Avec un croquis d’Ophélie Petiot 

Introduction

Selon les définitions de l’INSEE, l’espace rural français abrite 24 millions d’habitants et couvre 81% du territoire national, soit environ 450 000 km2. Dans cet ensemble, l’espace à dominante rurale couvre 70% de la superficie de la France et l’espace périurbain 11%. L’espace à dominante rurale est composé de toutes les communes n’appartenant pas à un espace à dominante urbaine et inclut l’ensemble des communes rurales (moins de 2000 habitants agglomérés) des centres urbains (plus de 2000 habitants agglomérés), qui les polarisent. Les communes périurbaines sont incluses dans l’espace a dominante urbaine mais ont moins de 2000h agglomérés sinon elles seraient définies comme appartenant à la banlieue, mais plus de 40 % de leur population active résidente travaille dans les pôles urbains dont elles dépendent. Nous les prendrons en compte dans notre analyse, car ils sont particulièrement exposés aux pressions foncières et immobilières, ainsi que les espaces forestiers qui font l’objet d’usages par les sociétés rurales qui en sont bien souvent gestionnaires.

L’espace rural apparaît comme le lieu emblématique de la protection de la nature et abrite d’ailleurs l’immense majorité des 18 000 aires protégées que comptent la France métropolitaine et les départements d’Outre-mer. Il est perçu par la société actuelle, largement imprégnée de valeurs et de représentations citadines, comme représentatif de la « nature » et détenteur de « fonctions de nature », ce dont l’espace urbain serait dépourvu. Or la France rurale est artificialisée depuis des siècles et cet espace est une construction des hommes avant tout, y compris la forêt « cultivée » depuis le Haut Moyen-âge et bien éloignée de la forêt climacique. Le monde rural est sans doute aussi l’espace où la nature a été le plus sous-pression quand, lors du maximum démographique du XIXe siècle, la moindre parcelle de terre cultivable était utilisée et la forêt réduite à une peau de chagrin et pendant les « Trente glorieuses » aussi quand l’agriculture intensive productiviste s’est affirmée comme une menace pour les équilibres environnementaux. Aujourd’hui, le monde rural a changé en profondeur. Sa société et ses fonctions se sont diversifiées et la protection de la nature, longtemps perçue comme une entrave aux usages agricoles des campagnes, apparaît de plus en plus comme un atout nouveau, d’autant que les fonctions récréatives et touristiques de cet espace sont en plein essor. Dans un contexte où une agriculture raisonnée (sinon durable), se met en place, la protection de la nature apparaît donc comme un nouvel outil de gestion durable des campagnes françaises, dans une perspective agri-environnementale qu’affirment les politiques européenne et nationale depuis les années 90.

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