Cette fiche pose clairement au propre les exigences de rigueur pour la méthode de la dissertation d’histoire à l’agrégation. 

Sources :

I. La nature et les attendus de l’épreuve

Une dissertation est avant tout une démarche intellectuelle, une démonstration logique. Un sujet précis est imposé : il s’agit de le problématiser (=montrer qu’il comporte un problème) et de développer à l’écrit un raisonnement argumenté et structuré qui va traiter de ce problème (et pas d’un autre : sinon, on fait un hors-sujet). La problématique qui a été mise en lumière détermine toute l’argumentation et tout le plan de rédaction. Il ne s’agit donc pas de réciter des connaissances, mais d’organiser un raisonnement dynamique et organisé (comprenant une introduction, un développement, une conclusion, accompagnés de productions graphiques) autour des causes, des conditions, des facteurs, des évolutions, des mutations, des conséquences. La problématisation du sujet est centrale : c’est elle qui permet la rédaction qui va répondre à la problématique.

La règle essentielle est de toujours raisonner en historien, c’est-à-dire ne jamais perdre de vue 1) l’explication des événements connus par le biais de leurs sources subjectives et 2) leurs conséquences sur des individus ou des groupes sociaux.

L’histoire est une science humaine : si les faits passés et clos ont une importance première, et s’il faut les raconter, il faut aussi expliquer comment les événements ont participé à la structuration des sociétés en tenant compte des différentes tendances historiographiques (histoire politique, nouvelle histoire économique, histoire des relations internationales, histoire des représentations, histoire des genres, histoire de l’environnement, enjeux de mémoires…).

II. L’introduction

L’introduction doit partir d’une accroche pertinente pour aller vers une définition précise et claire du sujet débouchant sur une problématique puis l’annonce du plan.

L’accroche consiste à introduire le sujet. Elle peut prendre des formes variables : les faits d’actualité, une anecdote, ou encore une référence scientifique ou culturelle liée évidemment au sujet. Eviter les généralités comme « Paris et le désert français » de Jean-François Gravier….

La définition des termes du sujet ne doit laisser aucun élément dans l’ombre. La première chose à faire est de bien lire (relire, et même réécrire) le sujet. Aucun des termes n’a été choisi au hasard. Ils ont tous un sens et une utilité précise. Il faut donc commencer par y réfléchir.

Tout dans le sujet est important : le choix des mots-clés et des concepts ; l’ordre dans lequel ils sont présentés ; l’emploi du singulier ou du pluriel ; le ou les mots de liaison.

Il faut d’abord s’intéresser aux mots-clés qui doivent être compris et définis précisément à l’aide de connaissances solides. L’ordre dans lequel ils sont présentés a aussi son importance : on insistera généralement davantage sur le premier que sur le second (exemple : La mer en Asie du Sud-Est, La géopolitique de l’Europe depuis 1945, Faire la guerre au XVIIe siècle…).

Il faut aussi faire très attention aux singuliers et aux pluriels, comme dans Le roi absolu et les religions en France au XVIIe siècle ou Les formes du terrorisme depuis 1991. Le pluriel invite souvent à multiplier les différences, alors que le singulier insiste sur un modèle unique, un idéaltype.

Il faut enfin prendre garde à la ponctuation et aux mots de liaison : « et », « ou », « dans » ne signifient pas la même chose. La forme affirmative ou interrogative doit également être prise en compte, de même que la présence de guillemets qui suppose qu’une expression particulière est utilisée.

Exemple pour le sujet « Seigneurs et paysans, XIe-XIIIe siècles »

Ici, le sujet suppose de faire une comparaison dynamique des seigneurs (au pluriel, donc de différents types, différents niveaux, différentes hiérarchies) et des paysans (au pluriel également, donc de différentes valeurs, différentes représentations, différentes activités) sur une durée de 3 siècles. Il y a donc à la fois des choses qui évolueront, et d’autres qui ne changeront pas, et il faudra parler des deux. De plus, il faut traiter des deux figures en relation l’une avec l’autre (c’est le sens du « et »). L’un n’existe pas sans l’autre.

Les risques seraient donc de voir d’abord les seigneurs, puis les paysans, et de penser que rien ne change pendant 3 siècles. Le sujet n’aurait donc pas été compris.

