Durant très longtemps l’histoire c’était : » ce qui s’est passé ne se distingue pas du récit de ce qui s’est passé ». Dès lors, l’exposition des faits est un récit qui vaut par la qualité littéraire du texte autant que par la sincérité de son auteur. Si les Anciens, Thucydide, Cicéron.., définissaient le style qui leur paraissait approprié, quand l’histoire est devenue une science, la question de l’écriture est passé au second plan. Certains historiens récusent même, au temps des Annales, que l’histoire puisse être un récit.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, pourtant, plusieurs auteurs posent la question de l’écriture de l’histoire : quelle est la nature du texte historique ?
Les travaux de Paul Ricoeur1 ou d’Hayden White vont inciter les historiens à s’interroger : est-ce une narration ? Un roman “vrai”, selon la formule de Paul Veyne ? Quel rapport le récit historique entretient-il avec le récit de fiction ?
Enfin, on peut réfléchir à la place du récit, de la réflexion sur l’écriture de l’histoire dans l’enseignement.
Ne dit-on pas de tel ou tel ouvrage d’histoire qu’il se lit comme un roman, hommage plus que critique !
Bibliographie : écriture de l’histoire
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1 L’écriture de l’histoire et la représentation du passé [article téléchargeable] Paul Ricoeur, Annales, 2000 – 55-4, pp. 731-747
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