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La 21ème Conférence des Partis ( Cop21 ) est un sommet international de l’écologie, rassemblant des hommes politiques et des experts du monde entier, écologistes ou non. Toutefois les mouvements écologistes militent particulièrement pour une prise de conscience générale des problèmes environnementaux liés au réchauffement climatique et pour la mise en oeuvre de solutions réelles. Aussi, comment ces mouvements considèrent-ils la Cop21 ?

La Cop21 a attiré particulièrement les partis écologistes pour qui le réchauffement climatique est une préoccupation essentielle. Alors qu’on s’enthousiasme des avancées de la conférence, les députés du Parti Vert Européen rappellent que “les énergies fossiles ne sont même pas mentionnées dans les négociations”(dans l’article du 10 décembre 2015 d’Europe-Ecologie, Décarbonisation : l’Europe doit être exemplaire). Or ce sont justement ces dernières qui émettent la majeure partie des émissions de gaz à effet de serre (80% du co2 émis dans le monde en 2012). Mais le texte final ne se résout à parler que d’une “neutralité carbone”qui ne semble pas devoir obliger les pays signataires à quoi que ce soit. Les membres du Parti Vert Européen soulignent enfin la nécessité pour l’Europe de donner l’exemple tout en ne cédant pas à la tentation d’un “greewashing” facile basé sur de jolies promesses et de belles formules.

Les ONG également se sont prononcées après la signature finale de l’accord. Elles ont d’abord applaudi l’effort fait pour maintenir la barre des 2 degrés (dans un article du Huffington Post du 12 décembre 2015 nommé Les ONG mi-figue mi-raisin sur le projet d’accord sur le climat). « Désormais tout ce que les gouvernements feront pourra se mesurer au regard de cet objectif », a souligné Samantha Smith, du WWF. A cet objectif global s’ajoute un principe de différenciation entre les pays, les pays développés (Europe,États-Unis) s’engageant à aider les pays plus pauvres (Afrique et Asie du Sud-est) à financer leur infrastructures face au réchauffement. C’était là l’enjeu principal de la Cop21, pari réussi donc.

Les ONG ont cependant déploré l’absence d’exigences à court terme. Bien que des révisions aient été mises en place, la première rencontre obligatoire n’est qu’en 2025. Or comme le souligne le directeur de WWF France Pascal Canfin, “Les 15 prochaines années sont décisives pour rester sous 2°C donc 2025 c’est trop tard”. Enfin il a été reproché à cet accord de négliger à bien des écarts certaines réalités sociales au profit d’un “effet tarzan” rassurant mais néanmoins destructeur. Ainsi Fanny Petitbon, membre de l’ONG CARE France regrettait un manque “d’engagements clairs à défendre les droits humains, dont l’égalité de genre, les droits des peuples indigènes, la sécurité alimentaire ne doivent pas être négligés au profit d’un accord contre le changement climatique”.

Certains militants écologistes adoptent une posture encore plus critique vis-à-vis de la Cop21. “ On n’attend rien des négociations qui ont lieu à l’intérieur du Bourget”, répond une manifestante interrogée par Le Parisien (dans une interview vidéo publiée sur le site internet du journal le 2 décembre intitulée La Défense : des militants anti-COP21 perchés sous la Grande arche) après avoir participé à une action de contestation au cours de laquelle des écologistes français et allemands ont escaladé l’arche de la Défense pour tenter d’y déployer une banderole. “System change, not climate change”, peuvent lire les passants sur le calicot. Partisans de la décroissance, les militants dénoncent dans son ensemble l’économie capitaliste qui, selon eux, est à l’origine des problèmes climatiques actuels. Ils estiment ainsi qu’aucune solution réelle ne pourra être apportée au réchauffement climatique en maintenant un système économique fondé sur le profit, car ce dernier étant l’objectif des grandes entreprises, actrices principales du système capitaliste, toutes les décisions seront prises dans l’optique de ménager le profit aux dépens de l’environnement. Un autre point de contestation est soulevé par cette manifestation, celui de l’énergie nucléaire : “ le nucléaire tue l’avenir”. La Cop21 est tournée vers la réduction des émissions de gaz à effet de serre, auxquelles les centrales nucléaires ne participent pas. Le débat du nucléaire est ainsi relégué au second plan, au grand dam des militants de la Défense. Ces militants sont représentatifs d’une fraction de la mouvance écologiste qui renie la Cop21 comme impulsion salvatrice et qui n’ont nullement l’intention d’agir dans son sens.

D’autres organisations écologistes, au contraire, ont fait preuve d’une réelle volonté de collaboration, à l’image de la Fondation Nicolas Hulot dans sa pétition Osons relayée sur son site internet. Véritable appel aux dirigeants politiques (“Osez en finir avec les beaux discours et les déclarations d’intention, avec la tentation de remettre à plus tard les décisions : agissez !”), cette pétition en 12 points, plutôt que d’abhorrer dans son ensemble le système économique, présente des pistes pour l’orienter vers un développement plus durable. Les diverses recommandations tendent vers une politique environnementale concertée à échelle nationale comme mondiale, une production et une consommation raisonnées et “au service des humains”, et un encouragement des initiatives vertes ( par exemple le soutien aux investissements dans les énergies renouvelables). Ces différentes propositions croisent les enjeux sociaux, économiques et environnementaux du développement durable et invitent les pouvoirs publics à saisir l’occasion présentée par la Cop21 d’en faire une cause mondiale.

Les écologistes sont apparus dans toute leur diversité à l’occasion de la Cop21, adoptant des points de vues très hétérogènes sur ce sommet. Les réactions ont été tantôt enthousiastes, tantôt dubitatives, et si certains mouvements aux tendances anticapitalistes et anarchistes ont choisi de refuser de s’impliquer pour des raisons idéologiques, d’autres ont décidé au contraire de collaborer activement avec la Cop21.

Grégoire Ramé et Etienne Boscals de Reals, HK Sainte-Marie Lyon