Il est ensuite nécessaire de procéder à une analyse rigoureuse de ce sujet, en citant si possible des auteurs. Les concepts (« Etat », « Nation », « Représenter »…) relèvent d’une historiographie à connaître et certains doivent être définis dès l’introduction.

Exemple pour le sujet « Défendre la République, 1815-1914 »

Ici, le sujet invite à étudier une contradiction : étudier une minorité politique qui défend un modèle civique dans une France qui a une forme tout à fait différente, puis une majorité qui doit résister à de puissants courants contraires. Il s’agit de montrer les pensées et les actions souterraines ou secrètes des républicains pour renforcer et solidifier le régime du « Progrès » alors qu’en 1815 et 1914, la France est dirigée par des rois, des empereurs ou des présidents réactionnaires qui rejettent évidemment la forme républicaine. Il faut s’interroger sur la capacité des républicains à diffuser leurs idées, à mobiliser les foules, à organiser des révolutions, à dresser un bilan de leurs réussites ou de leurs échecs, et de traiter également de leur surveillance et de leur répression.

Il est nécessaire de vérifier qu’on a bien délimité le sujet à la fois chronologiquement et géographiquement. Si le sujet donne des bornes chronologiques, il faut les expliquer (1815 et 1848) ; si le sujet n’indique pas de bornes chronologiques, il faut en donner et les justifier. L’espace couvert par le sujet doit aussi être précisé (le premier exemple ne donne pas de précision, il peut être nécessaire de dire qu’on se limite à la France dans ses frontières du XIe-XIIIe siècles).

Quand l’énoncé du sujet a été compris dans sa forme, un premier questionnement, c’est-à-dire une première idée de problématique, commence à apparaître. Le sujet est compris, à la fois dans son évolution et ses ruptures ; les mots-clés ont été définis ; la direction (évolution, comparaison, opposition…) a été comprise à partir des mots clés ; les principaux thèmes sont identifiés. A partir de là, il faut réfléchir de manière pertinente à l’écriture d’une problématique.

L’analyse du sujet et de ses enjeux doit conduire à une problématique claire, et une seule, qui doit constituer le fil rouge de la réflexion.

La problématique est l’élément-clé de la dissertation. Elle est le fil directeur du raisonnement et de l’argumentation globale. Le sujet tel qu’il a été écrit comporte un problème caché. Ce problème a été saisi au moment de la réflexion autour des mots-clés. La problématique doit donc mettre en évidence ce problème. Elle ne se contente pas de reformuler le sujet, mais elle découle de la compréhension intelligente du problème qui est lié au sujet. Elle fait immédiatement deviner si le sujet a été compris ou non, si le développement sera hors-sujet ou non. La qualité de la problématique est le meilleur indice de la réussite ou non du travail réalisé.

La qualité de cette problématique dépend de la qualité des connaissances personnelles. Un candidat sans connaissances cherchera à étirer la problématique vers le peu qu’il connaît, quitte à être hors-sujet ; un candidat qui sait beaucoup de choses pourra à l’inverse écrire une problématique trop large pour pourvoir dire un maximum de connaissances, mais il oubliera le sujet d’origine ; le bon candidat sélectionnera ses connaissances en fonction du sujet qu’il doit traiter. Il donnera une direction précise et cohérente pour poser une question précise, et apportera des raisonnements utiles à la construction de sa réponse.

Il ne cherchera pas à tout dire, il choisira au mieux parmi ses connaissances.

La problématique doit être écrite sous forme de question. Elle reprend les mots-clés du sujet et elle reflète les différents enjeux qui ont été étudiés pour mettre en évidence toute l’étendue du problème. Il faut éviter l’enchaînement de deux ou trois problématiques ou le catalogue de questions.

Pour simplifier cette problématique unique, il peut être utile d’écrire juste avant une ou deux phrases qui vont donner de la profondeur au problème principal.

