Compte rendu réalisé par Morgane Pichon, étudiante en Hypokhâgne au lycée Claude-Fauriel (2012-2013) dans le cadre d’une initiation à la recherche en Histoire consistant également en la réalisation d’un mini-mémoire, d’une prestation orale devant un jury et de la formation au Certificat Informatique et Internet (C2i).
Anne Cauquelin, professeur de philosophie à l’université de Paris X, s’intéresse principalement aux systèmes de représentation de l’urbanisme. Elle montre l’importance du regard que l’homme porte sur la nature qui la transforme en paysage. Ce dernier est alors le support de multiples interprétations correspondant au regard de chacun d’entre nous, il est façonné par nos représentations culturelles. Néanmoins même si la notion de subjectivité est très forte, le paysage tend à donner l’image du réel. Ainsi, l’importance de la technologie dans cette perspective est montrée par l’auteur.
Nous pouvons dire dans un premier temps que le paysage prend forme à travers le regard de l’homme. En effet, notre culture et nos sentiments sont déterminants, le paysage est le reflet de notre culture. Quand nous l’observons, nous y projetons nos idées et ce qu’il nous inspire, ainsi, le paysage n’a pas de nature propre, l’homme procède à son existence. Sur cette même idée, l’auteure montre que le paysage est une nature ordonnée. En effet, ce dernier est à la fois une ouverture sur notre contact avec la nature et à la fois une barrière puisque notre simple regard nous éloigne de la nature. Ainsi, le paysage résulte d’une interaction entre l’environnement et l’écologie conçue tout deux comme des actions de la nature qui en ressort donc transformée. Anne Cauquelin parle dès lors d’artificialisation, rendue possible par la dialectique Nature-Technologie, à la base de la formation du paysage.
D’autre part, l’auteur affirme qu’il est dans l’essence du paysage d’être propice à une représentation. En effet, chaque lieu a sa propre existence par les possibilités de représentation qu’il offre. Nous pouvons rapprocher cette idée de celle de milieu, en effet il n’existe que par les causalités et les évènements qui le font exister. Il en va de même pour le paysage qui est dépendant de ce qui l’habite et le représente. Anne Cauquelin montre également dans quelle mesure la nature est fragmentée par l’homme. Effectivement, la toponymie et les représentations faites avant d’arriver dans un lieu ont une grande importance, l’exemple de la ville s’opposant à celui de la campagne est on ne peut plus significatif. La nature furieuse qui émerge de la campagne est toute contraire au bruit et à la pollution de la ville, ce qui incitera l’homme a avoir des préférences sur les différents type de nature. Cette idée montre également que l’homme n’a pas un grand contrôle sur la nature, c’est pourquoi il s’intéresse aujardin qui lui permet un contact direct et rassurant avec une nature docile. De plus, l’auteur montre que la nature est l’objet d’un artifice, elle permet à l’art de faire ressortir des sentiments qui feront de l’œuvre une réussite.
Par aileurs, Anne Cauquelin montre que la nature est poésie. Nous pouvons parler à cet égard d’une nature mondaine dans une perspective de rhétorique, elle s’auto indique, les fontaines sont par exemple le symbole de la fertilité. Le poète y trouve donc un grand intérêt puisque c’est notre le langage qui devient maître dans l’appréciation de la nature. Cette dernière est également touchante, elle éveille chez le spectateur une émotion liée à ses sens, à l’exaltation de sa culture et d’un sentiment d’inconnu, comme par exemple face aux vagues houleuses de Bretagne lors d’une tempête. Cependant, de nos jours, ces sentiments ont laissé place à la technologie qui structure la nature d’un point de vue physique. L’image numérique est en réalité notre propre conception cérébrale de la nature, elle nous renvoie la conception que nous nous en faisons. Cela montre bien le désir de supériorité de l’homme sur la nature.
L’œuvre d’Anne Cauquelin nous permet donc d’évaluer notre place au sein de la formation du paysage, on parle d’une nature-interprétation. Néanmoins, ces réflexions donnent à réfléchir et sont parfois inquiétantes, puisque nous en venons à nous demander si notre emprunte en plus d’être dénaturante n’est pas destructrice, surtout en vue de l’utilisation des nouvelles technologies. Anne Cauquelin pose également un rapport essentielle entre l’art et la nature, en effet le principe d’artialisation le montre bien, sans l’art la nature reste à l’état brute, avec lui elle devient paysage, et elle permet à l’homme de développer ses sentiments, ses capacités de rhétoriques. La dimension philosophique permet d’universaliser le propos de l’auteur et d’instaurer un sorte de contradiction dans laquelle nous pouvons avoir du mal à nous positionner car d’une part il y une réelle harmonie entre l’homme et la nature qui rend le désir de supériorité de ce dernier futile mais néanmoins nécessaire à la conservation et au maintien du paysage.