de la classe dominante qu’au service de la morale. 
  • En 1794, le projet de code civil comporte même une interdiction de recherche en paternité, qui sera bien présente dans le Code Civil napoléonien de 1804. 
  • Le concubinage se développe aussi pendant cette période, il concerne par exemple 16% des naissances à Paris sous la Révolution. Il est souvent bien accepté par l’entourage, le couple vit de façon maritale, les enfants sont le plus souvent reconnus par le père, la mère peut porter parfois le nom de son mari. Les causes impossibilité de divorcer. 

LA VIE INTELLECTUELLE DES FEMMES

  • Les progrès de l’instruction des filles.
  • Du début à la fin du siècle, l’alphabétisation des femmes progresse de 14 à 27%. Si 28 femmes pour 100 hommes signent de leur nom à la fin du XVIIe siècle, elles sont 57 pour 100 hommes à le faire à la fin du XVIIIe siècle. Une progression forte car l’alphabétisation des hommes se développe aussi. 
  • Congrégations qui s’occupent de créer des écoles. Le Nord est plus équipé que le Midi, les villes plus que les campagnes. À Paris, à la veille de la Révolution, 80% des femmes peuvent signer de leur nom au bas de leur testament. 
  • Le système scolaire féminin est majoritairement religieux, dans les milieux éclairés, plus instruits, aristocratiques ou bourgeois, le modèle est celui de la mère qui veille à l’éducation de ses enfants, parfois assistée par une gouvernante, les leçons sont assurées par des précepteurs. 
  • La question de l’éducation féminine est abordée dans les salons, dans des ouvrages qui réfléchissent sur la nécessaire création de collèges réservés aux filles. Les thèses rousseausites sont discutées et dépassées, notamment par Mme D’Épinay dans Les Conversations d’Émilie (1774) où, à travers les échanges entre une mère et sa fille, elle prône l’élévation des femmes grâce au savoir pour le bien du mari et des enfants, le bien d’Émilie qui pourra devenir libre.
  • L’éducation des filles est corrélée à celle des garçons, car un homme instruit cherche une femme instruite pour échanger avec elle. 
  • L’éducation conventuelle est critiquée parce qu’elle rend les jeunes filles ignorantes, incapables d’affronter les réalités du monde, de se préparer au mariage ; deux camps s’opposent : les tenants d’une éducation minimale, rousseauiste, et les tenants d’une éducation égale à celle des garçons, parce que les femmes ont les mêmes capacités que les hommes. 
  • Les salons.
  • Lieux de diffusion des idées des Lumières, lieux plutôt fermés, auxquels il est difficile d’accéder si on n’est pas introduit. Des personnes de milieux assez différents se côtoient, avec la même passion pour la nouveaut, qu’elle soit scientifique, culturelle, et même politique. 
  • Après 1770, on y parle souvent de politique et l’art de la critique mondaine s’applique aux théories politiques. 
  • Salons presque toujours organisés par des femmes : Mme du Châtelet, Mme d’Épinay, Mme Necker (sans doute le plus politisé : on y rencontre Montesquieu, Voltaire, Diderot, d’Alembert, Condorcet, Buffon). 
  • Ces salons se tiennent la journée, on y dîne (c’est-à-dire on y déjeune), on y lit des textes, on écoute des musiciens, on bavarde de manière aimable. 
  • Des enjeux de carrière expliquant la fréquentation des salons par les auteurs et les scientifiques (accès à des postes, à des pensions, à l’Académie française) des enjeux de prestige expliquent que des femmes tiennent ses salons forcément coûteux. Elles échangent avec les invités et prouvent leur connaissance des idées de leur temps. 
  • Rousseau hostile à ces salons, à ce pouvoir des femmes qui serait trop frivole. 
  • La participation à la vie intellectuelle.
  • Les salons sont le signe que les femmes lisent de plus en plus au cours du siècle, de même qu’elles écrivent et publient de plus en plus. Elles sont 55 dans la décennie 1766-1776, 78 entre 1777 et 1788, 329 entre 1789 et 1800. 
  • Les femmes, bien qu’ayant doublé leur proportion depuis le XVIe siècle, ne représentent que 2 ou 3% de l’ensemble des auteurs. Elles écrivent surtout des romans, des traités pédagogiques, assez peu de dramaturgies ou des travaux scientifiques ou philosophiques : Mme du Châtelet traduit Newton, Sophie de Grouchy, veuve de Condorcet, traduit la Théorie des sentiments moraux d’Adam Smith en 1798. 
  • Certaines écrivent sous un autre nom, comme Mme Roland, née Jeanne Marie Phlipon, utilisant le nom de son mari. Rousseau, là encore, reste campé sur ses préjugés : “Ce n’est pas à une femme, mais aux femmes que je refuse les talents des hommes”. 
  • La domination masculine est menacée par ces femmes qui sont capables d’être aussi brillantes que des hommes, voire davantage, et c’est cela qui motive leur condamnation par certains tenants d’une supériorité de l’homme sur la femme. 
  • Les hommes les plus évolués, s’ils reconnaissent l’intérêt des textes produits par des femmes, les cantonnent à l’analyse des moeurs, des sentiments, louent leur écriture délicate, leur sensibilité, tandis que le texte philosophique qui remet en perspective la société, qui la critique et propose d’autres modèles, est forcément l’apanage de l’écriture virile. 
  • Les femmes artistes sont mieux acceptées, elles peuvent accéder à des académies de peinture et se lancent dans les portaits, voire des auto-portraits ce qui prouve une affirmation de leur posture. Adélaïde Labille-Guiard, peintre de cour, avec son tableau Femme occupée à peindre devant deux élèves la regardant, 1785, allant plus loin en mettant en avant sa qualité de maître formant des élèves.