Exemple pour le sujet : « Représenter et contester le pouvoir de l’Etat »

« C’est en dépassant ses contestations que l’Etat peut se moderniser. En somme, l’affirmation de l’Etat absolu et sa dénonciation sont deux phénomènes conjugués qui ne peuvent se passer l’un de l’autre. Il nous faut donc comprendre les liens entre la représentation et la contestation du pouvoir de l’Etat à partir des transformations absolutistes dans l’Angleterre de Charles Ier critiqué dès la réunion du Long Parliament (novembre 1640) et dans la France à la mort de Richelieu (décembre 1642), jusqu’aux difficultés des deux royaumes qui subissent la violence des non-représentés dans les colonies et dans les cours souveraines, tout au long des années 1770.
=> Dans quelle mesure les représentants de l’Etat sont-ils acceptés ou contestés par les sujets, et quelles relations le souverain est-il prêt à entretenir avec d’autres formes de représentation que celles qu’il a lui-même décidées ? 

Le sujet lui-même ne peut pas tenir lieu de problématique, même lorsqu’il se présente à la forme interrogative. Il faut présenter une lecture historique du sujet, défendue et justifiée.

Exemple pour le sujet « Représenter la Nation en France (1789-1914) »

Le cœur du sujet porte ici sur l’incarnation concrète et théorique de la Nation, définie par Jean-François Caron comme un peuple organisé politiquement (contrairement au « peuple », qui désigne simplement une catégorie ethnographique rassemblant sur un même territoire une population unie autour d’une origine commune, d’une langue ou d’une religion). La « Nation » s’incarne dans un chef et une assemblée à qui le peuple a confié sa souveraineté pour qu’il l’exerce en son nom.
Mais en France, le trop grand nombre de citoyens ayant accès à l’expression politique à partir de la Révolution empêche chacun de participer directement à l’exercice du pouvoir. Ils doivent donc être « représentés ». Le verbe « représenter » possède à ce titre plusieurs sens, définis dans un important article historiographique de Roger Chartier (« Le monde comme représentation », Annales ESC, 1988) : il signifie « s’exprimer au nom de » (puisque la Nation s’exprime par la voix de ses délégués/représentants) ; il signifie aussi « donner à voir une absence », c’est-à-dire figurer une idée qui n’est pas physiquement présente, mais qui est suggérée dans des tableaux, des statues, des bustes, des symboles…
=> Comment les différentes expériences visant à représenter la Nation entre 1789 et 1914 ont-elles permis d’intéresser les citoyens à l’exercice du pouvoir politique, et jusqu’à quel point ont-elles donné l’image d’une Nation unie ? 

L’annonce du plan est entièrement rédigée sous formes de phrases qui s’enchaînent logiquement. Elle consiste à proposer deux ou trois parties qui constituent l’armature du développement.

III. Le développement

La dissertation d’histoire n’est pas une simple énumération de données factuelles : c’est une démonstration articulée autour de 2 ou 3 parties, composées elles-mêmes de sous parties qui s’enchaînent de façon logique et cohérente.
Il vaut mieux traiter les sujets en 3 parties plutôt qu’en 2. Un plan en 2 parties manque généralement de nuances : il oppose trop simplement deux points de vue et ne témoigne pas d’une grande recherche. Un plan en 3 parties est en revanche plus construit, plus subtil, plus approfondi. Il permet plus habilement de croiser des informations qui se complètent sans se contredire.
Cette démonstration est basée sur un plan solide et cohérent répondant de manière argumentée à la problématique. Il ne doit pas dissocier les termes du sujet (ex pour un sujet sur « Seigneurs et paysans » : I/ Seigneurs II/ Paysans).

Le plan

Le plan est construit à partir de la problématique, il en constitue une réponse. Les titres de chaque partie doivent donc permettre de répondre à la problématique.

Si une dissertation est une démonstration, cela signifie que chaque élément doit faire naître la suite. Ainsi, le sujet a fait naître un problème, puis une problématique. La problématique fait naître un plan. A partir de là, la logique doit organiser tout le raisonnement. Une 1ère partie va logiquement amener à une 2e partie, qui va amener logiquement à une 3e partie.

