Une fiche de lecture sur une synthèse très accessible écrite par Jean-Clément Martin pour des étudiants de 1ère année de licence qui découvrent l’histoire de la Révolution.
Naissance de la Révolution ?
Le 5 mai = début de la Révolution. Les Etats n’ont pas été convoqués depuis 1614. Mais ils le sont quand même. Paradoxe alors de parler de révolution pour un événement peu ordinaire, mais qui relève de la monarchie. Les contemporains ont conscience de vivre un moment important, mais pas de vivre la Révolution. C’est un qualificatif rétrospectif.
Les Etats débutent le dimanche 4 par une messe à Versailles. Le 5 dans la salle des Menus Plaisirs, séance royale en présence du roi et de la cour. Les députés sont venus sans plan d’insurrection, dans le respect du roi.
Les députés dans la salle sont classés selon leur ordre. Cela énerve le tiers. La plus grande partie du tiers est un « haut tiers », en contact avec la noblesse, qui rivalise parfois. Mais mépris des nobles pour les avocats du tiers.
45 000 cahiers de doléances pour connaître les opinions des français depuis fin 1788, sur proposition du roi. Les cahiers de paroisse sont fondus dans des cahiers de provinces, que les députés apportent avec eux à Versailles. Souvent ce sont de simples demandes irréalisables (sur le manque de récoltes, la pluie), mais aussi de petits programmes de réformes. Les députés du tiers, éloignés du roi dans la salle, sont sûrs de porter « les espoirs de la Nation ».
Pamphlet de Sieyès : 1) Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? Tout. 2) Qu’a-t-il été jusqu’à présent ? Rien. Que demande-t-il ? A devenir quelque chose.
La réforme sociale est donc à l’ordre du jour. L’élite intellectuelle profite des Etats généraux pour imposer ses convictions. Sauf les nobles bretons, qui veulent s’opposer à toute réforme.
Allocution brève et malhabile du roi dans cette séance, qui ne se fait pas entendre par les 1200 personnes mal installées. Puis long exposé de Necker qui ennuie. Il avoue que les caisses sont vides mais réclame de nouveaux impôts sans rien dire sur une possible Constitution ni sur le mode de vote des Etats généraux : par ordre (ce qui maintiendra en fait le statu quo) ou par tête (pourra changer).
La vérification du pouvoir des députés cristallise le mécontentement : on craint que les délibérations se fassent séparément, que le doublement du tiers ne serve à rien et les Etats généraux ne servent donc qu’à créer de nouveaux impôts approuvés par les représentants de la Nation qui ont fait des jours de route pour rien. C’est que la monarchie n’a rien expliqué, est incapable de trouver une sortie à la crise financière. Toutes les attentes des 3 ordres sont déçues. Explique des querelles le 1er jour, entre des Dauphinois partisans de la conciliation entre les ordres, et des Bretons qui refusent le compromis.
Le 6 mai, le tiers exige que la vérification des pouvoirs se déroule en séance plénière. Les nobles refusent et la machine est bloquée. En-dehors, des groupes se rencontrent, élaborent des stratégies. Les petits curés se rassemblent pour critiquer les évêques, les prélats réussissent à empêcher les curés de prendre la parole. Les nobles restent fixés à leur idéal chevaleresque et à leur supériorité de sang, méprisent les roturiers. Tout cela pousse le Tiers à chercher des règles internes et radicalise les opinions.
Le 17 juin, face à cette fermeture, sur proposition de Sieyès, le Tiers se proclame Assemblée Nationale par 491 voix contre 90. Ils se lient par serment et s’attribuent les décisions fiscales : une des premières mesures est de déclarer illégaux les impôts existants. La révolution est faite. Les Etats généraux n’existent déjà plus et la France se doute dotée par surprise d’un régime parlementaire. Rapide et imprévisible, les députés s’effraient quand même, ils attendent que le roi les soutienne pour se rassurer.
Les clercs s’associent à l’assemblée, mais les évêques et les nobles font front et poussent le roi à ramener les députés à l’obéissance. Des troupes s’assemblent le 18 juin. Le 20, la salle des Menus Plaisirs est close. Les députés investissent la salle proche du Jeu de Paume, avec des spectateurs, et prêtent serment de ne jamais se séparer jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie.
Le 23, séance royale. Il admet l’essentiel des réformes demandées (égalité fiscale, liberté de la presse, abolition de la taille et de la corvée…), mais défend l’existence des différents ordres et interdit les délibérations ensemble. Le Tiers est ramené à sa condition. Mais une fois le roi parti, les députés du Tiers refusent de partir. Ils se disent protégés par l’immunité parlementaire. Bailly dit alors « Je crois que la nation assemblée ne peut recevoir d’ordres ». Peur de répression quand même.
Le roi a perdu l’initiative dans ce rapport de force. Le 27 juin, le roi invite les nobles et le clergé à se joindre à l’Assemblée Nationale. A Versailles et Paris, le Tiers fête sa victoire les 28-29. On a le sentiment d’avoir traversé une « révolution ».
Les députés travaillent, se répartissent en bureaux. Les nobles et le tiers se mélangent. Le 7 juillet on crée un Comité de Constitution et le 9 elle prend le nom d’Assemblée Constituante.
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