La Cop 21 s’est engagée à réduire de deux degrés le réchauffement climatique. Les acteurs majeurs sont bien évidemment les grandes puissances mondiales telles que les Etats-Unis, la Russie, la Chine ou encore la France pays hôte de cette conférence. Or cette exhortation inquiète les pays du Sud qui vont devoir gérer croissance économique et défi environnemental. Un problème pour des pays qui peinent à développer leur dynamique économique et territoriale. Par ailleurs, ceux-ci sont les pays les plus menacés par les conséquences du réchauffement climatique. A l’image du Pakistan qui présente les trois risques majeurs de ce réchauffement. Dans un article de la revue numérique Altereco du 1er décembre, Jean-Joseph Boillot expose ces problématiques que sont l’inondation due à la fonte des glaces de l’Himalaya, l’épuisement des ressources en eau et la montée du niveau de la mer. Le journaliste montre que pourtant ce pays ne représente que 0.2 % du stock d’émission de CO2 mondial. Ainsi ce pays payerait les pots cassés des puissances industrielles, et devrait également gérer la fuite des cerveaux de ses jeunes partis trouver du travail à l’étranger. De même le Burkina Faso, dans un article d’Aujourd’hui au Faso repris par Courrier International, considère les pays non-développés comme les dépotoirs de ces grandes puissances qui sont « les grands dérangeurs de l’atmosphère terrestre » qui « se retrouvent être finalement les moins touchés. » Cet article soulève en outre un paradoxe qui établit une distance supplémentaire entre ces pays. Il semblerait que la COP 21 ait été financée par certains lobbies industriels selon Ahmed Bambara. Cependant il souligne également la bonne volonté des grandes puissances à reconnaître leurs torts. Il s’agit donc de trouver des solutions qui permettront à ces pays de s’inscrire dans cet engagement écologique sans compromettre leur développement économique et social. L’enjeu rejoint en ce point les dérives du développement durable dénoncées par Sylvie Brunel dans son ouvrage A qui profite le développement durable ? Le journal français Le Parisien confirme ces points de vue et déclare que ces pays en voie de développement doivent être autorisés « à se développer ». Barack Obama affirme : « Nous avons prouvé qu’il n’y a plus de conflit entre croissance économique forte et protection de l’environnement » Quant à Justin Trudeau, 1er ministre du Canada, celui-ci déclare : « Le changement climatique est une opportunité. Il peut apporter des emplois et de la croissance » Or ces déclarations ne semblent pas convaincre les pays concernés compte tenu qu’ils sont les premières victimes des lacunes environnementales des pays émetteurs de gaz à effet de serre. La solution qui apparaît de manière commune aux trois articles est le Fond vert c’est-à-dire le Fond vert climatique de Copenhague dont les bénéficiaires sont les pays en développement les plus vulnérables dans un avenir de plus en plus proche. Ainsi, les pays du Sud suite aux déclarations des pays développés sont dans l’attente d’engagements qui leur permettront à long terme de connaître une croissance économique aujourd’hui entravée par les préoccupations écologiques. La rupture Nord/Sud au sujet des intérêts de la COP 21 s’accentue du fait qu’alors que les pays du Sud sont les plus concernés par les défis climatiques, les Français eux, pourtant hôtes de la conférence semblent loin d’être convaincus de son utilité dont témoignent les médias et ce, quelle que soit leur orientation politique. Elle est pour certains sujet de moqueries (« la COP 21 durera une semaine, la COP 22 en durera deux », Europe 1), pour d’autres de protestations (le 28/11 à Lyon, manifestations pour l’environnement contre la surconsommation qui dénoncent l’ « hypocrisie » de la COP 21), d’autres encore trouvent le sujet négligeable en comparaison avec les récents évènements terroristes et la tension sous laquelle est la France (RMC), la progression du chômage ou même les résultats des équipes françaises de football. Alors une question se pose : si les populations des acteurs majeurs de la COP 21 ne se sentent pas concernés par son issue, quelle chance reste-il pour que son action soit réellement signifiante ?

Marie CHADOIN et Juliette DUBOST, Hypokhâgne Sainte-Marie Lyon
Revue de presse réalisée le 13/12/15