Quand les trois grandes parties sont choisies et organisées de manière logique, il faut bâtir le plan plus détaillé. Là encore, la 1ère sous-partie doit amener la 2e sous-partie, qui amène la 3e sous-partie. La 1ère idée de la sous-partie doit conduire à une 2e idée qui la complète ou la prolonge, puis à une 3e idée qui termine le raisonnement, avant de passer à la sous-partie suivante, et ainsi de suite. Toutes ces étapes se répètent et s’enchaînent pour former un véritable système. 

Exemple pour le sujet : « La France à la fin de la Seconde Guerre Mondiale (1944-1946) »

Le sujet appelle un plan analytique : un tableau de la situation de la France entre 1944 et 1947, période de fin de guerre (à partir de la Libération) et jusqu’à la reconstruction politique (Constitution de la IVe République). Trois thèmes sont proposés, qui s’enchaînent entre eux pour montrer un tableau du territoire, de la population, de l’économie, de l’organisation de l’Etat. A l’intérieur de chaque partie, on peut intégrer ensuite des sous-parties chronologiques (exemple dans la 1ère partie).

I. La Libération du territoire et des populations occupées 
II. Une société affaiblie mais dynamique, une reconstruction rapide
III. Une vie politique renouvelée et dominée par les anciens résistants

Quand les trois grandes parties sont choisies et organisées de manière logique, il faut bâtir le plan plus détaillé. Là encore, la 1ère sous-partie doit amener la 2e sous-partie, qui amène la 3e sous-partie. La 1ère idée de la sous-partie doit conduire à une 2e idée qui la complète ou la prolonge, puis à une 3e idée qui termine le raisonnement, avant de passer à la sous-partie suivante, et ainsi de suite. Toutes ces étapes se répètent et s’enchaînent pour former un véritable système. 

Exemple pour le sujet : « Mer et mondialisation en Asie du Sud-Est »

Dans quelle mesure la présence de la mer est-elle à la fois une opportunité et un défi pour les Etats d’Asie du Sud-Est, et pourquoi est-elle d’un intérêt de plus en plus essentiel pour les autres nations ?

I. La mer a un intérêt vital : l’Asie du Sud-Est a forgé son unité et son développement à partir de la mer
A. Un espace vaste mais hétérogène, et des rives mises en contact (échanges nombreux)
B. Un espace-ressources utilisé par les populations locales et mondiales
C. Plusieurs civilisations au cours de l’histoire ont profité de la mer et se sont répandues

II. La mer relie et ouvre à la mondialisation
A. Le cœur du trafic maritime mondial 
B. Des relations maritimes qui profitent seulement à quelques ports dans une compétition mondiale
C. Les ports secondaires s’équipent néanmoins et animent le trafic intrarégional

III. Un espace menacé et à protéger
A. L’appropriation des mers par les Etats riverains contredit le principe de liberté des mers
B. Les interventions pour sécuriser la mer
C. La pollution et la protection, pour la durabilité

Il ne suffit donc pas de disposer de connaissances, il faut aussi les organiser de manière logique. Cette logique, cette succession d’idées, d’arguments et d’exemples qui s’enchaînent, forment alors toute la trame de la dissertation. Ce plan au brouillon fait la différence entre un plan logique et plan à tiroirs, où on colle des thèmes qui se suivent sans entretenir aucun rapport entre eux. Si les thèmes n’ont aucun lien entre eux, la démonstration n’est pas bien bâtie. Elle ne répondra pas vraiment à la problématique.

L’objectif est donc de sélectionner les seules connaissances et informations utiles pour répondre à la problématique, par l’intermédiaire des thèmes des parties et des sous-parties. 

Voici un tableau récapitulatif des types de sujets que l’on peut retrouver dans les rédactions d’histoire :

Sujet Type Exemple
Causes/Conséquences Thématique Les causes et les conséquences économiques et sociales de lacolonisation grecque aux époques archaïque et classique
Tableau Thématique La France pendant l’entre-deux guerres
Bilan Thématique L’Allemagne à la fin de la Seconde Guerre Mondiale
Comparaison Thématique La Renaissance en Italie et la Renaissance en France
Événement Évolutif Le massacre de la Saint Barthélémy (1572)
Évolution Évolutif De l’apogée de l’Empire Romain à sa chute en 476
Biographie Évolutif Vie et règne Louis XIV

 

