Chapitre 11
Les espaces ruraux français dans la mondialisation.
Définis par opposition à la ville, les espaces ruraux englobent selon l’INSEE les communes situées en-dehors des aires urbaines (70% du territoire, 20% de la pop outre-mer compris) et incluent des territoires à faible densité de bâti où le végétal, système agro-sylvo-pastoral (Diry, 1999) ont une place de choix dans le paysage + identité + représentations. Mondialisation = intensification des échanges à l’échelle de la planète (Carroué, 2005) = mise en concurrence des territoires où les campagnes semblent jouer un rôle de 2nd plan face aux métropoles vues comme lieux de pilotage (Bost, 2014).
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La marque de la mondialisation sur les espaces ruraux.
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Des espaces ruraux producteurs de richesse et de valeur ajoutée.
Campagnes : sources de profit + de valeur ajoutée + assurent la puissance de l’éco française. Espaces agricoles exportateurs, produisant des rendements élevés contribuent à la balance commerciale excédentaire du pays : grandes cultures intensives du bassin parisien (céréales, tournesol, betterave de la Beauce, Picardie, Champagne crayeuse…) avec plus de 50% de la production céréalière exportée. Bassin céréalier de Limagne, entreprise Limagrain commercialise 35% de la production de blé et d’orge auvergnate vers les pays du Golfe, Arabie Saoudite, Algérie. Vignobles = 2nd secteur d’exportation : 45% des bouteilles de Champagne destinés à l’exportation, 75% pour le Cognac.
Système touristique : Val de Loire, villages de Chambord et Chenonceau reçoivent un flux annuel entre 500 000 et 1 million de visiteurs. Site du Mont-Saint-Michel = insertion indirecte des campagnes normandes dans la mondialisation : beurre salé, biscuits (La Mère Poulard) fromage (Camembert) écoulés dans les restaurants et boutiques de souvenirs.
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Les espaces ruraux mondialisés porteurs de système productifs performants et extravertis.
Espaces ruraux insérés dans la mondialisation = place décisive dans les processus européens et mondiaux connectés aux marchés et espaces extérieurs. Haute-Provence : culture du lavandin sur le plateau de Valensole valorise un savoir-faire avec la maison Angelvin qui lui assure une visibilité dans le monde entier par le biais d’un site internet + firmes transnationales assurent des débouchés mondiaux (arômes pour Unilever, Colgate… Huiles, savons, parfums pour les enseignes de Grasse, firmes transnationales de la cosmétique).
Alpes du nord : une partie des productions agricoles ou artisanales est écoulée dans les boutiques souvenirs ou restaurants fréquentés par une clientèle mondialisée soucieuse d’authenticité et de retour au terroir. Courchevel : artisanat et circuits courts côtoient les enseignes de luxe (spas labellisés par Guerlain, prêt-à-porter, vêtements de sport haut de gamme, épicerie fine Fauchon symbolisant l’excellence française…)
Dynamisme des espaces ruraux mondialisés peu dépendre d’un investissement étranger greffant un véritable système productif valorisant le capital local mais très dépendant des marchés et de la concurrence extérieure : Matougues, plus grande féculerie d’Europe, 100 emplois dans le bassin de Châlons mais pilotage par le groupe canadien Mac Cain qui impose aux exploitants de produire de la pomme de terre Astérix (norme pour les frites Mcdo, 1er client de l’entreprise).
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Des espaces fortement fréquentés ?
Espaces ruraux ancrés dans la mondialisation ont en commun une forte fréquentation : lors des marchés de noël de Kaysersberg et Riquewihr, 2 villages alsaciens labellisés « plus beaux villages de Frce » promus par les associations de tourisme régionales. Elles modifient leur plan de stationnement avec systèmes de navettes, parkings provisoires en amont + offrent des visites guidés en plusieurs langues dont le chinois. Côtes normandes : commémorations autour des plages du Débarquement entrent dans ce modèle. Plusieurs villages connaissent une privatisation partielle de leur espace public à l’image de la citadelle des Beaux-de-Provence dont l’accès est payant pour les visiteurs.
A l’inverse, d’autres espaces appartiennent à la Frce du vide : Beauce où densité de pop n’excède pas 20hab au km² = attractivité démo modeste. Sommets et glaciers alpins sont vides de peuplement bien qu’ils soient intégrés à une filière touristique (trekking, écotourisme…)
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Des facteurs d’intégration multiples.
