Conférence dans le cadre de la journée d’études organisée par l’AHCESR à la Sorbonne, le 25 mai 2019, sur la question d’histoire contemporaine aux programmes de l’agrégation et du CAPES : « Cultures, médias, pouvoirs aux Etats-Unis et en Europe occidentale ».

Romain Huret est un historien spécialiste des Etats-Unis, directeur d’études à l’EHESS. Il travaille sur les inégalités économiques et sociales. Il a notamment publié La fin de la pauvreté ? et American Tax Resisters. 

L’objectif est de dire ce que les historiens américains ont écrit depuis 30 à 40 ans sur les quatre axes majeurs de la question au programme :

  1. Chronologie de la Guerre froide.
  2. Histoire culturelle, histoire politique.
  3. Cultures politiques.
  4. Américanisation et American way of life. Cet axe sera peu développé, car la culture exportée est une forme spécifique de la culture américaine, différente de la culture intérieure. D’autre part, le thème est abondamment traité par les historiens français.
  • Lisabeth Cohen, A Consumers’ Republic. The Politics of Mass Consumption in Postwar America (2004)

Lisabeth Cohen évoque une « république de consommateurs ». En effet, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’idée de frugalité, jusqu’ici très présente dans la culture américaine, disparaît au profit de la consommation de masse.

CR dans la Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine

  • Lawrence W. Levine, Culture d’en haut, culture d’en-bas (1990, traduction française : 2011)

Les élites ont confisqué une partie de la culture américaine. Il développe l’exemple de Shakespeare, lu largement avant de devenir un élément de la culture des élites. L’idée de hiérarchie culturelle est aussi abordée par Lisabeth Cohen qui évoque la fusion de ces deux cultures. Ce syncrétisme culturel se traduit par l’émergence d’une culture des classes moyennes.

CR sur le site Lectures

Romain Huret évoque ensuite le passage d’un paradigme à l’autre. Pendant longtemps, les historiens ont distingué deux étapes :

  • Après la Seconde Guerre mondiale, un consensus libéral se serait installé. Il faut comprendre le libéralisme dans le sens américain, c’est-à-dire comme une forme de progressisme. Cette culture libérale devient dominante et fusionne avec la culture de la guerre froide.
  • Dans les années 1960 et 1970, ce consensus éclate, divisé par des tensions internes (New Left) et par des tensions externes (conservatisme).

Les historiens ont désormais une vision plus nuancée et estiment qu’il y a une concurrence entre libéralisme et conservatisme.

Le New Deal se caractérise par une confiscation du terme de libéralisme par F. D. Roosevelt et prend le sens de progressisme. Il est associé à un interventionnisme de l’Etat et à l’idée que les Etats-Unis sont un pays de classes moyennes. La culture apparaît comme un facteur d’émancipation. Les médias, notamment la télévision et les grands quotidiens nationaux, jouent un rôle essentiel de médiateurs de la culture libérale.

  • Stephen E. Kercher, Revel with a cause. Liberal Satire in Postwar America (2006)

Le titre fait référence à La fureur de vivre et fait le lien entre libéralisme et humour.

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Jennifer Ghislain pour les Clionautes