La fiche résume les propos d’Eloïse Libourel dans un manuel de préparation au concours. Elle remet en évidence les atouts de la France dans la géographie européenne et mondiale. A la fin de la fiche, un lien vers un croquis de synthèse.

La France est un des pays fondateurs de la construction européenne depuis son commencement : Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), Communauté économique européenne (CEE), Union européenne (UE)… Elle participe au fonctionnement de l’UE : politique, économie, culture…
L’UE devient de son côté un acteur de plus en plus important dans la gouvernance et l’aménagement des territoires en France à plusieurs échelles.
Aussi, la France est une puissance mondiale : 7ème économie mondiale (PIB total), culture (francophonie, productions), diplomatique et militaire.

Comment les territoires s’intègrent-ils en Europe et dans la mondialisation à différentes échelles ?

I. La France, un territoire de l’Union européenne

En tant que pays membre, la France bénéficie de l’intégration européenne et de ses effets. Elle entretient des relations avec les autres pays membres.

1. La France dans une Europe à géométrie variable

La France a participé à toutes les étapes de la construction européenne. Elle appartient à l’Europe dans le sens large : continent dont l’étendue ne coïncide pas exactement avec les limites institutionnelles de l’UE.
La France est membre de l’UE et du Conseil de l’Europe (plan politique), de l’Espace économique européen et de la zone euro (plan économique et monétaire), de l’espace Schengen (plan de la libre-circulation) et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN – plan militaire).
La France est une puissance européenne :
– Démographie : 633 000 km2 (1er pays de l’UE) pour 68 millions d’habitants (avec l’Outre-mer = 2ème pays de l’UE derrière l’Allemagne) ;
– Economie : 2ème puissance de l’UE et Zone économique exclusive (ZEE) la plus étendue d’Europe ;
– Politique : +10% des sièges du Parlement européen et héberge certaines institutions à Strasbourg (« capitale européenne » avec Bruxelles).

2. Enjeux et défis de l’intégration européenne

L’intégration européenne est le processus par lequel les Etats européens se rapprochent les uns des autres dans le but d’intensifier les échanges de réduire les entraves à la circulation des personnes, biens et services  c’est un processus d’intégration régionale (ou régionalisation) : rapprochement entre des nations pour supprimer les entraves à la liberté de circulation et faciliter les échanges. La « région » est ici un périmètre d’envergure supranationale.
Le but de l’intégration est de favoriser la paix et le développement économique sur le continent européen. Ces échanges sont possibles du fait de :
– l’amélioration des infrastructures de transport ;
– l’amélioration des réseaux de communication ;
– la suppression des barrières douanières et des contrôles aux frontières à l’intérieur de l’espace Schengen (frontières pas abolies mais constituent de plus en plus des interfaces).
L’Europe attire de nombreux migrants fuyant la guerre ou la pauvreté. Depuis 2015, c’est le cas des Syriens. Les accords européens exigent qu’une demande d’asile soit déposée dans le pays d’arrivée. Or les pays d’entrée (surtout Grèce et Italie) font face à un afflux de demandes. Les migrants économiques ont quant à eux comme objectif un pays différent de celui dans lequel ils arrivent (pays de transit).

3. L’Union européenne, un acteur clé de la gouvernance

L’UE est un acteur clé de la gouvernance en Europe. Les instances n’ont pas de pouvoir de décision (souveraineté nationale) mais elles ont une influence importante : les directives européennes définissent les priorités et les normes applicables dans les pays membres.
C’est le cas dans le domaine de l’énergie : la Direction « Efficacité énergétique » fixe en 2018 l’objectif de réduire la consommation énergétique de 32,5% d’ici à 2030 en diminuant l’usage des énergies fossiles (renforcement depuis les sanctions adoptées à l’égard de la Russie à partir de 2022).
Le principe de subsidiarité réserve à l’échelon supérieur (UE) uniquement ce que l’échelon inférieur (Etat, Région…) ne pourrait effectuer que de manière moins efficace. Cela modifie les modes de gouvernance. Les régions sont mises en avant comme étant l’échelon institutionnel de référence et l’UE intervient surtout via la redistribution des fonds européens aux régions.
La Politique de Cohésion vise à réduire les écarts de développement entre les régions. C’est la principale politique de l’UE en matière territoriale. Elle s’exerce via le Fonds européen de développement régional (FEDER) qui permet de financer des projets d’aménagement et de développement territorial.
L’intégration européenne passe par le développement de la coopération entre les Etats membres :
– Sécurité : politique commune de défense et d’accords de police (Europol) ;
– Education : échelons institutionnels dont dépendent les universités coopèrent (Etat en France, Länder en Allemagne…) avec la participation directe des établissements concernés (cas du programme Erasmus).
L’UE promeut surtout la coopération interrégionale : interaction directe entre régions appartenant à des pays membres différents autour d’un projet commun  programmes Interreg recouvrent et financent en partie l’ensemble des projets de coopération qui impliquent plusieurs régions de l’UE voire des régions de l’UE et une ou des régions de pays frontaliers.
C’est le cas des eurorégions. Ce sont des espaces de coopération entre des collectivités territoriales situées de part et d’autre d’une frontière entre des Etats membres  exemple : la « Grande région » entre la France, l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg. Ici le but est de faire face aux défis de la reconversion des bassins industriels. C’est un territoire où se déplacent de nombreux travailleurs et consommateurs frontaliers. Mais les échanges peuvent être déséquilibrés (exemple : entre la Moselle et le Luxembourg qui concentre les entreprises comme Arcelor-Mittal grâce à une fiscalité attractive).

