Plusieurs articles publiés en 2012 dans la revue L’histoire sont résumés ici. Ils permettent de donner une vue claire sur la situation des femmes en milieu colonial au XIXe et au XXe siècle.
L’éditorial du numéro 371 commence ainsi: « Une grande partie de l’histoire de la colonisation est restée longtemps immergée. Ce furent d’abord des pages glorieuses qui exaltèrent le rôle des explorateurs et des conquérants. Lorsque les premiers mouvements d’indépendance virent le jour, une histoire critique de la colonisation s’est développée à son tour. Une histoire qui pouvait s’apparenter à celle des nationalités au XIXe siècle : elle ne faisait pas le détail entre les sexes. Deux entités s’affrontaient, les hommes qui luttaient pour leur libération et les hommes qui défendaient les bases de leur domination. L’histoire manichéenne s’est nuancée, s’ouvrant à la complexité des rapports entre colonisateurs et colonisés. Mais c’était encore une histoire exclusivement masculine. Qu’en était-il, pendant ce temps, de la moitié féminine de la population ? »
Les différents articles s’inscrivent alors dans une démarche d’histoire des genres, une forme d’écriture de l’histoire qui a pris de l’ampleur depuis la fin des années 1980 et les années 1990, notamment grâce aux travaux de Michel Perrot
La fiche se conclut avec un lexique et une chronologie indicative.
La moitié oubliée, PASCALE BARTHELEMY, ANNE HUGON, CHRISTELLE TARAUD
Pascale Barthelemy est responsable de l’équipe “Genre et société” du laboratoire historique Rhône-Alpes. Anne Hugon est spécialiste de l’Afrique (exploration, évangélisation, histoire des femmes au XIXe et XXe siècle). Christelle Taraud est est spécialiste de l’histoire contemporaine des femmes, du genre et des sexualités en contexte colonial.
La colonisation est perçue comme une “affaire d’hommes”. Porter le regard sur les femmes, celles qui ont tenu des écoles comme celles qui ont pris les armes, ce n’est pas faire une histoire en plus, mais de l’histoire tout court. Qu’elles soient commerçantes sénégalaises, militantes algériennes ou épouses d’administrateurs coloniaux, les femmes ont joué un rôle souvent décisif mais bien oublié dans la colonisation.
14 juin 1908 : combat de Talmeust en Mauritanie
➔ 2 femmes de tirailleurs ouvrent sous le feu les caisses de cartouches et vont porter celles-ci aux combattants. L’une d’elle est tuée ; deux autres la remplacent aussitôt.
La colonisation ne fut pas une entreprise exclusivement masculine.
➔ Sources trompeuses : produites essentiellement par des hommes (explorateurs, voyageurs, missionnaires, militaires, administrateurs, savent) : place marginale pour les femmes.
Présence des femmes : famille, mariage, sexualité, vie économique/religieuse/politique.
L’histoire des femmes et du genre dans les colonies n’est plus vraiment un champ historique émergent. De nombreuses recherches ont été menées depuis les années 70 dans le monde anglophone notamment. S’intéresser aux femmes, à la construction historique de la différence des sexes (càd du genre), à la féminité et à la masculinité permet d’aborder le fait colonial d’une manière moins tranchée et plus complexe. Introduire la dimension de genre permet d’aller plus loin que les oppositions binaire et archétypales entre colonisateurs/ colonisés, résistance/collaboration, modernité/ tradition et de montrer que le choc de la rencontre coloniale a introduit une recomposition des hiérarchies non seulement raciales et sociales, mais aussi sexuées.
Le réagencement des assignations de genre – càd des comportements attendus en fonction du sexe biologique – a concerné non seulement les sociétés africaines, asiatiques ou océaniennes mais aussi métropolitaines.
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