  • Les académies de musique leur sont davantage fermées, mais là encore elles s’imposent peu à peu, du moins dans des compositions légères type opéra-comique ou vaudeville, mais pas dans l’opéra lui-même, genre considéré comme bien plus masculin. 
  • Les femmes deviennent plus assidues que les hommes à l’église, elles communient davantage à Pâques qui est alors la cérémonie la plus importante de tout le culte religieux catholique. 
  • Les hommes plus touchés par le développement des sciences et des idées nouvelles, qui s’en dispensent le plus. 

CONCLUSION

La place des femmes reste très loin derrière celle des hommes. 

L’Encyclopédie, écrite par une “société de gens de lettres aucune femme parmi les 160 contributeurs. 

C H A P I T R E   2

L A   R É V O L U T I O N   F R A N Ç A I S E

  • La Révolution française a été une rupture très importante tant sur les plans politiques que sociaux, née d’une irruption du puple sur la scène politique avec la Prise de la Bastille en juillet et la Grande Peur qui a suivi et qui a abouti à la nuit du 4 août.
  • La place des femmes qui jouent un rôle à part entière, pendant la marche de Versailles le 5 octobre. 


À Versailles, à Versailles, le 5 octobre 1789, Auteur inconnu, estampe, BNF.

Le 5 octobre 1789, Les Parisiennes vont chercher le roi à Versailles : Quelques milliers de femmes mécontentes de la cherté de la vie et de la disette se rendent à Versailles auprès du roi Louis XVI, victime de ses hésitations, le roi va se trouver prisonnier des révolutionnaires et des agitateurs parisiens. Ces journées d’Octobre (le 5 et le 6), à Versailles, les Monarchies conduits par Jean Joseph Mounier conseillent au roi de faire venir des troupes à Versailles. Le 1er Octobre, à l’Opéra royal de Versailles, un banquet est offert au régiment des Flandres nouvellement arrivé. L’apprenant, les Parisiens pauvres s’en irritent. Eux-mêmes manquent de pain en raison de l’insécurité qui rend difficile l’acheminement des grains. Le dimanche 4 octobre, une foule nombreuse se réunit dans les jardins du Palais-Royal. Le lendemain s’ébranle un cortège de 7 000 ou 8 000 femmes en direction de Versailles. On crie : « À Versailles ! » ou encore « Du pain ! ». Chacun brandit une arme improvisée, fourche ou pique. L’Assemblée est envahie et une délégation de femmes conduite par Mounier se rend auprès du roi. Celui-ci les écoute et promet de ravitailler Paris. Mais le second cortège arrive sur ces entrefaites et force les grandes grilles des écuries. Les émeutiers s’installent sur la place d’Armes, devant le château, en vue d’y passer la nuit. La Fayette, informé des événements, arrive en fin de soirée à la tête de 20 000 hommes de la garde nationale. Il rétablit un semblant d’ordre…Son inaction lui vaut le surnom de « Général Morphée ». 

