Après des études déjà anciennes sur les textes législatifs de l’administration et du Conseil du roi, les historiens se sont intéressés ces dernières années, à l’étude de la représentation de Louis XIV à Versailles, dans ses appartements, dans le choix des décors, de ses spectacles, à la diffusion des informations pour la communication royale ou encore à sa santé, s’interrogeant avec ces angles de vue sur la notion de pouvoir.

L’accent fut mis sur l’exercice public du pouvoir royal. Le pouvoir était dans l’appareil visible autour de Louis XIV, une politique spectacle en quelque sorte. C’était une manière de sortir de l’héritage de Saint Simon et de la vision troisième république, sur l’absolutisme pyramidal et centralisé dans un pré-carré presque parfait. La prise de décision de celui qui gouverne avait, semble-t-il, quitté le centre du pouvoir.

Le roi gouverne en son cabinet, il y passe l’essentiel de son temps et il dirige véritablement la politique de son Etat. Le roi gouverne par lui-même mais ne gouverne pas seul. Le gouvernement de Louis XIV n’est pas aussi stable qu’il y paraît, les changements sont cependant plus circonstanciels qu’institutionnels.

Le roi tient conseil quotidiennement. L’exercice privé du pouvoir s’effectue dans ce gouvernement par conseil, ce qui minore le gouvernement personnel évoqué depuis 1661. Les conseils de gouvernement (Conseil d’en-Haut, Conseil royal des finances et Conseil des dépêches qui se tiennent au Cabinet du roi) diffèrent des Conseils de justice ou d’administration (élargi à une trentaine de participants). Les Conseils de gouvernement sont le lieu secret de la circulation de l’information, des nominations, des délibérations. Le rythme hebdomadaire de ces Conseils cadence le travail des ministres et des secrétariats.

Ainsi, le roi a le pouvoir politique mais il compose avant d’imposer. Son travail est ici, décodé avec méthode et une extrême finesse pour comprendre les sens des apostilles royales sur les mémoires, pour établir le schéma de la décision, la pratique de la liasse l’après-dînée qui serait décisive face au Conseil (Saint-Simon). En fait, le travail du roi est multiple, comprenant de larges consultations, la réunion des conseils, des entretiens en tête à tête, des séances de travail sur dossier. Le roi se fait lire les dossiers comme ce jour de mars 1691 où Louvois « a été quatre heures à lire au roi assez vite », une dépêche de 147 pages. Apparaît ainsi dans le secret des cabinets, un roi de plume à la formidable mémoire.

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