CHAPITRE 7 : Les rébellions françaises des Nu-pieds à la guerre des farines (Gauthier AUBERT)

Selon Voltaire (Le Siècle de Louis XIV), les Français longtemps turbulents sont calmes sous ce règne. Version longtemps reprise par les historiens. Jean NICOLAS (2002) montre le contraire. On a des mouvements populaires nombreux liés entre autres à la fiscalité.

Vocabulaire : « révolte » désigne la contestation collective usant de la force physique contre toute forme d’autorité. Derrière le mot « révolte », on a les « murmures, bruits, désordres, tumultes, émotions, assemblées illicites ou séditions ». Ce dernier mot à une portée politique : les autorités l‘emploient pour délégitimer les révoltes. Selon le dictionnaire de Furetière (fin 17e), « Rébellion » est le fait de se révolter contre un prince et ne pas se soumettre aux lois.

1. L’enjeu fiscal

Davantage que le privilège, c’est l’impôt le premier élément de révolte durant toute la période. Jean NICOLAS dit que la fiscalité représente 39% des motifs de rébellions entre 1661 et 1789.

1.1 Les dernières grandes révoltes antifiscales

Les « guerres paysannes » antifiscales du 16e s’intensifient à partir du milieu des années 1630 (besoins financiers de la monarchie en guerre) et se poursuit jusque dans les années 1670. La guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) n’occasionne aucune grande révolte. Retour du phénomène pendant la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714).

Comment vient l’embrasement ? Très variable : impôt nouveau, impôt existant augmenté, manière du prélèvement jugée brutale… Tout est affaire d’engrenage et de contexte (ex : un jour de marché où il y a du monde). Certaines spontanées et d’autres mieux préparées.

Le déroulement est souvent le même : la foule se rassemble, tocsin, chasse aux gabeleurs (qui reçoivent la gabelle), parfois imitation des rituels judiciaires par la foule. Les plus grandes révoltes durent des semaines ou des mois. Printemps propice à l’embrasement. Moins l’été (récoltes). La révolte s’invite en ville ou bien y naît. Elle y est plus courte, mais aussi plus violente et les forces de répression y sont plus mobilisables (Yves-Marie Bercé).

1630-1675 : période centrale des rébellions, qui se concentrent entre Atlantique, Rhône, Massif central et Pyrénées (Boris PORCHNEV historien soviétique) car culture du privilège très ancrée, résistance à l’intégration à l’Etat, régions des guerres de religions (principe d’autorité affecté et réflexes d’autodéfense). Mais il y a aussi des mouvements au Nord.

1637 Les Croquants du Périgord

Soulèvement contre les tailles et une taxe sur le vin. 8000 insurgés dont 1000 sont tués.

1639 Les Nu-pieds de Normandie

Soulèvement contre l’instauration de la gabelle dans le Cotentin à la place du privilège du quart-bouillon.

1658 Les Sabotiers de Sologne

Soulèvement contre les manipulations monétaires de Mazarin suite à la guerre franco-espagnole (1635-1659).

1670 Les Rouristes du Vivarais

Antoine de Roure (petit noble) : meneur. Le Vivarais (Ardèche) a subi un hiver terrible (oliviers gelés) et une taxe sur les cabarets destinée à financer le canal du Midi déclenche la révolte.

1675 La révolte du Papier timbré dans l’Ouest

(appelée révolte des Bonnets rouges en Basse-Bretagne)

Révolte contre une taxe sur les actes publics. Révolte plus forte en Bretagne (hostilité aux seigneurs). Publication de « codes paysans » par les insurgés.

1707 Les Tard Avisés du Quercy Révolte contre les taxes sur les baptême et contrats de mariage.

« Vive le roi sans la gabelle » est le cri de ralliement partout. L’impôt sur le sel est vu comme le plus injuste. Ce cri montre que l’on pense que le roi ne peut vouloir le malheur de ses peuples. Il est trompé par les ministres et les collecteurs avares. Les Bonnets rouges bretons rédigent des « codes paysans » destinés à la monarchie et envoient des députés aux Etats de Bretagne.

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