Troisième partie : le XIIIe siècle

Chapitre 13 : Les nouveaux aspects de la vie intellectuelle

Nous pouvons observer au XIIIe siècle une diffusion des instruments de culture, un accroissement du nombre des hommes cultivés et une utilisation sans cesse croissante des capacités intellectuelles dans toutes les fonctions sociales.

I) les conditions générales

1) la multiplication de l’écrit

Progressivement se diffuse un support peu coûteux : le papier. Mais ce dernier concerne principalement la vie privée. Son usage provient du Midi, d’Espagne et d’Italie et gagne rapidement toute l’Europe1. Ainsi les écrits personnels se multiplient.

Une observation similaire peut être faite pour les parchemins, portant sur des actes officiels (signe d’obligations nouvelles et de pratiques plus contraignantes), pour les princes tout sujet peut susciter une enquête. Donnons par exemple celles diligentées sur ordre de Louis IX, avaient pour but d’assurer pleine et entière justice à ses sujets. Ces pratiques administratives sont de plus en plus fréquentes dans la deuxième moitié du siècle et à la fin du XIIIe siècle, les documents fiscaux apparaissent. Progressivement une administration se met en place et l’écrit devient la règle.

Durant le règne de Saint-Louis, sa chancellerie expédie environ 55 000 actes. Mais la France n’est pas un cas unique. En Sicile, l’administration de Frédéric II a plus de compétence et d’efficacité, ainsi la fondation de l’Université de Naples par le souverain, répond à un besoin en personnel bien formé. Il s’agit d’un rare exemple d’université conçue comme une école de fonctionnaires destinée au service d’un État. La monarchie capétienne n’a pas atteint ce stade au XIIIe siècle, dans la première moitié du siècle se sont encore des hommes formés par le pratique et les clercs qui occupent les différents postes administratifs. Par la suite ils laissent place aux juristes.

L’abondance de ces textes divers, donne le sentiment d’un rôle nouveau de l’écrit dans la vie. Certains de ces textes se trouvent être à la limite de la pratique administrative et du compte rendu à usage personnel. Donnons l’exemple du Journal de visites pastorales de l’archevêque Eudes Rigaud, malgré que ce document soit difficile à définir, on comprend que l’auteur a voulu garder trace de ses activités et de ses interventions dans son diocèse.

Bien avant les princes, l’Église est la première puissance à connaître une centralisation avec le renforcement de l’autorité ainsi que l’élargissement de ses compétences. Le pape Innocent III (1161-1216) utilise les services de légats instruits. Grégoire IX (env.1145-1241) fixe les pratiques administratives et juridiques de l’Église, pour cela il organise la refonte du droit canon et promulgue les décrétales. Ainsi les chancelleries des évêques et celle du pape se dotent de nombreux documents juridiques compilés et régulièrement mis à jour. Sous ce pontificat s’organise également l’Inquisition avec son personnel spécialisé de juges et de notaires chargés de reporter les dépositions. On peut ajouter que l’administration n’a pas été le seul souci de l’Église, on comprend quelles carrières elle offre aux hommes formés. Malgré que l’enseignement reste oral, il y a une multiplication des notes, brouillons et autres écrits, qui sont la preuve d’une intensification des activités intellectuelle. Les écrits édifiants, pieux et moralisateurs prédominent.

Aussi cette masse de documents peut induire en erreur. Certains historiens ont noté dans les écrits un renforcement de la crédulité au XIIIe siècle, ce qui contraste avec l’approfondissement de la littérature scientifique et la pointe de rationalisme qui apparaît au milieu du siècle chez les intellectuels. Cela peut se comprendre, si l’on tient compte de l’accroissement du nombre des écrits et l’élargissement des milieux intellectuels concernés. Les exigences critiques ne sont pas les mêmes au niveau des lettrés, des vulgarisateurs et du peuple. La nouveauté est que l’on puisse faire émerger ces différences.

2) les ordres mendiants

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