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La part des aménités locales.
Les disponibilités foncières des campagnes = facteur d’implantation pour les activités consommatrices d’espace à condition que l’insertion dans les réseaux soit optimale : sud Chalon-sur-Saône village de Sevrey au contact de l’A6 retenu par le groupe Amazon en 2013 pour l’installation d’une base logistique employant 500 salariés avec nouvelle extension (2018).
Ressources sous-sol : intégration certains espaces ruraux dans les filières mondialisées. Cela impacte davantage quelques territoires ultramarins : Nouvelle-Calédonie, commune de Yaté héberge un des plus importants sites d’exploitation du nickel (1 500 salariés) acquis par le groupe brésilien Vale.
Gastronomie : levier d’insertion dans le jeu mondial des campagnes. Renommée de grands vins : vignoble des Côtes-Rôties produit des crus prisés. Bordure sud du Massif Central : Aubrac = symbole de la Frce du vide a bénéficié d’un canal de promo international grâce au chef Michel Bras élu meilleur cuisinier du monde : cuisine à base de plantes locales (amarante, ail…) intégrée à un réseau de restaurants établis à Paris (ville mondiale) + île d’Hokkaido (Japon) + aire autoroutière du viaduc de Millau. Capital culturel et paysager a fait de certains sites des références patrimoniales planétaires : massif de la Sainte-Victoire doit sa renommée aux toiles de Van Gogh et Cézanne.
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L’insertion dans les réseaux métropolitains et mondiaux.
Processus piloté par les métropoles : la mondialisation génère une organisation des espaces en réseaux hiérarchisés. Intégration des campagnes à ces dispositifs n’est pas suffisante à leur dynamisme : port de Brest est une synapse pour l’élevage breton car assure l’importation de nourriture pour le bétail (usine de soja Cargill,). 2017 : 60% activité du port de La Rochelle assurée par l’exportation de céréales des campagnes de l’ouest (Charentes, Poitou).
Mais, intégration d’espaces ruraux aux dynamiques mondiales continue à se penser en lien avec les villes à la fois collecteurs d’initiatives et canaux de promo : Salon de l’agriculture à Paris, Porte de Versailles = visibilité mondial des terroirs français. Beaune + terroirs viticoles projetés dans le système-monde à l’occasion de la vente aux enchères organisée fin novembre à l’hôtel-Dieu (40% des achats par la clientèle asiatique).
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Le soutien des acteurs publics et privés.
Contexte de mise en concurrence des territoires : instances de l’UE + collectivités locales (ministères, chambres de commerce, agriculture, industrie, structures intercommunales…) = intégration des campagnes. Pôles de compétitivité ont une assise rurale : Agri-sud-ouest innovation regroupe 220 000 emplois dont 90 000 dans les espaces ruraux de Nouvelle-Aquitaine et Occitanie (biotechnologie, production du terroir comme le foie gras…) Depuis 1962 : PAC ont modelé les campagnes dans une dynamique de filière productiviste (aides à la mécanisation, soutien des prix…) + renforçant les spécialisations régionales les plus solides (grande céréaliculture du bassin parisien, élevage dans l’ouest, grands vignobles). Depuis années 2000 : « verdissement » de la PAC = maintien surfaces en herbe, restauration habitats écolo = recherche DD conciliant rendement et environnement, productivité et terroir.
Valorisant la traçabilité, pratiques écoresponsables, la labellisation des territoires ruraux s’inscrit dans le jeu mondial : désir d’une qualité alimentaire, retour circuits locaux en réaction contre les produits issus d’une filière agro-industrielle mondialisée. Système AOC (vins, fromages, viandes) : marque de distinction assurant une notoriété dans le monde entier.
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La mondialisation, révélatrice de l’inégal dynamisme des espaces ruraux.
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Des campagnes dépendantes des pôles de puissance ?
