François Bost, La France: les systèmes productifs, Paris, coll, «CAPES-AGREGATION», CNED-SEDES, 253p.
François Bost, professeur de géographie à l’université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) et membre du laboratoire Habiter (EA2076).
Chapitre 1 : La notion de système productif : définitions, concepts, problématiques
➢ La notion de système productif
Définitions et concept principaux : la notion de système productif renvoie à l’organisation économique de la production. La finalité est de satisfaire la consommation individuelle et collective. Le système productif d’un pays peut être appréhendé de 3 manières :
– Par l’ensemble des secteurs, branches et filières d’activité qui le composent ( échelles locales, régionales et nationales ) dont il convient d’apprécier le poids, les évolutions et les mutations dans l’économie
– Par l’ensemble des unités de production présente sur un territoire donné quelqu’en soit leur taille ( de la PME-PMI locale à la firme transnationale )
– Par le mode d’organisation qui l’anime sur le plan technique et du travail, de même que par les différentes interrelations qui existent entre les forces productives en présence.
Place centrale occupée par l’activité de production en elle-même qui relève de ce que l’INSEE appelle la sphère productive ou secteur productif : le secteur productif ne se ramène pas seulement aux seuls secteurs primaires et secondaires ( la sphère productive se distingue des activités résidentielles et publiques ). Complexification et élargissement du secteur productif en direction du secteur tertiaire car les pays développés et industrialisés sont entrés dans la nouvelle économie qui s’accompagne de mutations. Les activités productives drainent désormais des revenus provenant au secteur productif à dans des proportions variées des territoires locaux et nationaux, mais aussi des territoires extérieurs à leur implantation.
Par définition, l’activité de production a pour vocation de produire un bien, de fabriquer un produit industriel ou de fournir un service destiné au secteur productif à partir de facteurs de production matériels et immatériels. Tout bien ou service se décompose alors en différentes étapes ( processus de production ) depuis sa mise au point initiale dans le cadre de la recherche-développement jusqu’à sa commercialisation sur le marché final. Tout au long de ce processus, le produit gagne en valeur ajoutée ( opération relevant de la gestion de production ).
Les activités productives relèvent aussi bien du secteur privé marchand ( prix du marché pour réaliser du profit ) que du secteur public marchand et non marchand ( prix calculés sur les coûts de revient ). Cependant cette distinction entre secteur marchand et non marchand a fortement évolué en Franc, suite à la privatisation des entreprises publiques, mais aussi de l’entrée dans l’économie marchandes de certains secteurs publics dont les prestations sont désormais facturées à des prix proches ou équivalent à celui du secteur marchand.
L’activité de production est suivie de près par les Etats par le biais de la comptabilité nationale. Afin de la mesurer, l’INSEE a recours au calcul de la valeur ajoutée ( VA ) produite par chaque entreprise et, au final, par l’ensemble du pays concerné. C’est la somme de toutes les valeurs ajoutées qui permet le calcul d PIB d’un pays, soit la valeur totale de la richesse. Le PIB mesure pour une période donnée la part de la production nationale officiellement réalisée par les entreprises résidentes ( tant nationales qu’étrangères ), les ménages et les administrations publiques dans un pays donné et sur le seul sol national. Le PNB mesure quant à lui la production de biens et de services marchands réalisée aussi bien sur le sol national qu’à l’étranger par les entreprises d’un même pays ainsi que par ses autres acteurs économiques.
La classification des activités en secteurs primaire, secondaire et tertiaire a-t-elle encore un sens ? : à la veille de la seconde guerre mondiale, le souci de classer entre elles les différentes activités économiques s’est manifesté à l’échelle internationale afin de rendre compte de leurs évolutions respectives et de pouvoir procéder à des comparaisons entre les pays : classification Fischer-Clark. Cette approche ternaire soit son succès à sa simplicité. Bien que critiquée dès les années 60 par Clark lui-même, cette classification a connu un usage très important qui perdure encore, notamment dans les manuels scolaires, où l’approche critique est généralement absente. Le cloisonnement des activités n’est plus aussi évident que par le passé.
Certains auteurs ont proposé dans les années 1990 de ne plus recourir à cette classification ternaire comme le géographe Pierre Beckouche.