Les principaux types de plan en histoire

Le plan chronologique suppose l’analyse d’une succession d’événements (continuités et ruptures), mais surtout des facteurs d’explication des évolutions et des changements. Quand il s’agit de traiter une longue période, un découpage, justifié par l’enchaînement logique de grandes phases homogènes, doit être mis en place. Il est utile de réfléchir en amont à ces découpages et à leurs justifications.
Le plan thématique suppose que l’analyse du sujet a fait l’objet d’un tri et d’un classement des informations selon une grille de thèmes bien adaptés au sujet. Ce type de plan est l’aboutissement d’une démarche de synthèse. Il ne supprime pas la chronologique, qui est insérée à l’intérieur des sous-parties. Il faut également faire attention à ne pas en faire un plan à tiroirs, où les parties s’enchaînent mal et se contentent d’être juxtaposées sans être articulées.
Le plan chrono-thématique est une synthèse des deux précédents. 

 

Exemple : plan détaillé du sujet « S’opposer au pouvoir dans le monde romain »

Pourquoi la diffusion de la domination romaine entre 70 avant J.C. et 73 après J.C. a-t-elle produit de nombreuses marques d’opposition, à Rome et dans les provinces, et ces oppositions ont-elles représenté de vrais dangers pour la stabilité du pouvoir romain ?

I. Malgré la force du pouvoir romain, l’opposition est courante. Il y a un climat d’opposition et des opposants. Pas d’unanimitas

A. Résistances provinciales aux conquêtes

  • Au moment de la conquête ou de la pacification, des peuples refusent de se soumettre, défendent leurs terres, leurs habitudes, leur liberté, contre l’envahisseur : les gaulois ; les Astures et les Cantabres ; les peuples des Alpes ; les Bretons ; les peuples germaniques ; les Parthes aux frontières qui tuent un consul.
  • Parfois, cette résistance est menée par un chef majeur, de différents types, mais avec un thème commun : la liberté. Ce sont Vercingétorix le chef élu en -52 ; le roi Mithridate et les grecs jusqu’en -63 ; la reine Boudicca en 60. Ou ce sont des pérégrins qui ont reçu la citoyenneté romaine : Arminius massacre trois légions à Teutobourg en 9 ; Cerialis en 69-70.
  • D’autres motifs plus particuliers : la religion. Cas en Judée. Climat avec les zélotes et les sicaires, qui refusent de s’allier avec l’envahisseur, de faire le culte impérial. Ils tentent d’assassiner les juifs qui collaborent avec les romains, dont Hérode. Tuent les élites juives au poignard. Encore plus quand ce sont les préfectures et procuratelles. Et quand Caligula veut mettre sa statue dans le temple ; et pendant la guerre des Juifs.

B. Oppositions à Rome même

  • Catilina en -63
  • Les oppositions entre familles romaines. La naissance des partis au Sénat et aux comices : les populares et les optimates. Avec les clients. Ne pas se laisser aveugler par les triumvirats et les mariages. Il y a des oppositions sourdes qui sont bien en place.
  • La course aux honneurs crée une compétition pour les magistrats. Compétition entre élites car beaucoup de charges basses mais seulement deux consuls.

C. Les guerres civiles et leur effet dans tout l’empire

  • César dès -49. Pour défendre les tribuns agressés à Rome. Il poursuit Pompée et les pompéiens : Pharsale, Thapsus, Munda. Tué, c’est son fils et héritier qui continuent l’opposition avec les pompéiens. A la fin, victoire de l’un des partis.
  • Opposition ensuite entre ses deux héritiers. En Italie et dans l’empire, à Pérouse et Actium. Cela est minimisé par le mythe de la restauratio, effet de source jusqu’à Tite-Live, Strabon, Dion Cassius
  • Comment savoir qui représente le pouvoir romain ? en 49 c’est Pompée, car César est déclaré ennemi public par le Sénat. Mais le Sénat fuit avec Pompée et César s’empare du pouvoir, place ses clients. En 43 Antoine est ennemi public à Pérouse ; en 36 c’est Sextus Pompée ennemi public à cause de ses actes de piraterie ; en 32 c’est Antoine le traître, le prince oriental. En 68 Néron. Marqué par la damnatio memoriae.

