La fiche de lecture du vaste ouvrage Les rois absolus de la collection « Histoire de France » des éditions Belin. Une somme, très pratique pour commencer à entrer dans la question d’histoire médiévale-moderne.

 

Première partie. 1629-1660. L’absolutisme extraordinaire

Chapitre 1. De la guerre

L’Etat à l’épreuve de la guerre

Longue guerre contre l’Espagne. L’armée française est plus faible, sous-dimensionnée par rapport aux objectifs de Richelieu, surtout à cause des désertions. Normalement 130 000 soldats, mais la France n’en a pas 100 000. Alors, avant la « ceinture de fer » de Vauban à partir de 1678, aucun roi ne fut en mesure d’assurer une sauvegarde efficace du territoire. Le succès final de la France n’est dû qu’à la faillite de l’Espagne.
1626 fin de l’office de connétable. Il symbolisait l’autonomie du pouvoir militaire. Cette disparition du connétable permet alors l’affirmation du collège des maréchaux. Au sommet, le collège favorise le pouvoir civil et administratif du Secrétaire d’Etat à la guerre. Grand lustre de ce ministère avec Abel Servien (1630-36), François Sublet de Noyers (1636-43) et Michel Le Tellier (1643-62). Ils sont considérés comme les fondateurs de l’administration civile de la guerre.
Ils contrôlent l’administration des troupes, pas les troupes elles-mêmes, ni les opérations militaires. pour cela, le roi mobilise plutôt les intendants, relais de son autorité.
Origine des intendants : les chevauchées des commissaires maîtres des requêtes sous Henri II. 1634 Richelieu commet des intendants dans la quasi-totalité des généralités et des provinces. Attributions de plus en plus étendues et durées de plus en plus longues. En 1643, l’institution des intendants est devenue générale et permanente. Ils gèrent l’armée, surtout sur les frontières : ils mettent sur pied les arsenaux, les greniers, les marchés aux chevaux, les magasins qu’ils approvisionnent.
Normalement, c’était le pouvoir des gouverneurs. Mais Richelieu réduit le pouvoir des gouverneurs. C’est une volonté délibérée, expliquée par le cardinal dans son Testament politique. Ces gouverneurs étaient des représentants des plus grandes familles : les Guise en Provence, les Montmorency en Languedoc jusqu’en 1632, les Epernon puis les Condé en Guyenne… L’usage avait fini par transformer ces gouvernements en patrimoines familiaux transmis de père en fils par les rois. Ces gouverneurs étaient donc aussi les chefs de la noblesse de la province. Important pouvoir de patronage pour attribuer des offices royaux, provinciaux, municipaux, ecclésiastiques. Ils peuvent entraîner la noblesse dans une révolte (ex les Montmorency 1632). Richelieu lutte contre cette tendance.
A Paris et à la cour, le roi dispose de sa maison militaire, qui est affectée à la garde personnelle du souverain mais assure aussi des missions de police. Cas des gardes françaises, des gardes suisses, des mousquetaires.
Quand le roi s’engage dans une guerre, il doit compléter l’effectif de son armée permanente par la levée de nouvelles troupes. La levée, l’entretien d’un régiment, s’effectue sur le mode de « l’entreprise ». Les capitaines et colonels reçoivent par commission le droit de recruter et de commander une troupe dont ils assurent la subsistance et l’équipement, grâce aux appointements qui leur sont versés. Ils doivent ensuite rendre compte de l’usage de cet argent lors de « montres » effectuées par des commissaires des guerres. Innombrables fraudes comme gonfler artificiellement les effectifs le temps de la revue.
Le roi fait aussi appel à des mercenaires étrangères par « capitulation »: ce sont des contrats écrits.