L’avènement de nouvelles nomenclatures d’activités à vocation statistique : l’INSEE a élaboré des nomenclatures d’activités. L’objectif est de rendre compte de manière détaillée et cohérente de la très grande diversité des activités économiques. Il est aussi de pouvoir appréhender ces dernières sur le plan statistique à des fins économiques, d’étude, d’enquête et d’information. Leur vocation est enfin normative, puisque l’Etat impose par décret leur usage à l’ensemble des organismes publics dans leurs différents supports.
C’est à partir de ces informations déclarées auprès des centres de formalités des entreprises que chaque entreprise se voit attribuer par l’INSEE un code dit d’activité principale exercée ( APE ), tandis que ses différents établissements sont identifiés par un code dit d’activité principale exercée par l’établissement ( APET ). Ces données permettent de mettre en place une nomenclature. Apparue dès 1973 en France, la 1e de ces listes d’activités fut dénommées Nomenclature d’activités et de produits ( NAP ). Elle se subdivisait sous la forme d’emboitements successifs. En 1993, la Nomenclature d’activités française ( NAF ) lui a succédé en introduisant des noms différents à chaque niveau de classement afin d’aligner l’enregistrement statistique de la France sur la Nomenclature d’activités de la communauté européenne. En 2003, NAF révision 1 et en janvier 2008, NAF révision 2. Ces changements s’expliquent par le souci de mieux répondre aux mutations des technologies et de l’organisation éco et sociale des entreprises françaises, mais aussi aux nouvelles statistiques de l’UE. Il s’agissait également de rendre cette nomenclature compatible avec celle es EU et du Canada. Cette nouvelle nomenclature détaille davantage les activités de service ainsi que celle présentant un fort contenu technologique.
L’exemple de l’industrie automobile permet de mieux comprendre la logique d’emboitement de cette nomenclature NAF révision 2 en 5 niveaux. Cette activité relève tout d’abord de des industries manufacturières. Elle apparait ensuite sous le terme d’industrie automobile. Elle est signalée ensuite dans la rubrique construction de véhicules automobiles. Mais c’est au cinquième niveau qu’elle fait l’objet d’un inventaire très détaillé.
Secteurs, branches, et filières d’activités : des approches complémentaires : l’économie industrielle a recours à 3 concepts majeurs : secteur, branche et filière ( JM Chevalier, L’économie industrielle des stratégies d’entreprises ). La notion de secteur d’activité renvoie à un groupe d’entreprises partageant la même activité principale. Chaque secteur se décompose aussi en sous-secteurs. Ainsi le secteur de la construction navale comprend par exemple la construction, réparation et maintenance de bâtiments de guerre ; la construction de navires civils; la construction-réparation de bateaux de plaisance ; la réalisation d’infrastructures et de superstructures portuaires pour la construction réparation navale.
La notion de branche d’activité introduit une nuance importante. A la différence d’un secteur, une branche d’activité « regroupe des unités de production homogènes, c’est-à-dire qui fabriquent des produits qui appartiennent au même item d’une nomenclature d’activités ». On parlera ainsi de la branche automobile des constructeurs Peugeot-Citroën et Renault.
La notion de filière renvoie à une chaine d’activités multiples liées entre elles de l’amont à l’aval, depuis l’élaboration d’un produit jusqu’à sa commercialisation. On parlera ainsi de filière électronique ( depuis le silicium jusqu’à la fabrication d’un ordinateur ) ou encore la filière automobile ( de l’acier jusqu’à l’ingénierie ).
Une filière d’activités peut recouvrir plusieurs branches à la fois. De même les entreprises qui l’animent peuvent participer à plusieurs filières à la fois. Ainsi une entreprise relevant de la sidérurgie peut tout aussi bien relever des filières automobile ou ferroviaire, que la construction navale ou de l’aéronautique, en fonction des clients avec lesquels elle travaille.
L’approche par les filières d’activité se révèle très utile pour rendre compte du système productif et de ses dynamiques spatio-temporelles, notamment les relations entretenues par les différents établissements avec l’espace. Elle permet ainsi de poser toute une série de questions utiles pour cerner la question des mutations du système productif d’un Etat dans une approche comparative. : quelle est la place de telle ou telle filière dans le système productif national ? Quelles sont les filières en croissance, en stagnation, ou en difficultés ou obsolètes ? Quelles sont les filières insuffisamment représentées en France ? Dans quelles régions sont-elles les mieux représentées ? Quelle est la dépendance des différentes filières vis-à-vis de l’importation ? Quel est leur dynamisme respectif à l’exportation ?
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