L’histoire globale, ou Global History, d’inspiration anglo-saxonne, propose une analyse du rôle des mondes non-européens dans l’histoire de l’humanité pour sortir à la fois des histoires nationales et des histoires eurocentrées. La théorie des systèmes-monde est une orientation historiographique spécifique à l’intérieur du vaste programme de la Global History, développée par Immanuel Wallerstein. Ses successeurs, spécialistes d’économie et d’anthropologie ont complexifié ce schéma d’analyse en argumentant qu’il n’existe qu’un seul système-monde qui ne fait que s’étendre à l’échelle de la planète depuis le IVe millénaire avant J.C.
Cette fiche complète une précédente réflexion qui introduit à l’analyse des systèmes-monde développée par Immanuel Wallerstein.
Plan de la fiche
Les successeurs de Wallerstein approfondissent le modèle
La thèse continuationniste
Les « hégémonies »
Les « cycles systémiques d’accumulation »
Les « transitions hégémoniques »
◦ Giovanni Arrighi et Beverly Silver
◦ Christopher Chase-Dunn/Thomas Hall, Kajsa Ekholm/Jonathan Friedman
La hiérarchie cœur/périphérie du système monde
Les « efflorescences »
Conclusions : il existe deux approches (les systèmes-monde et la Théorie du Système Monde)
◦ Les systèmes-monde d’Immanuel Wallerstein et le fonctionnement réticulaire de l’organisation du monde
◦ La Théorie du Système Monde construit le schéma d’un unique système qui se renouvelle constamment
Les successeurs de Wallerstein approfondissent le modèle
Comme démontré dans l’introduction aux systèmes-monde, le modèle centre-périphérie est bien au cœur des systèmes-monde : Wallerstein s’est inspiré de la soumission du Tiers-Monde (périphérie) par le camp impérialiste (cœur)1. Mais ce schéma a été étoffé et complexifié depuis 40 ans, notamment par des anthropologues, des économistes et des historiens de l’économie : Andre Gunder Frank Barry Gills, Jack Goldstone, Giovanni Arrighi, Christopher Chase-Dunn, Thomas Hall, William Thomson, Kajsa Ekholm, Jonathan Friedman, Philippe Norel, afin d’affiner les recherches historiques sur l’origine du capitalisme2.
L’importance de leurs travaux démontre à quel point l’histoire économique peut encore être un support des réflexions globales et de la modernisation de l’historiographie.
La thèse continuationniste
Dans les années 1990, Andre Gunder Frank et Barry Gills ont défendu l’idée selon laquelle les systèmes-monde auraient existé bien avant le XVIe siècle3. Leur proposition s’articule autour de 4 idées majeures :
- l’extraction et le transfert des surplus existe depuis l’âge du Bronze et il est lié au développement des cités-Etat (les palais et les temples étant à l’origine d’une forte demande d’approvisionnement et de services) ;
- avec le temps, de nouveaux secteurs d’activités (publics et privés) apparaissent, dont le développement dépend des transformations des formes de l’extraction et du transfert des surplus ;
- ces transformations des formes de l’extraction et du transfert de surplus sont cycliques et permettent d’identifier de longs cycles séculaires d’expansion (A) et de contraction (B) des échanges ;
- l’interpénétration des échanges entre l’Afrique et l’Eurasie sont à l’origine d’une synchronisation progressive de ces cycles tout au long du premier millénaire avant J.C.
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