2014 : F. Bost notait que les campagnes étaient placées dans une logique de « filiation » sous la dépendance de pôles de commandement nationaux ou mondiaux. Industries rurales + ateliers disséminés (activités à faible valeur ajoutée sur le modèle fordiste) : campagnes de Choletais, fabrication de chaussures (ERAM) a été délocalisée tandis que Cholet s’est spécialisée dans la production d’articles pour enfants (Catimini, DPAM) avec reprise partielle de la main-d’œuvre rurale. Fusions-acquisitions des sites de production par des firmes transnationales : Méréville (Essonne) site de pelliculage des semences de betteraves est contrôlé depuis 2002 par Bayer.
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La mondialisation a-t-elle spécialisé les espaces ruraux.
Spécialisation des campagnes autour des productions les plus rentables a simplifié et banalisé les paysages = généralisation de l’openfield mosaïque. Aujourd’hui, ces espaces ruraux sont organisés sur un modèle productiviste structuré par une filière agro-alimentaire puissante = sols pollués et fragilisés par la monoproduction + nappes contaminées + controverses sur les intrants (glyphosate en 2018). Espaces doivent réussir leur mutation en diversifiant leurs méthodes de production : Beauce, essor de la Cosmetic Valley a permis l’introduction de cultures florales et plante aromatiques tandis que le Val de Loire voit son image de « jardin de Frce » renforcée sur le plan mondial. Orientations récentes de la PAC (2014-2020) : mutation paysagère, agronomique et sociale.
Spécialisation accrue des campagnes également dans le domaine touristique : promontoire de la Pointe du Raz a été l’objet d’une sanctuarisation (Le Fur, 2015) avec périmètre de protection du paysage + biodiversité mais galerie commerciale installé au contact du lieu a été rasée. Villages prisés par l’élite internationale : perte pop = Provence, aucun commerçant du village de Gordes n’habite sur place en raison de l’inflation des coûts immobiliers.
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Les espaces ruraux pénalisés par la mondialisation.
Dynamique sélective au sein des campagnes à cause de la mondialisation et la mise en concurrence. Délocalisations n’épargnent pas les bassins industriels ruraux : serrurerie dans le Vimeu, plasturgie autour d’Oyonnax, subissent les concurrences des coûts de fabrication à l’étranger : ateliers trop petits et manquent de capital financier, de ressources innovantes. Quand il se maintient le système productif se repolarise sur un site abandonnant les branches de fabrication banales (depuis 1960, la coutellerie de Nogent-en-Bassigny a perdu 80% de ses emplois mais s’est spécialisée dans les outils chirurgicaux).
D’autres espaces fragilisés en raison d’un déphasage avec les tendances des marchés : le Brionnais et Charolais spécialisés dans l’élevage bovin : difficultés liées à la baisse de la conso de viandes rouges dans les sociétés occidentales (Sivignon, 2012). Filières régionales du meuble massif résistent mal aux mutations de la demande : succès Ikéa pour ses meubles légers et standardisés.
Conclusion. La mondialisation semble placer les espaces ruraux dans une logique de dépendance à la fois source de fragilité (manque d’autonomie décisionnelle, fusions-acquisitions d’entreprises) mais aussi de profits (fréquentation internationale, ouverture sur de nouveaux marchés). Concilier respect des identités rurales et logiques de performance (productivisme, uniformisation…), affirmer et défendre le capital local sur le plan mondial = enjeux pour tous les territoires ruraux.
Chapitre 12 La qualité et ses territoires en France. |
Les démarches de qualité : en net dvp + se caractérisent par une incidence éco importante. Elles mobilisent des démarches variées : juridique par la reconnaissance officielle de produits + éco via leur capacité à mieux valoriser les matières 1ères + environnementale à travers l’agriculture bio.
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La qualité : quels enjeux ?
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La qualité dans une perspective de long terme.
Après-guerre marqué par la recherche de la quantité (rationnement ne disparaît que fin 1949) + années 60 = explosion de la grande distribution étouffant l’intérêt pour la qualité.
Celle-ci se dvp après 1980 : crise sanitaires qui inquiètent le consommateur et stimule la recherche d’une meilleure qualité sanitaire que de produits qualitatifs. CEE règlemente la contamination en germes pathogènes des fromages + entreprises généralisent la traçabilité (1992). Crise de la vache folle : processus est à son paroxysme.
Depuis l’an 2000 : crises s’estompent et le consommateur privilégie les relations à l’environnement (pollution, produits phytosanitaires, paysages…) le bien-être animal = approche sociétale et éthique de la production + recherche de proximité entre producteur et consommateur.