II. L’opposition en action
A. L’emploi de la violence 

  • Dans le cas des provinciaux, résistance armée. Massacre des citoyens romains à Délos par Mithridate, à Orléans en 52, à Londres et à Colchester en 60. Puis des batailles rangées entre les armées pérégrines et les légions. Punition alors. Les légions sont mieux formées. Mais quelques victoires des pérégrins : Gergovie, Teutobourg. Des résistances plus longues aussi : la Sardaigne, les Astures et les Cantabres, les Parthes.
  • Entre romains, ce sont des légions qui s’affrontent : César et ses 10 légions, les 300 000 soldats en 31, et les 300 000 auxiliaires. Impressionnant. Massacres à Actium.
  • Dans tout l’empire. changement d’échelle. Les guerres entre les triumvirs se déroulent partout. Les armées parcourent l’empire et font régner l’ordre de leur imperator.

B. Le ralliement d’une partie des provinces

  1. La concurrence entre les magistrats romains dépasse les frontières de la cité. César a une légion de gaulois ; Pompée a des espagnols. Poids des provinces : Marseille soutient Pompée et gêne l’avancée de César ; résistance de l’Espagne avec beaucoup de clients ; résistance de l’Afrique.
    – Oppose l’Orient et l’Occident. La Grèce, l’Asie et l’Egypte avec Antoine, Octave a le reste pendant les guerres civiles. Ensuite plus uni sous l’Empire
    – Oppositions à l’intérieur des provinces aussi, entre les partis. En Gaule, entre Lyon et Vienne, entre les Lingons et les Eduens… cas avec Vindex.

C. La violence politique vient de l’intérieur (spécifique à l’Empire)

  • Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, renforcent le pouvoir personnel. Ils font taire les oppositions des sénateurs ou des chevaliers, bref de l’élite, et assassinent.
  • Complots familiaux. Claude empoisonné par Agrippine la Jeune pour placer Néron.
  • Rôle des prétoriens et de l’armée. Ils assassinent les empereurs : en 41 Caligula, en 68-69 assassinent Galba puis Othon.

III. Cela met-il en danger la stabilité de Rome ?
A. Les révoltes provinciales sont rapidement matées (différencier quand même la nature des révoltes, qui n’entraîne pas la même réponse)

  • Les révoltes provinciales sont vite tues, par des légions supérieures. Peut durer un peu longtemps mais réussit toujours : Bretagne, Judée, car elles sont politiques et/ou religieuses. Celles-ci réunissent de nombreux partisans. Expliquer un peu : pillage des terres des Icéniens, vol par Néron…
  • Les révoltes se font souvent contre les recensements, mais c’est peu cité dans les sources, donc probablement peu de grabuges
  • Les principales révoltes sont de nature fiscale. Lié aux conséquences de la fiscalité romaine (crée un tribut alors qu’avant on ne payait rien ; augmente parfois le tribut ou le rend obligatoire alors que ce n’était pas prévu ; fixe les peuples sur un territoire ; oblige à s’endetter). Entraîne les révoltes : contre Salluste et Licinius sous César, contre Tibère en 21, des Frisons en 28. Envoi des légions, sans inquiéter Rome. Même pas toujours des légions, juste des cohortes ou un légat.

B. Les guerres civiles

  • Danger qui vient de l’extérieur et frappe le centre romain. l’opposition part des provinces (Gaule) et rejoint le centre. Elle aboutit à la fin de la République après des années de violence. Fin de la constitution mixte. Déjà commencé avant. Donc aussi une opposition venue de l’intérieur et des failles du système républicain : la compétition dans la carrière des honneurs
  • Ne concerne que des citoyens dans cette course aux honneurs. Les provinciaux ne sont que des auxiliaires. Ce sont des querelles individuelles qui prennent appui sur les provinces conquises par les imperatores
  • Provoque la fin de la République, mais crée aussi un nouveau régime : l’Empire. la restauration augustéenne, une monarchie républicaine. Donc menace des guerres civiles sur Rome, mais permet une mutation du régime politique qui se renforce en changeant, après 20 ans de guerre civile. Ce sont les survivants qui perpétuent Rome. Rome a résisté.

