Les trois articles que nous allons présenter sont extraits du Figaro, de Valeurs Actuelles et du Parisien. Publié le 2 décembre par le quotidien Le Parisien, un journal dont la ligne éditoriale se veut apolitique, le premier article s’intitule “COP21 : le plaidoyer pro nucléaire du fondateur de Paypal”. C’est un article de presse écrit par Erwan Benezet et consacré à l’analyse de la prise de position d’une personnalité : Elon Musk, fondateur de Paypal, à l’heure de la COP21. Daté du 10 décembre, le second article, intitulé “Le nucléaire s’invite à la COP21”, est une tribune, c’est-à-dire un article consacré à l’expression des idées d’une personne. Rédigé par Camille Pascal, auteur et historien impliqué en politique, il est extrait du journal Valeurs Actuelles, un hebdomadaire de droite à tendance libérale et conservatrice. Le dernier article, écrit par les deux journalistes Marc Cherki et Tristan Vey, est paru le 11 décembre sous le titre “Les dix solutions pour limiter le réchauffement à 2°C”. C’est un article de fond qui se propose de donner un point de vue général du Figaro, quotidien de droite à tendance gaulliste et conservatrice, sur la COP21.
Ces trois articles traitent la question du nucléaire, cet ensemble des techniques et des industries relatives à l’énergie nucléaire. En effet, à l’heure de la prise de conscience internationale au sujet du réchauffement climatique lors de la COP21, la 21e COnférence des Parties, qui s’est tenue au Bourget à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, tous les pays sont obligés de repenser leur rapport à l’environnement, en examinant l’impact de leurs émissions de gaz à effet de serre, selon les différents secteurs énergétiques. La France est particulièrement concernée par le domaine nucléaire car, selon l’article du Parisien, les centrales nucléaires produisent 75% de son énergie électrique. Plus encore que d’autres pays, dont le développement de l’énergie ne repose pas exclusivement sur ce secteur, le France doit alors se poser la question de la pertinence de cette nouvelle énergie au regard de la pollution qu’elle dégage.
La COP21 peut-elle permettre à la France d’atteindre ses objectifs écologiques en lui proposant de développer l’énergie nucléaire comme solution face au réchauffement climatique ?
Contrairement à toute attente, ce débat sur la question du nucléaire n’oppose pas nécessairement les écologistes aux entreprises ou aux politiciens. En effet, certains écologistes seraient finalement amenés à avouer que l’énergie nucléaire pourrait ne pas être aussi néfaste que ce que l’on voudrait en faire croire… Puisque plusieurs climatologues présents à la COP21 ont eux-mêmes lancé un appel à l’expansion du nucléaire, eux qui sont les premiers à militer contre le réchauffement climatique ! Ceci est le sujet de la tribune de Camille Pascal. Se présentant lui-même, dès le début de l’article, comme « peu réceptif à la complainte lancinante du réchauffement climatique », il s’attache à critiquer les « écolos », en prouvant qu’ils ont été les premiers, en voulant s’opposer au nucléaire, à empêcher la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Car il semble s’avérer que l’énergie nucléaire soit une solution plutôt qu’un problème, du moins en ce qui concerne le réchauffement climatique. Retranscrit dans Le Parisien, le plaidoyer en faveur du nucléaire, proposé par Elon Musk, soutient dans cette même optique que le domaine de l’énergie nucléaire serait à développer absolument si l’on veut pouvoir diminuer la part des énergies fossiles dans la production totale d’énergie, énergies fossiles qui demeurent les plus dangereuses pour le climat. Le fondateur de Paypal développe plusieurs arguments : d’abord, le nucléaire ne poserait pas en France le problème de l’insécurité car selon lui, « Avec une technologie suffisamment développée et une autorité de sûreté puissante, le risque est plus qu’acceptable » ; ensuite, il prend l’exemple de l’Allemagne pour montrer que sans le recours au nucléaire, la situation empire ; et enfin, il annonce de graves dangers si la société continue à refuser ce qu’il nomme la « transition énergétique ». Ce discours, qui finit sur une menace alarmiste, se présente comme un appel à l’investissement dans le nucléaire, solution au réchauffement climatique.
Pourtant, s’il semble faire écho à l’issue de la COP21 qui présente le secteur nucléaire comme une solution, il n’en demeure pas moins que ce discours n’est pas prononcé par une voix neutre et qu’il ne peut se faire porte-parole de la COP21, ni d’aucun écologiste. En effet, Elon Musk n’est autre que le fondateur d’entreprises spécialisées notamment dans le vol spatial ou encore dans « les voitures de luxe 100 % électriques », détail qui n’est pas sans rappeler l’intérêt personnel qu’a cet homme d’affaire dans l’histoire, car ce ne sont pas les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques qui risquent, à l’heure actuelle, de pouvoir alimenter de telles machines… Cette attitude qui tendrait à friser l’hypocrisie, au même titre que peut l’être le comportement des firmes transnationales extrêmement polluantes qui financent la COP21 pour assurer leur image, explique l’attitude profondément ironique voire sarcastique de Camille Pascal à l’égard non seulement des écologistes mais aussi de la COP21 toute entière, de laquelle il « n’attendait rien d’autre qu’elle se termine » et qui le « réjouissait ».
Cette balance entre les discours écologistes qui sonnent faux et ceux qui tournent tout en dérision aboutit à un certain scepticisme face aux solutions avancées par la COP21, notamment concernant la question du nucléaire. Ainsi, à l’heure du bilan de cette réunion internationale, le Figaro « ne se mouille pas trop » et reste assez neutre quant à sa position. En effet, les deux journalistes concluent leur article en affirmant que « Pour l’instant, le nucléaire s’inscrit en pointillés ». Car s’ils abondent dans le sens de la COP21 pour dire que le nucléaire est un domaine d’investissement qui pourrait être une solution face au réchauffement climatique, ils rappellent néanmoins que l’opinion publique y reste très peu favorable à cause des catastrophes que les centrales ont pu causer notamment au Japon et des risques qu’elles présentent pour la population, ils ajoutent que les coûts de construction des structures adaptées à ce domaine reste très élevé et ils mentionnent enfin la difficulté insolvable que représente la gestion des déchets radioactifs. Tout cela permet de mettre un bémol à l’enthousiasme débordant de certains illuminés de la COP21, que Camille Pascal, dans sa métaphore de la religion, pourrait surnommer les « fanatiques ». Il n’en demeure pas moins que le domaine nucléaire semble avoir un avenir car s’il n’est pas encore rentable à court terme, il pourrait l’être, selon le Figaro, dans les années 2030-2040. Or la COP21 se propose de réfléchir à l’échelle du siècle… Rien n’est perdu !
Emérentienne Suter et Inès Fabre, HK Sainte-Marie Lyon
Revue de presse réalisée le 14/12/15