Qui a déclenché la grande catastrophe ? Était-ce l’Allemagne, comme le disait le traité de Versailles ? La Russie, comme le soutenaient les Allemands ? Le militarisme et le capitalisme, comme l’affirmaient les socialistes ? Il est peu de sujets sur lequel on ait plus écrit que sur les origines de la Première Guerre mondiale. Près de 25 000 articles et ouvrages sont en effet centrés sur cette question sans finalement jamais satisfaire le lecteur. Par ailleurs, si le débat est ancien, le sujet est encore neuf, car les mutations de notre monde ont changé notre perspective sur les évènements de 1914 : si l’on considère l’été 1914, tout commence par un groupe de tueurs kamikazes et une poursuite en automobile, et la fin de la guerre froide mettant un terme à un équilibre bipolaire garantissant la stabilité du monde et laissant la place à un panel de forces imprévisibles (empires en déclin et pouvoirs émergents) nous rapproche de ces évènements. Si les opinions ont longtemps varié avec la nationalité et les opinions des auteurs, les thèses nationalistes s’opposant notamment aux thèses marxistes, le débat historique tourne en fait depuis 100 ans autour de la question de la responsabilité et donc de la culpabilité. Clark appelle dans son Introduction à une réflexion sur les documents en histoire : en effet la PGM plus que tout autre a donné lieu à une profusion de documents publiés par les nations dans l’optique de justifier de son innocence dans la provocation du conflit. Bernhard Schwertfeger parle de « guerre des documents ». Les Mémoires des hommes d’Etat posent aussi des problèmes, ils passent sous silence certains évènements, en inventent d’autres. Toujours dans l’optique de paraître sous son meilleur jour ou bien par défaillance de leur mémoire. Les béances dans nos connaissances (paroles non consignées, documents perdus) ne peuvent être reconstruites que partiellement ou de manière rapportée. La structure complexe de la crise (interactions multilatérales entre cinq adversaires d’importance égale) confère un caractère délicat à l’exploitation des sources. Elles sont chaotiques, pleines de menaces, de promesses, de prévisions.
Biographie de l’auteur :
Historien australien travaillant en Angleterre. Il a fait ses études à l’université de Sydney puis à Berlin. Vivre à Berlin-Ouest lors des dernières années de son existence, entre 1985 et 1987, lui a donné un aperçu de l’Histoire et de la société allemande. Il est actuellement professeur d’Histoire européenne moderne à l’Université de Cambridge et membre du St. Catharine’s College, dont il est le responsable de l’enseignement d’histoire. Il est aussi membre de l’Australian Academy of the Humanities. Il est l’auteur d’une étude sur les relations christiano-juives en Prusse ; d’une biographie critique du dernier empereur allemand ; d’une étude sur les conflits entre clergé catholique et pouvoir séculier au XIXe siècle dans plusieurs pays d’Europe ; d’un livre sur l’Histoire de la Prusse, etc.
Problématique :
Comment l’Europe continentale est-elle entrée en guerre ? Comment l’engrenage de la causalité s’est-il mis en place et a mené au conflit ? Le propos du livre est d’exposer comment et non pourquoi on en est arrivés là, même si l’un appelle inévitablement l’autre. Mais la question du comment nous invite à examiner de près les séquences d’interactions qui ont produit certains résultats, en opposition au pourquoi qui nous mènerait à chercher les catégories causales lointaines : impérialisme, alliances, etc. et place la question de la culpabilité au centre du débat. Il retrace les chemins qui ont mené à la guerre. Il prend garde à ne pas surdéterminer l’issue finale des évènements.
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