Focus : l’Europemétropole Lille-Courtrai-Tournai

Elle regroupe les aires urbaines de Lille, Courtrai et Tournai. Ces territoires se sont longtemps tournés le dos. L’Eurométropole crée une nouvelle centralité qui est polarisée par Lille (nœud de transports : TGV, Thalys et Eurostar).
Il s’agit d’un Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) : périmètre où des collectivités territoriales mettent en œuvre un projet commun sans qu’il y ait d’institutions propres. C’est donc une structure souple avec des objectifs larges comme la mise en place de lignes de transport en commun transfrontalières ou la mise en commun d’infrastructures sportives et culturelles.

place de la France europe et monde

place de la France europe et monde

source des illustrations: site du département de Géographie de l’ENS

L’UE est aussi impliqué dans le secteur agricole : Politique agricole commune (PAC) mise en place en 1962. Le but était de favoriser la hausse des productions agricoles dans un objectif d’autosuffisance alimentaire en Europe puis d’imposer à partir de 1984 des quotas pour faire face à la surproduction. Aujourd’hui, le but est le soutien des prix du marché et la participation au développement rural.

II. La France, une puissance mondiale

La France a un rayonnement mondial lié à son influence géopolitique, culturelle et économique.

1. Une influence géopolitique mondiale

Son rayonnement vient de sa place dans :
– le réseau de représentations diplomatiques (organisations internationales) : membre du G20, G7, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, accueille le siège de l’Unesco, accueille la COP21 en 2015 (accords de Paris sur le climat) ;
– sa représentation militaire : son armée se déploie surtout dans le cadre de missions à titre national (exemple : opération Barkhane au Mali de 2014 à 2022) ou international (ONU) ;
– sa présence dans le monde : 2ème ZEE à l’échelle mondiale derrière les Etats-Unis (peut exploiter les ressources halieutiques et souterraines) ; points d’appui privilégiés liés à des relations avec les anciens territoires coloniaux ;
– l’aide au développement : 5ème contributeur mondial (8,6% du total mondial dans l’OCDE)  financement de programmes d’aide par l’Etat, coopérations bilatérales, Opex, Organisations non gouvernementales (ONG) surtout en Afrique et Asie du Sud-Est.

Focus : la présence militaire de la France dans le monde

L’armée française est déployée dans le cadre d’Opex (Opérations extérieures) dans le monde, surtout en Afrique et au Moyen-Orient. Il y a trois missions principales :
-Lutte contre le terrorisme : 1er facteur avec deux missions principales au Sahel (Barkhane) et au Levant (Chammal en Syrie et en Irak) ;
-Lutte contre la piraterie : la Marine nationale assurer la protection des navires de commerce et de plaisance (force Atalante dans le Golfe d’Aden et force Corymbe dans le Golfe de Guinée). Cela permet de sécuriser les espaces maritimes stratégiques ;
-Maintien de la paix : mobilisation à différents endroits (Antilles, océan Indien, Pacifique…) dans le but d’intervenir rapidement et participation de l’armée à des opérations (exemple : contrôle de l’espace aérien de la Baltique, patrouilles en mer en Méditerranée).
Il y a aussi des opérations intérieures (effectifs les plus importants) : plan Vigipirate et lutte contre le terrorisme (renforcés après les attentats de 2015).

2. Le rayonnement de la France dans le monde

Le rayonnement de la France est aussi culturel et touristique :
– 1ère destination mondiale pour les visiteurs étrangers ;
– Paris : lieu de culture et de création artistique : musées réputés mondialement, salles de spectacles, monuments, accueille de grands événements (Foire Internationale d’Art Contemporain, Jeux Olympiques 2024…) …
 Patrimoine extrêmement riche avec de hauts lieux historiques et touristiques, des paysages valorisés ainsi que par une production culturelle dynamique dans l’ensemble des arts.
Ce rayonnement se diffuse à travers le cinéma : les films sont soutenus par les pouvoirs publics au nom de « l’exception culturelle » française face aux superproductions hollywoodiennes (exemple : Festival de Cannes).