  • Certains pensent qu’il n’y pas de raison que les femmes abandonnent leur rôle de mère et de gardienne du foyer pendant que les hommes font des choses plus sérieuses, même si elles sont appelées citoyennes à partir de 1789. 
  • La participation politique.
  • Elles participent à l’élection des députés aux États généraux lors des assemblées de paroisse, du clergé ou de la noblesse, et à l’écriture des cahiers de doléances.
  • Très présentes pour protester que ce soit contre les baisses de salaires ou le manque de pain. Des femmes parmi le public de l’Assemblée nationale, des jardins du Palais royal, au Champ-de-Mars, devant la Bastille.
  • En juillet 1790, Condorcet publie dans le Journal de la Société de 1789 un article défendant le droit de vote des femmes : « Sur l’admission des femmes au droit de cité ». Comme ce sont des êtres humains à part entière, elles doivent donc avoir des droits égaux à ceux des hommes. 
  • Le 5 octobre a lieu la première irruption des femmes dans le jeu politique, elles le font de manière autonome, mais sont suivies par des hommes en armes selon un schéma qui se reproduira par la suite. 
  • Des journaux féminins, on en compte une dizaine dans les années 1790-1791, écrits souvent par des femmes pour des femmes comme Le Courrier de l’hymen, Journal des Dames, qui sort de février à juillet 1791, ou La Mère Duchêne qui sort la même année. 
  • Reste les romans, les pièces de théâtre, traités, poèmes dont la production est stimulée au cours de la période et qui donnent un point de vue féminin sur l’actualité politique, sur la nouvelle société à construire, les valeurs à défendre, qui cherchent à influencer les législateurs. 
  • En Septembre 1791, Olympe de Gouges, jeune veuve d’un négociant, proche des Girondins et qui sera guillotinée en 1793 pour son soutien à la monarchie, publie une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ; elle y défend notamment le droit de vote et d’éligibilité des femmes : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune ». 
  • Les salons se politisent, surtout ceux tenus par des femmes proches du nouveau pouvoir comme Mme Necker, Mme Roland, Mme de Staël, Mme de Kéralio. 
  • Ce n’est pas là tout de même que se décident les tournants de la Révolution. Ce sont dans les assemblées, dans les rangs du public, que les femmes les plus actives peuvent assister aux débats et manifester leur soutien ou leur désapprobation.
  • L’Assemblée nationale, puis législative, puis la Convention, le Tribunal révolutionnaire, le Conseil général de la Commune de Paris, les réunions des sections parisiennes. Elles peuvent s’indigner, protester, écrire des pétitions, applaudir. 
  • Elles assistent aussi aux réunions des sociétés politiques, par exemple, les clubs des Jacobins ou des Cordeliers, où elles ne sont pas inscrites mais peuvent demander la parole. 
  • Une soixantaine sont des clubs féminins, ils sont au départ moins radicaux, plus bourgeois, liés aux clubs masculins de la ville, ils s’occupent de tâches « féminines » (instruction, soins aux malades, secours aux indigents) de discuter de l’actualité, de ce qui se passe à l’Assemblée, mais ils vont se radicaliser avec le reste de la société à partir de 1792. 
  • A Paris, la Société des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires, créée en mai 1793, regroupe des militantes actives auparavant dans d’autres clubs, recrute parmi les marchandes, les artisans, les domestiques, devient sous la direction de Claire Lacombe, une comédienne, une organisation de combat au service de la Révolution, réclamant la Terreur en août 1793. Affirmant leur capacité de gouverner comme les hommes, refusant d’être reléguées au second rang.