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La qualité pour quoi faire ?
Démarches qualitatives = respect de l’environnement ou protéger des produits (AOP et Indication Géo Protégée = outil de valorisation de la production quand le consommateur accepte de surpayer un produit qui lui procure un supplément qualitatif). Variété de situation selon les démarches, régions, produits : qualité, réputation, aptitude cahier des charges à faire exprimer cette qualité + capacité des acteurs à faire fonctionner ce système complexe.
Opposition vin aux autres productions : vin s’appuie sur une grande notoriété et les régions viticoles apparaissent comme des espaces opulents. Ailleurs, la valorisation est inégale mais avec des réussites : volailles Label Rouge, fromages jurassiens et savoyard, huile d’olive…
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De la qualité non reconnue officiellement.
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La qualité normative.
Forme de qualité la plus importante : produits soumis au respect de normes décisives au regard de la responsabilité juridique du fabricant et du paiement des livraisons aux agriculteurs.
Lait : 1ère production concernée suite à la Loi Godefroy sur le paiement du lait à la qualité (1969). Bovins vivants classés selon la grille EUROPA avec conformation et état d’engraissement. Blé répond à des normes intégrant pourcentage d’impuretés + taux d’humidité et aptitude à la planification. Fruits, légumes, œufs = calibrage est décisif.
Normes s’appliquent aussi aux produits transformés comme le beurre qui doit avoir plus de 82% de matière grasse d’origine laitière mais peut bénéficier de la dénomination beurre allégé (entre 41 et 82%). Ces critères protègent le consommateur, acheteurs qui peuvent exiger leurs propres normes.
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La qualité dans l’esprit du consommateur.
Pour lui : produit de qualité = qui a bon goût + appréciation argonaleptique perso et culturelle. Produit fermier : bonne image qui renvoie au petit producteur, la proximité, pratiques traditionnelles mais n’est pas def officiellement comme le produit artisanal = interprétations commerciales. La qualité renvoie surtout à des pratiques, savoir-faire et rigueur du travail.
Traçabilité = consigner les ingrédients utilisés et pratiques d’élaboration du produit fini. Traçabilité + qualité sanitaire = incontournables y compris chez les producteurs fermiers.
Circuits courts et produits éthiques : en net dvp par une forte demande sociale + associés à la qualité sans que cela ne soit réellement le cas car le simple fait d’avoir été produit plus près ou que le producteur ait travaillé dans de meilleures conditions ne peut expliquer la qualité. Subjectivité de la perception de la qualité.
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…A la qualité certifiée des signes officiels de qualité.
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Des signes fondés sur l’information.
Ils visent à informer le consommateur sur les conditions de production + les caractéristiques d’un produit fini. Mais s’avèrent peu efficace car les éléments certifiés ne dépassent les produits standards. L’info l’emporte sur la qualité véritable : certains signes bénéficient d’une notoriété.
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Certification de conformité (CCP) : permet d’utiliser le logo Produit Certifié. Cahier des charges pas à la hauteur d’une vraie recherche qualitative = faible succès et notoriété même si 300 CCP enregistrés : Filière Qualité Carrefour + la coopérative COBEVIAL propose une viande de porc CCP d’animaux issus d’exploitations respectant les bonnes pratiques d’élevage pour un produit sélectionnés pour la qualité de sa viande…
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Attestation de spécificité : label européen créé en 1992 devenu par la suite Spécialité Traditionnelle Garantie = reconnaissance de la spécificité d’un produit + s’appuie sur un vrai cahier des charges qui insiste sur le rôle des matières 1ères traditionnelles, composition traditionnelle, mode de production ou de transformation de type traditionnel. Protège une recette mais notoriété faible : que la moule de bouchot.
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Sigles Viande Bovine Française + Viande Porcine Française : dvp par interprofessionnels avec aide de l’Etat après crises de la vache folle où prix s’effondraient : rassurent les consommateurs et relancent les ventes mais ne garantissent qu’une vague provenance. Qualité venant surtout des pratiques d’élevage, races, techniques d’abattage ou durée de maturation et pas lieu où le porc a été élevé/abattu
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Dénomination montagne (pas appellation) date de 1985. Bilan modeste + s’apparente surtout à un signe de provenance avec un cahier des charges ne garantissant pas une réelle spécificité. Séduit cependant avec vrai combat syndical pour les producteurs de lait, bien que la plus-value soit faible.
