Cette fiche de lecture de l’Atlas des frontières des Editions Autrement est très complète. Elle apporte de très nombreux détails sur le « retour des frontières » (Michel Foucher) et des murs dans le monde. Les lignes frontalières de la planète, pensées comme des interfaces après la fin de la guerre froide, deviennent à présent des « fronts »: c’est ce double phénomène d’ouverture et de fermeture qui est analysé ici.

La frontière = une réalité polymorphe incarnant une limite spatiale établie par des pouvoirs politiques ou religieux en place. Elle se distingue au sol, dans l’air et la mer.

Elle n’a pas uniquement vocation à incarner un front, ni une limite close et infranchissable. Chaque Etat, de part et d’autre d’une frontière, entretient son propre système institutionnel, judiciaire, économique et culturel.

Elément faussement paradoxal : plus la terre est globalisée, plus les frontières se renforcent.

Depuis 1945, les frontières se sont multipliées : héritage historique (Amérique latine, Afrique etc) + décolonisation (Europe ou Afrique). Dans les années 2000, les frontières se « durcissent et se barriérisent » (Michel Fouché) face au terrorisme, migrants, trafiquants etc.

Ne nait jamais ex nihilo : soit issu d’un élément naturel (crête des Pyrénées, fleuve Jourdain etc.), après un rapport de force politique ou militaire qui l’a tracé.

Une frontière se représente (Yves Lacoste) : dangereuse (si difficile à défendre), favorable (comprenant des territoires précieux), illégitime (si imposée par une puissance étrangère), inutilement couteuse (pouvant nuire au commerce et à la transhumance), sacrée etc.

Construire et hériter

Fronts et conflits : de Carl von Clausewitz à la Seconde Guerre mondiale

La frontière = le front, incarnant des zones linéaires, surpeuplées, immenses et ultra mortifères. L’aviation fera de l’arrière un second front.

La guerre froide : une guerre de frontières?

– Après la Seconde Guerre mondiale, le tracé des frontières cache mal la réalité des « zones d’influence » : de nouveaux fronts naissent : idéologiques, économiques, militaires.
– La Seconde Guerre mondiale a été l’occasion pour USA et URSS de créer des zones d’influences. Chaque km² de libéré sur le Reich nazi devient une portion de territoire gagnée à la confrontation idéologique. Les frontières passant de facto à de jure. Tout en permettant d’avoir des Etats-alliés tampons.

Après 1989 : retour, choc ou fin des frontières ?

• Un mur-frontière : une mémoire

9 novembre 2014, célébration à Berlin pour commémorer les 25 ans de la chute du Mur. Après la chute, vrais débats : détruire ou garder un souvenir ? Négation du passé ou fétichisation morbide ? Un fragment devenu œuvre d’art : l’East Side Gallery : une frontière repensée et réappropriée, toujours vivante comme mémorial et transmetteur de mémoire.

• L’horreur du vide : la Balkanisation

Après la chute du communisme : morcellement des Balkans et enchevêtrement ethnolinguistique. Logique d’affrontements : Serbes, Croates, Bosniaques. 30% des frontières européennes sont établies après 1989.

• Frontières = caduque ?

1998 : naissance de Google. Internet comme continent sans chemin ni bornes, s’affranchissant des limites physiques et des juridictions nationales.
En parallèle, la globalisation économique tend à l’idée d’un « village global » (Marshall McLuhan) = remise en cause de la notion traditionnelle de frontières = les échanges, communications et culture s’uniformisent. Les Etats voulant empêcher cela (ex : Corée du Nord, Cuba) faisant figure de fossile. Frontières ouvertes empêchant la lutte contre la diffusion d’un virus ou le réchauffement climatique. Dans un monde globalisé, les solutions se doivent d’être globalisées.

• De nouveaux fronts : idéologiques

– Terrorisme : montre qu’une guerre ne se déroule plus qu’entre deux armées classiques. Pose la question de la pertinence des frontières et de la manière de lutter sur des fronts mouvants avec des combattants fondu dans la masse. Chaque terroriste ouvrant un front, constituant une partie de cette frontière idéologique.
– Complotisme & réseaux sociaux.
– Migration chaotique.

Les Clionautes multi-écran

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