C. L’année des quatre empereurs (69) : un cas particulièrement dangereux

  • Expliquer. Commence à Lyon, puis Espagne, Lusitanie, Italie, Germanie Inférieure, Egypte, Judée. Tout l’empire est concerné
  • Le péril est plus généralisé. Les batailles ont à nouveau lieu dans tout l’empire mais les provinciaux y sont plus actifs car plus romanisés. A Besançon, Bédriac, en Egypte, en Syrie. Les légions parcourent tout l’empire à marche forcée. La guerre civile n’arrive à Rome que tard, en décembre 69.
  • Le plus grand danger car tout est concerné : les provinces, l’armée, le Sénat, la plèbe. Différents prétendants qui n’ont aucun rapport avec la dynastie impériale. Avec en plus des révoltes dans l’empire : en Judée, en Germanie Civilis, en Bretagne.

Le contenu

Une bonne dissertation présente un équilibre entre une réflexion générale, l’évocation d’auteurs et d’exemples précis.

La réflexion générale s’appuie sur des concepts qu’il faut définir. Il existe en histoire des analyses qui font débat : ne pas hésiter à en rendre compte en les restituant fidèlement, sans négliger évidemment de citer l’auteur et sans déformer sa pensée.

Des livres ou des articles scientifiques peuvent/doivent être évoqués au fur et à mesure de la démonstration. Mentionner un nom d’auteur ne suffit pas, il faut aussi citer l’ouvrage ou l’article qu’il a publié (en respectant les règles bibliographiques), et être capable de le présenter en l’insérant dans un courant historiographique précis. Les citations (apprises par cœur avant l’épreuve) ne sont utiles que si elles servent réellement à la démonstration.

Une dissertation d’histoire ne peut se concevoir sans exemples. Un impératif : dans un raisonnement historique, l’événement ne peut se suffire à lui seul : il est le point de départ d’un raisonnement. Eviter de proposer une succession d’exemples trop nombreux, à la manière d’un catalogue, dont on ne tire finalement rien : mieux vaut quelques exemples bien choisis, bien maîtrisés, bien décris et bien analysés. Même si ce peut être un plus, il n’est pas nécessaire de chercher à tout prix à présenter un exemple original… au risque d’oublier parfois des exemples essentiels et très attendus, parce que connus de tous, mais présentant des enjeux importants et ayant suscité pour cela de nombreux travaux (exemple : la frontière États-Unis / Mexique pour un sujet sur les migrations).

La structure de l’argumentation doit être mise en valeur : phrases d’annonce des plans intermédiaires, résumés et transitions, connecteurs logiques, vocabulaire adapté.

Il faut enfin s’efforcer d’être scientifiquement précis : un événement doit être daté ; un exemple pris dans un ouvrage/article scientifique doit être référencé.

Chaque partie doit être équilibrée.

Exemple : deux sous-parties rédigées sur la désacralisation de Louis XVI au cours de la Révolution française

        Les premières années de la Révolution française illustrent une « désacralisation » du roi. Ce processus aurait commencé le 23 juin 1789, quand Louis XVI annonce la fermeture des Etats Généraux et que Bailly lui a répondu « Il me semble que la Nation assemblée n’a pas à recevoir d’ordres ». Elle se poursuit le 14 juillet quand la décision est prise par l’Assemblée nationale de détruire la prison, symbole du pouvoir absolu et arbitraire du roi. Le 17 juillet, Louis XVI doit participer à une cérémonie à Paris en portant sur son chapeau une cocarde tricolore (symbole de la Nation à Paris) au lieu de la cocarde blanche (royaliste). Le 8 octobre suivant, après la Marche des femmes à Versailles, le « roi de France » devient « roi des Français » par la loi.

        On comprend alors que le roi ait tenté de s’enfuir. Le roi et sa famille quittent les Tuileries à la tombée de la nuit le 20 juin 1791. Ils voyagent en direction de Metz. Ils sont déguisés en valet et en gouvernante : cette mascarade provoque à elle seule, selon Mona Ozouf, « la mort de la royauté » (2005) : la monarchie s’est avilie en se prêtant à cette mise en scène. Mais le roi est reconnu à Châlons-sur-Marne par le maître de poste, dénoncé à la garde nationale, et arrêté le 21 juin à Varennes. La famille est ramenée à Paris sous les sifflets et les crachats des foules populaires.