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La recherche de la qualité supérieure.
Label Rouge, instauré dès 1960 : valorisation d’un produit qui par ses conditions de production ou de fabrication offre une qualité supérieure par rapport aux autres produits similaires. Qualité supérieure : cahiers des charges insistant sur des conditions de production clairement différentes de celles du produit usuel + caractéristiques sensorielles validées par des analyses/tests de dégustation. INAO recense 429 cahiers des charges (2016) avec surreprésentation des viandes rouges et blanches + charcuterie salaisonnerie.
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La reconnaissance de la qualité spécifique.
Concerne des produits dont la qualité est de nature originale et se décline en 2 grands types :
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Qualité liée au respect de l’environnement : certifié en 1980 en Frce, puis repris par l’Europe en 1991. Utilisation du label Agriculture Biologique avec respect cahier des charges rigoureux insistant sur l’absence d’utilisation de produits chimiques de synthèse et d’OGM. Méthodes de production naturelle + pratiques respectueuses des équilibres naturels et de la biodiversité (limitation intrants). Pratiques stimulées par une demande vigoureuse. Surcoût des productions, compensé par un prix de vente élevé. Agriculture bio : 3,9% SAU française (2016). Surreprésentée en fruits (17,4% SAU) et légumes où la demande est forte.
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Qualité liée au terroir : mise en avant de l’origine = production dans une aire délimitée en fonction du milieu naturel (climat, exposition, type de sol…) et du facteur humain (usages, savoir-faire) le tout formant un terroir. Suite à la loi de 1919 définissant l’AOC : certains vins et roquefort reconnus. Institut National des Appellations d’Origine (INAO) créé en 1935 : rôle décisif dans leur contrôle et leur promo. Compétences élargies en 1990 aux autres produits agroalimentaires comme les fromages avant que le règlement européen de 1992 ne généralise ces démarches au niveau communautaire. AOP : reprend l’AOC française tandis que l’Indication Géo Protégée vise des produits dont le lien au terroir est moins fort + toutes les opérations n’ont pas lieu systématiquement dans l’aire def (jambon de Bayonne…) Cahiers des charges viticoles insistent sur les cépages + techniques de taille + élevage + vinification + type de vendange et limitent les rendements au sein d’une aire délimitée à la parcelle. Fromagers : préoccupation des races, alimentation, techniques de transformation, durée d’affinage. Cahiers des charges élaborés par la profession = niveau d’exigence variable.
Processus de labellisation : 3 signes majeurs (AB, LR, IGP/AOP). Production lait bio qui exclut la chimie agricole, fromages AOP du Jura imposent la Montbéliarde, lait cru et interdisent l’ensilage.
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Approche sectorielle de la qualité.
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Le succès de la viticulture.
Profession qui a beaucoup misé sur la reconnaissance officielle de nombreux vins de terroirs en utilisant l’arsenal législatif mis en place à partir de 1900 : AOC fixent des conditions de production précises + aires exclusives pour en finir avec la pratique désastreuse du coupage et d’améliorer la qualité et notoriété des vins.
Succès de son modèle qualitatif + progression des surfaces et des prix de vente : succès éco. Vignoble influencé par la Révolution Agricole mais rentabilité AOC y a rendu moins vital l’agrandissement des exploitations et les éco d’échelle permettant de conserver un tissu d’exploitations. Processus de dvp territorial où la valorisation du vin permet d’accroître la valeur ajoutée et de préserver l’emploi.
Croissance constante des surfaces en AOC contrastant avec l’effondrement des vignes pour la cuve. Qualité est devenue la référence alors que le vin de table a perdu son marché. Une partie de ce dernier s’est reconvertie vers les vins de pays = IGP depuis 2009, symbole d’une volonté de mettre en avant un certain ancrage territorial.
Vignoble labellisé omniprésent : Bordelais (27% du vignoble AOC), vallée du Rhône (13%) Val de Loire (12,5%) (Legouy, Boulanger, 2015). Palme de l’efficacité : Bordelais (gros volumes, prix élevés) devant la Champagne (34 000 ha, prix élevés, diffusion mondiale) et Côte d’Or (10 000 ha). Complexité/diversité s’observe en Bordelais et Bourgogne alors que le Champagne est un vin de mélange reconnu par une seule appellation et que les vins d’Alsace se déclinent en différents cépages (sylvaner, riesling, pinot gris, gewurztraminer).
