Durant très longtemps l’histoire c’était : » ce qui s’est passé ne se distingue pas du récit de ce qui s’est passé ». Dès lors, l’exposition des faits est un récit qui vaut par la qualité littéraire du texte autant que par la sincérité de son auteur. Si les Anciens,  Thucydide, Cicéron.., définissaient le style qui leur paraissait approprié, quand l’histoire est devenue  une science, la question de l’écriture est passé au second plan. Certains historiens récusent même, au temps des Annales, que l’histoire puisse être un récit.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, pourtant, plusieurs auteurs posent la question de l’écriture de l’histoire : quelle est la nature du texte historique ?

Les travaux de Paul Ricoeur1 ou d’Hayden White vont inciter les historiens à s’interroger : est-ce une narration ? Un roman “vrai”, selon la formule de Paul Veyne ? Quel rapport le récit historique entretient-il avec le récit de fiction ?
Enfin, on peut réfléchir à la place du récit, de la réflexion sur l’écriture de l’histoire dans l’enseignement.

Ne dit-on pas de tel ou tel ouvrage d’histoire qu’il se lit comme un roman, hommage plus que critique !

 

Bibliographie : écriture de l’histoire

ARON (Raymond),  » Thucydide et le récit historique « , in Dimensions de la conscience historique, Plon, 1961

BARTHES (Roland), Le bruissement de la langue, Seuil, 1993

BOURGUIGNON (François),  » L’écriture de l’histoire : le discours en question  » in RUANO-BORBALAN (Jean-Claude, éd.), L’histoire aujourd’hui, Éditions Sciences humaines, 1999

BROSSAT (Alain),  » Massacres et génocides : les conditions du récit « , in C. Coquio (dir.), Parler des camps, penser les génocides, Albin Michel, 1999

CARRARD (Philippe), Poétique de la Nouvelle histoire. Le discours historique en France de Braudel à Chartier, Payot, 1998*

De CERTEAU (Michel), L’Écriture de l’histoire, Gallimard, 1975

COQUIO (Catherine, dir.), Fiction et connaissance, L’Harmattan, 1998

DOSSE (François),  » Paul Ricoeur révolutionne l’histoire « , EspacesTemps, n° 59-60-61, 1995

 » L’Écriture des sciences de l’homme « , Communications, n° 58, 1994

FAYE (Jean-Pierre), Théorie du récit (précède, dans le même volume, Langages Totalitaires), Hermann, 1973*

FOUCAULT (Michel), L’archéologie du savoir, Gallimard, 1969

GUILHAUMOU (Jacques),  » À propos de l’analyse du discours : les historiens et le « tournant linguistique » « , Langage et société, sept. 1993

HARTOG (François),  » L’art du récit historique « , Autrement, 150-151, janv. 1995

JOUHAUD (Christian),  » Littérature et histoire « , présentation du n° 2 des Annales HSS, 1994

PARRAU (Alain), Écrire les camps, Belin, 1995

POMIAN (Krzystof), « Histoire et fiction », Le Débat, n° 54, mars-avril 1989

RANCIÈRE (Jacques), Les Noms de l’histoire. Essai de poétique du savoir, Seuil, 1992

REVEL (Jacques),  » Ressources narratives et connaissance historique « , Enquête, n° 1, 1995

RICOEUR (Paul), Temps et récit (3 vol.), Seuil, 1983, 1984, 1985

RICOEUR (Paul), « L’écriture de l’histoire et la représentation du passé »,  Annales HSS, n° 4, juillet-août 2000*

RINN (Michaïl), Les récits du génocide. Sémiotique de l’indicible, Delachaux et Niestlé, 1998

ROCHE (Anne, en collab. avec Gérard Delfau), Histoire/Littérature, Seuil, 1977

STONE (L.),  » Retour au récit, ou réflexions sur une nouvelle vieille histoire « , Le Débat, n° 4, 1980

VEYNE (Paul), Comment on écrit l’histoire. Essai d’épistémologie, Seuil, 1971 (rééd. 1996)

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1 L’écriture de l’histoire et la représentation du passé [article téléchargeable] Paul Ricoeur, Annales, 2000 – 55-4, pp. 731-747

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