Idée générale

Argument         

Exemple appuyé sur des connaissances précises 

Vocabulaire/Concept

La présentation et la forme du devoir

Il faut veiller à la lisibilité de la copie. Pour cela, le devoir doit être aéré. Une copie bien ordonnée et bien écrite est plus agréable à lire. L’ensemble du devoir doit être entièrement rédigé, les titres des parties et sous-partie ne doivent pas être apparents mais remplacés par des phrases d’annonce.

  • quelques lignes séparent les 3 grandes articulations (introduction, développement, conclusion) ;
  • le développement lui- même fait apparaître clairement 2 ou 3 parties par un saut de ligne conséquent ;
  • chacune de ces parties comporte des paragraphes ou sous-parties marquées par l’utilisation d’un retrait ou alinéa ;
  • présence de transitions ou de conclusions partielles entre les trois grandes parties : elles doivent servir à revenir au questionnement initial en articulant les arguments.
  • Rappel : la typographie des titres des ouvrages suit une norme : si la dissertation est manuscrite, les titres sont soulignés ; si la dissertation est tapée à l’ordinateur, les titres sont en italique. Les pages peuvent être numérotées pour indiquer au correcteur qu’il ne faut rien oublier, surtout si la conclusion a été écrite sur une feuille à part.

Le développement se rédige directement au propre

Le plan (plus ou moins détaillé) a été fait au brouillon : cela suffit. Il faut ensuite construire les phrases directement sur la copie. On peut alors s’autoriser quelques erreurs d’expression qui sont moins graves ici que dans l’introduction ou la conclusion. Il faut simplement veiller à avoir une écriture lisible et suffisamment soignée (malgré les ratures et les traces de blanc).

La rédaction est toutefois importante. Les phrases doivent être courtes, écrites dans un français correct, au présent (ou au passé, à condition de bien maîtriser les conjugaisons). Les connecteurs logiques peuvent s’avérer très utiles, à condition de bien les utiliser et de ne pas en abuser ou les répéter (« tout d’abord, nous verrons dans un premier temps… » est une expression maladroite). Attention également aux fautes d’attention : les fautes d’orthographe, les majuscules aux noms propres, les fautes d’accord singulier/pluriel, masculin/féminin, les accords de COD, la concordance des temps… Il faut évidemment se relire plusieurs fois avant de rendre le devoir.

Il faut parvenir à guider le correcteur dans sa lecture et lui indiquer à des endroits-clés à quel moment de la démonstration il se trouve. Chaque partie peut ainsi commencer par un court paragraphe qui 1) rappelle le plan annoncé dans l’introduction ; 2) annonce les sous-parties. A la fin de chaque partie, il est possible de rédiger une transition de quelques lignes (1 à 2 phrases) qui résume ce qui vient d’être dit et qui enchaîne sur la suite. Ce sont des manières subtiles de maintenir l’attention du correcteur en lui résumant sa pensée avant de commencer une nouvelle étape du raisonnement.

IV. La conclusion

Elle ne consiste pas à reprendre les conclusions des grandes parties, mais à revenir sur la problématique en y répondant de manière adéquate. La conclusion est donc inévitablement liée à l’introduction. Les deux paragraphes fonctionnent en duo. Ils forment l’unité du devoir, son début et sa fin. Elle débouche sur une ouverture qui élargit le sujet de façon pertinente.

La conclusion est un texte plus rapide que l’introduction. Elle fait le bilan de la démonstration. Elle répond à la problématique et rappelle les arguments principaux de chaque partie du plan. Elle se termine par une ouverture.

Il est souvent conseillé d’écrire la conclusion immédiatement après avoir écrit l’introduction, au moins au brouillon, ou au mieux sur le début d’une nouvelle feuille, qu’il suffira d’ajouter au devoir à la fin. De cette manière, on s’assure que le texte final réponde vraiment à la question qui a été posée au début. On est également certain que le travail aura bien un début et une fin. En cas de mauvaise gestion du temps, il vaut mieux avoir une dernière partie plus courte que ne pas avoir de conclusion.