Diversité sur le plan éco :
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Bas de l’échelle : appellations génériques (Bordeaux, Bourgogne, Côtes du Rhône, Bordeaux supérieur ou Coteaux Bourguignons) : vignes exclues des AOC, faible rentabilité. Vignerons arbitrent entre AOC et vin de pays en fonction du marché et limites rendement.
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« Petites appellations » : Côtes du Forez, Haut-Poitou, Côtes du Toul… à prix faibles
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Le Champagne, Grands vins du Bordelais et de la côte bourguignonne et quelques autres AOC prestigieux comme les crus des Côtes du Rhône, Château-Chalon… affichent des prix très élevés dépassant parfois les 100 euros la bouteille et plus encore pour les grands Sauternes ou Saint-Emilion etc.
Fruit de ce succès : prix des terres s’envolent favorisant l’arrivée d’investisseurs extérieurs, nationaux ou non. LVMH : maisons de cognac Hennessy et de champagne Moët et Chandon et des très grands crus comme les Sauternes Château d’Yquem, Saint-Emilion Château Cheval Blanc. Groupe possède 1 641ha de vignes en Champagne et commercialise sous des marques comme Moët et Chandon, Veuve Cliquot, Ruinart, Mercier, Dom Pérignon (LVMH, 2015).
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Les processus qualitatifs dans le secteur laitier.
Nombreux terroirs avec produits spécifiques reconnus peu à peu en AOC. Ajd : 45 fromages d’appellation + beurres et crèmes (Isigny, Charente, Bresse) et quelques IGP (tomme de Savoie, saint-marcellin, gruyère…) 3 pôles montagnards : Jura et Savoie avec fromages de type gruyère (comté, Beaufort, abondance) et l’Auvergne plus diversifiée. 4e pôle est la Normandie : terre de beurre et de pâtes molles (livarot, neufchâtel, camembert). 5e pôle : fromages de chèvre du Cher au Poitou. Ces AOP = 220 000 tonnes par an (INAO). Gestion variable AOP selon les régions :
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Jura et Savoie : tradition fromagère forte et a très tôt joué la carte du lien au terroir en affirmant le rôle des races locales, de l’herbe et du foin + transformation quotidienne au lait cru + long affinage. Opposition à la dynamique de la révolution agricole (Holstein, prairie temporaire, maïs, ensilage) = succès de ces fromages avec tonnages et prix qui progressent.
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Auvergne et Normandie : influence de la révolution agricole = intensification de la production, repli races locales, industrialisation de la transformation et progression des grands groupes laitiers dont Lactalis proprio des marques de référence des AOP normandes : Lepetit, Lanquetot, Gaindorge. Monde du roquefort : performant dans territoires difficiles (Causses) même si moitié du lait doit approvisionner des fabrications industrielles (Salakis).
Production lait bio : 650 millions de L en 2016. Ne peut s’en remettre à un grand terroir : dvp dans le Grand Ouest sur une base intensive et agroindustrielle avec vaches Holstein et ensilage, herbe et maïs. Lait valorisé par de grandes entreprises qui ont trouvé là une forme de monté en gamme grâce aux produits standardisés (lait UHT, yaourts…) vendus en grande distribution.
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Les volailles Label Rouge.
Aviculture : remodelée en 1950 par les bretons qui généralisent l’élevage hors-sol. Face à cette révolution, les autres régions avicoles parient sur une production différenciée mais relativement standardisée = produits de qualité à des prix abordables. Mouvement naît vers Loué dans le Bourbonnais et les Landes d’où vont émerger les 1ers Labels Rouges (1965).
Label Rouge = 16% de la production française (2016) loin derrière le poulet standard (59%) mais devant l’AOP volaille de Bresse qui est trop chère (moins 1% du marché). Ajd : 25% des poulets consommés sont labellisés grâce ç une vingtaine de Labels Rouges. Cette dynamique a favorisé la croissance de LDC (Lambert Dodard et Chancereul) : entreprise de Sablé-sur-Sarthe qui rachète en 2009 Arrivé, une partie du groupe Doux en 2018. LDC devenu leader français de la volaille avec marques réputées (Le Gaulois, Loué, Marie, Maître coq…)
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Quelle géographie de la qualité ?