Le royaume à l’épreuve de la guerre

L’effort militaire sollicite le royaume qui fournit les ressources humaines et financières, subit le poids des combats et des pillages. Lourds prélèvements en homme et en argent. D’abord par la taille, répartie au sein de chaque paroisse, qui sert à fournir les armées. En ville, il faut aussi payer pour réparer les murailles longtemps négligées.
L’effort militaire évolue à la fin du siècle avec la milice organisée par Louvois, car l’organisation du service militaire prend une dimension plus individuelle et plus massive.
La guerre a ses fléaux. La terre brûlée, les massacres, les pillages, les viols, les maladies, la difficulté pour les récoltes suivantes. En 1633, Jean Callot réalise la série gravée des Misères et malheurs de la guerre : une série de 17 gravures, chacune illustrant un malheur.

 

Chapitre 2. «Une royale et chrétienne application»

Le catholicisme d’Etat

Conciliation avec les protestants, mais la France reste « la fille aînée de l’Eglise catholique ». La rivalité confessionnelle reste un problème majeur dans le royaume. Les chefs de l’Etat restent marqués par les guerres de religion, ils conçoivent la présence d’une minorité protestante comme un mal endémique qu’il faut résoudre par la Pastorale du concile de Trente (=l’enseignement des jésuites), plutôt que par une guerre à outrance. La contrainte fortifie a contrario les protestants dans leurs convictions. Donc Richelieu préfère la paix qui facilite les conversions.
Les dévots veulent l’extinction radicale de l’hérésie huguenote. Richelieu lui-même veut contenir et réduire l’hérésie protestante. Pour cela, sans revenir sur l’Edit de 1598, il mène une politique systématique d’interprétation a minima des dispositions de l’édit de Nantes. Patient grignotage de leurs prérogatives politiques et religieuses. Face à lui, les protestants accordent toute leur attention au respect des dispositions de 1598. Ils reçoivent avec satisfaction les déclarations royales qui confirment l’édit de Nantes en 1643 et 1652, après les grignotages de Richelieu. De fait, les protestants sont restés fidèles au roi pendant la Fronde. C’est pourquoi Mazarin mène une politique tolérante jusqu’en 1656. Ils avaient aussi participé aux armées qui ont permis de battre l’Espagne. L’armée se prête d’ailleurs mieux que l’administration civile à la coexistence religieuse.
En juillet 1656 toutefois, une déclaration royale valide les exigences formulées l’année précédente par l’assemblée du clergé. Elle confirme encore une fois l’édit de Nantes, mais propose de le réactualiser en examinant point par point tous ses articles litigieux, pour le moderniser donc. Mazarin ordonne une vaste tournée de commissaires chargés d’arbitrer les conflits. Cette tournée aboutit en 1661 à un repli général des droits des communautés huguenotes. C’est le début du processus qui conduit à la Révocation de 1685.
Depuis 1516, le Concordat de Bologne confère au roi de France le pouvoir de nommer les titulaires des bénéfices ecclésiastiques majeurs.
Problème du jansénisme. 1643 Antoine Arnauld propose, dans De la fréquente communion, une version condensée et accessible des thèses contenues dans l’Augustinus, publié trois ans plus tôt par Cornelius Jansen, évêque d’Ypres. Condamnées par le pape dès 1642, les thèses jansénistes satisfont pourtant une aspiration rigoriste, qui a rapidement conquis une partie de l’épiscopat. Au sortir de la Fronde en 1652, le jansénisme a conquis d’anciens rebelles qui y cherchent la consolation de leurs échecs et la mortification dans une attitude de retrait du monde. Ancien chef de la Fronde parlementaire, le cardinal de Retz y trouve des soutiens mobilisés par la duchesse de Longueville, sœur du Grand Condé et du prince de Conti. Mazarin obtient alors le 20 mai 1655 une condamnation des thèses jansénistes. C’est dans ce contexte que Pascal publie sous le pseudonyme de Louis de Montalte, les 18 Provinciales qui défendent le jansénisme contre les jésuites. En 1660, le roi condamne l’Augustinus qui doit être brûlé. En 1661, un formulaire est amené à tous les ecclésiastiques : ils doivent le signer et reconnaître qu’ils condamnent le jansénisme, condamné par deux papes (Innocent X et Alexandre VII).
Ainsi, à partir de 1656, une politique de rigueur de la part de Mazarin vis-à-vis des autres formes religieuses.

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