Cette fiche de lecture porte sur un manuel publié en 2009 alors que le sujet d’agrégation externe portait sur « Rome et l’Occident (IIe siècle avant J.C.-IIe siècle après J.C.) ». Tout ce que contient Gouverner l’Empire n’est donc pas utile à la question de CAPES externe 2023-2024. Néanmoins, elle fournit des rappels nécessaires à connaître sur l’histoire de la conquête territoriale de Rome et sur l’administration d’un empire en formation, bien avant l’âge du Principat d’Auguste ou de la Pax Romana. La fiche déborde également sur le IIe siècle de l’ère conventionnelle qui fait partie des nouvelles questions. Les candidats pourront donc se référer à ce travail pour sélectionner des informations utiles et remettre à jour des connaissances utiles sur la période qui précède la question travaillée.

Introduction. Gouverner l’Empire : les modalités de l’emprise de Rome sur l’Occident, Frédéric Hurlet

En 2008, dans Les Empires. Antiquité et Moyen Âge. Analyse comparée, Frédéric Hurlet dirigeait une étude comparative du fonctionnement de 10 empires d’époques antique et médiévale. Les études ont fait apparaître que ceux-ci combinent et articulent d’une manière et sous une forme propres à chacun 5 traits communs :
– La maîtrise et le contrôle d’un espace étendu qui est marqué par une diversité ethnique n’excluant pas une identité impériale ;
– Le sentiment d’une continuité historique ;
– L’existence d’un pouvoir central passant par le commandement militaire, la délégation de compétences et l’alliance avec des pouvoirs locaux ;
– La mise en relation centre-périphérie ;
– Les prétentions à l’universalisme.

La longue durée donne donne sa dynamique au sujet. Elle permet de mieux saisir le processus de formation de l’Empire romain d’un point de vue structurel et dans sa globalité. Le thème central est celui du fonctionnement de l’Empire dans sa partie occidentale: une efficacité qui étonne. Le gouvernement de l’empire ne fonctionne qu’avec le soutien d’un réseau de cités qui forment l’infrastructure et pallient le réel déficit du pouvoir central en ressources (notamment humaines). Rome a su convaincre les populations de la soutenir.

Frédéric Hurlet insiste sur la rupture de 27 avant J.C. L’Empire romain ne fut pas administré de la même façon selon que le centre du pouvoir était identifié avec une seule personne en place à vie ou avec un Sénat dont étaient extraits deux consuls et un nombre variable de préteurs. L’un des problèmes fondamentaux est la question de la précocité ou non d’une politique cohérente de Rome à l’égard de ses provinces et du lien qu’il faut ou non établir entre cette question et la nature du régime politique en place à Rome. Doit-on attribuer à la République romaine une pensée structurée en ce qui concerne la gestion de son empire, ainsi que des normes strictes ? ou faut-il attendre Auguste pour assister à un changement important dans l’attitude de Rome à l’égard des provinciaux, et à une préfiguration du régime impérial ? la période républicaine n’est-elle qu’un préliminaire aux changements d’époque césarienne ?

On répète souvent que la République a conquis un empire sans prévoir dans le même temps les structures pour l’administrer efficacement. Cette idée est à revoir. A l’époque républicaine, l’Empire ne se limite pas dans l’esprit des romains aux seules provinces fixes et s’étend aux Etats clients. L’imperium populi romani doit être défini au départ comme le pouvoir exercé par le peuple romain sur un espace, davantage que comme une entité territoriale. Réelles spécificités donc à l’époque républicaine en matière d’administration de l’espace.

Ceci évolue avec le passage d’une République sénatoriale marquée par une forte concurrence au sein de l’aristocratie romaine à une monarchie dynastique. Cette évolution est aussi celle des relations entre Rome et l’Occident. Le régime impérial renforce la continuité et la cohérence de l’action de Rome en mettant un terme à l’instabilité et en donnant un centre unique bien identifié. Après 27, il n’y a plus de patrons sénateurs ou d’imperatores, mais un seul empereur. Une nouvelle évolution a pris place : Rome ne gouverne plus un espace, mais une entité territoriale formée d’un ensemble continu de provinces. L’imperium des magistrats devient l’imperium romanum avec au centre la Ville et l’Empereur. Avec en parallèle de nouvelles formes de loyalisme, d’intégration, d’acceptation, d’unanimité autour du prince qui dépasse le cadre de la vie politique à Rome pour créer une solidarité entre les différentes parties de l’Empire.

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