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Exploitations sous signe officiel de qualité en France (carte 2010).
Localisation des différentes aires d’AOP et IGP. Etat des lieux de la qualité en Frce : excès régions viticoles où la plaine du Languedoc = LA région de la qualité bien que réputée pour son vin de table mais démarche d’AOP ou IGP via les vins de pays.
Territoires de qualité qui s’individualisent : Jura fromager + basse vallée de l’Isère (Noix de Grenoble) avant pays pyrénéen (vins d’AOC, canards gras, volailles sous label, jambon de Bayonne, viandes bovines LR, piment d’Espelette…)
Concentrations dans les milieux à forte densité d’exploitations comme le Grand Ouest, Massif Central (fromages d’Auvergne…) et moyenne vallée de la Garonne (vins, pruneau d’Agen, labels viande…) A l’inverse, la Corse semble ignorer la qualité mais c’est le faible nombre d’exploitations qui marginalise l’île.
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Part des exploitations sous signe officiel de qualité en France (carte 2010).
Grand Ouest (Pays de la Loire, Vendée, Basse-Normandie) où la qualité bien installée grâce à des démarches nombreuses et variées : lait bio, viande bovine, volailles Loué, quelques AOP, vins du Val de Loire… Grandes régions fromagères AOP (Jura, Savoie, Causses, Pays Basque…) Aquitaine : productions diversifiées. Massif Central : monts d’Auvergne et Causses (lait) et Limousin (viande). Régions quasi étrangères à ces démarches : plaines céréalières (cœur de l’Aquitaine, Bassin Parisien) + montagnes dépourvues de produits du terroir (Ariège, Alpes du Sud, Nord Lozère…)
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Les territoires de la qualité en France (carte 2018).
Géographie de la qualité à l’échelle nationale :
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Les grands vignobles : l’essentiel du Bordelais, coteaux de Champagne, Alsace et Bourgogne + Côtes du Rhône septentrionales et le Châteauneuf-du-Pape + côte chalonnaise et mâconnaise voire le Sancerre et le Pouilly Fumé, Gigondas et Chablis : agri de qualité.
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Zones qualitatives mais moins performantes dont les régions viticoles des crus du Beaujolais, vins de Loire, Jurançon, Cassis et Bandol, vignoble charentais + montagnes fromagères de l’Est Central et campagnes Loué + zones aux productions réputées et bien valorisées mais impact territorial limité avec volumes modestes : laguiole, lentille verte du Puy, noix de Grenoble, Olives et huiles méditerranéennes…
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Milieux où l’on produit sous signe officiel mais pour une rentabilité relative : plaine du Languedoc, Provence viticole (en plein dvp toutefois), Beaujolais (crise grave) Bordeaux génériques. Régions d’élevage spécialisées en viande bovine avec labels raciaux (Charolais, Limousin) n’intéressent qu’une faible part de la production + peu de valeur ajoutée au territoire. Monts d’Auvergne : fromages AOP peu performants.
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Pays de la Loire et Bretagne : quasi dépourvu de produits du terroir (hors vins de Loire) dominés par élevage intensif. Dvp qualitatif : s’explique par dvp CCP. Mais qualité reste noyée dans l’énorme masse des productions standardisées.
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Marges de la qualité : plaines céréalières (Bassins Parisiens et Aquitain, plaines d’Alsace, Caen, Dijon, Poitou, Charentes…) où produits du terroir sont rares + bio difficile + qualité normative. Massifs concernés : montagnes laitières très productives de l’est du Massif central (monts du Lyonnais, Forez, Pilat, Yssingelais…) étrangères aux fromages d’Auvergne. Alpes du Sud + Pyrénées centrales : terroirs sont rares dont agriculture bio.
Conclusion.
Secteur de la qualité montre des points communs avec le reste de l’agriculture dont l’organisation dominante en filière. A l’inverse, se différencie dans sa capacité à valoriser les potentialités locales, notamment des terroirs. Efficacité variable selon les productions, acteurs et territoires. Lien entre qualité et espaces fragiles est loin d’être systématique.