Focus : les Tour Eiffel dans le monde

La Tour Eiffel est un symbole mis en scène en réduction à plusieurs endroits dans le monde.
Ces copies sont des imitations en réduction qui se veulent fidèles à l’original (exemple : à Las Vegas). Des tours ou pylônes métalliques de toutes natures (télévisions, relais téléphoniques…) s’inspirent de sa forme.

Cette exception culturelle se retrouve dans la gastronomie, classée au Patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Il y a aussi un rayonnement universitaire (même si peu représenté dans les meilleurs classements internationaux). La France compte 15 médailles Fields (recherche en mathématiques) et 62 prix Nobel (exemples : Marie Curie, Albert Camus…).
La francophonie correspond à l’ensemble des régions francophones de la planète. C’est un vecteur de rayonnement entretenu par l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) : Radio France International (RFI), France 24, TV5 Monde.

Focus : la francophonie

Elle compte 300 millions de personnes dont 235 locuteurs quotidiens. Comme réseau institutionnel, la Francophonie compte 88 Etats.
L’OIF a été créée en 1970 dans le but de promouvoir la langue française et les relations de coopération entre les Etats francophones. Son action s’appuie sur la Charte de la Francophonie adoptée en 1997 au Sommet de Hanoi.

La présence des expatriés (1,7 millions de personnes inscrites sur les registres des consulats) est le résultat de la présence d’entreprises et de représentations diplomatiques et militaires françaises partout dans le monde. Cela entretient les réseaux francophones dans l’enseignement (Lycées français de l’étranger et Alliances françaises) et dans la culture (Centres culturels français).

3. L’économie française, un facteur de la puissance dans la mondialisation

Les systèmes productifs français sont bien insérés dans mondialisation. L’ouverture mondiale passe par la présence des produits industriels et des services français dans les échanges internationaux mais aussi par l’attractivité de la France pour les investisseurs étrangers.
C’est le cas du nucléaire : Ourano (multinationale française du secteur de l’énergie, nouveau nom de la branche nucléaire d’Areva) est l’un des principaux acteurs mondiaux  activité concentrée à 75% en Europe mais très présente en Afrique (extraction d’uranium) et en Asie (équipe les marchés de la Chine et de l’Inde en centrales nucléaires civiles).
La France exporte des biens manufacturés à haute valeur ajoutée.
C’est le cas du secteur du luxe (exemple : Louis Vuitton en Asie et au Moyen-Orient) ou des produits agricoles comme le vin.
A l’inverse, la France accueille de nombreuses grandes entreprises étrangères qui y installent leur siège européen voire y localisent des activités productives. Il s’agit du 6ème pays européen en matière d’attractivité pour les IDE et le 1er en nombre d’implantations industrielles d’entreprises étrangères en 2021. Ces groupes bénéficient de la centralité parisienne, de sa place financière et de la concentration de sièges à La Défense. Les principaux partenaires de la France en matière d’IDE sont les pays développés (3/4 du volume) notamment européens, mais les marchés émergents sont en forte croissance.
Mais le pays attire aussi des activités de recherche et développement. C’est le cas dans le domaine pharmaceutique avec l’accroissement de la présence de laboratoires (exemple : suisse Novartis en Alsace).
Cette attractivité est servie par une bonne connexion sur le marché français aux autres marchés mondiaux : circulation des informations et des capitaux (réseaux de communication puissants et présence d’une place boursière importante à Paris), transport des marchandises et des personnes (infrastructures performantes, hub aéroportuaire de premier plan à Paris, grands ports comme Dunkerque, Le Havre ou Marseille et ceux de la Northern Range).
Enfin, cette attractivité s’appuie sur la compétitivité de ses territoires à des échelles plus fines. Des régions sont très dynamiques : Ile-de-France, région lyonnaise (sièges de banques ou entreprises du secteur de la chimie et de la pharmacie). Elle s’appuie aussi sur les métropoles, notamment celle de Paris qui est une ville globale et le seul lieu de commandement de la mondialisation en France.

Pour illustrer cette fiche, un croquis de synthèse sur « Les leviers de la puissance de la France dans le monde » réalisé par le cartographe indépendant Christophe Chabert.

Conclusion

La France est une puissance européenne et mondiale (économie, politique, culture) :
– Echelle européenne : elle participe activement à la construction institutionnelle et à la définition des priorités communautaires ;
– Echelle mondiale : elle est activement présente dans la gouvernance internationale et son économie est insérée dans les échanges dans les échanges de marchandises, d’informations et de personnes.