Contestations et échecs réformateurs dans la France du XVIIIe siècle
I) Les ruptures de la régence (1715-1723)
1) La restitution du droit de remontrance aux Parlements (1715)
– À la mort de Louis XIV, le royaume était endetté de deux millions de livres. Son testament indiquait la mise en place d’un « conseil de régence », sorte de cabinet de gouvernement pour prendre les décisions. Mais le Parlement cassa le testament, car il était contraire aux lois fondamentales qu’un roi déterminât l’organisation du pouvoir de son successeur. Le Parlement cherchait l’appui du régent Philippe d’Orléans, car depuis 1673, les parlements s’étaient vus imposer l’enregistrement immédiat des décisions royales et un droit de remontrance différé qui lui ôtait sa raison d’être. Le Régent restitua ce droit dès le 15 septembre. Philippe d’Orléans modifia le système de gouvernement, à travers six conseils (« polysynodie » selon l’abbé de Saint-Pierre). Formés de ducs, de maréchaux et d’officiers généraux, ils préparaient les dossiers présentés devant le conseil de régence dominé par Philippe d’Orléans. L’administration était composée de bureaux et de commis, qui assuraient la continuité des services.
2) L’impopularité du pouvoir politique et financier (1720)
– L’échec de la polysynodie (le Régent révoqua les conseils pour exercer un pouvoir autoritaire, avec son ami l’abbé Dunois s’occupant des affaires étrangères) vint de la structure essentiellement aristocratique et militaire, qui redonnait à la noblesse de cour l’importance que Mazarin et Louis XIV lui avaient enlevée. Dans le domaine fiscal, des mesures drastiques furent prises pour réduire les dépenses de l’État, mais cela ne suffit pas au redressement financier. John Law proposa de créer une banque de dépôt, échangeant la monnaie métallique détenue par les particulier, lourde et peu pratique dans les échanges, contre une monnaie de papier. Devenue Banque royale en 1718, la Banque de Law émit des billets en livres tournois, dont l’usage fut rendu obligatoire pour les transactions supérieures à 600 livres, du moins dans les villes où elles possédait un guichet (Paris, Lyon, La Rochelle, Tours, Orléans, Amiens). Law absorba aussi les compagnies de commerce colonial (Sénégal, Chine, Indes orientales) au sein d’une seule et unique Compagnie des Indes, avec le monopole de la traite des Noirs. Le « système » de Law fonctionnait sur la base de la confiance que les investisseurs accordaient aux actions de la Compagnie des Indes et aux billets de la Banque Royale. Mais le système s’effondra par la baisse des actions et de la valeur des billets, provoquant des émeutes de personnes cherchant à récupérer de la monnaie contre leur billets. John Law tenta de s’enfuir mais son carrosse fut mis en pièce. Des mesures énergiques maintinrent le calme dans les villes concernées : les marchés furent approvisionnés et les prix alimentaires restèrent stables.
Vous souhaitez lire la suite ?
Actifs dans le débat public sur l'enseignement de nos disciplines et de nos pratiques pédagogiques, nous cherchons à proposer des services multiples, à commencer par une maintenance professionnelle de nos sites. Votre cotisation est là pour nous permettre de fonctionner et nous vous en remercions.