Cette fiche de lecture documentée porte sur un ouvrage du CNED sur les frontières. Elle se compose de 6 chapitres thématiques.

 

Chapitre 1 : Introduction

I) Qu’est-ce que la frontière en géographie ?

A) Définir la frontière en géographie

La frontière est une « limite séparant deux Etats » (P. Baud, S. Bourgeat et C. Bras, Dictionnaire de géographie,2008). En anglais, il y a 3 termes pour la définir :
boundary = ligne-frontière
border = zone frontière
frontier = front pionnier

Cette notion est naturellement politique, indissociable de la notion d’Etat. Michel Foucher complète ces définitions en précisant que les frontières sont des structures spatiales élémentaires, de forme linéaire, à fonction de discontinuité géopolitique et de marquage, basées sur 3 registres :
• Le réel (limite spatiale de l’exercice d’une souveraineté)
• Le symbolique (identité et appartenance à un territoire)
• L’imaginaire (le rapport à l’autre et la relation à soi-même)

Christiane Arbarret-Schulz (2002) ajoute que la frontière met de la distance, même si les territoires sont spatialement en continuité.

Cette notion admet 2 principes géographiques :
• La limite : elle marque la séparation de 2 territoires.
• La discontinuité spatiale : une rupture brutale (économique, politique…) entre 2 espaces proches.

Une frontière est une dyade, au sens où elle structure l’espace : plus ou moins fermée, ouverte, de régulation du territoire.

B) Frontière naturelle, frontière politique

Les « frontières naturelles » n’existent pas, ne jamais utiliser ce terme ! Elles sont toujours une construction des hommes, pas un fait naturel. Les frontières sont des dates inscrites dans des espaces, elles ont une histoire. Leur perception varie en fonction de :
• L’échelle d’observation (pas la même perception au niveau local ou au niveau de l’Etat)
• Type de mobilité
• Fonctions de la frontière et moments (jour, époque, siècle).

C) Etats, territoires et frontières

Ils sont étroitement liés. C’est à partir du traité de Westphalie (1648) qu’on commence à parler de frontières qui séparent des Etats par le tracé.

Elles sont de 3 natures :
• Terrestres : déterminées selon un rapport de force, tracées sur des cartes et démarquées parfois par des bornes frontière (ex : Corée du Nord et du Sud)
• Maritimes : jusqu’à 12 miles nautiques (22 km) qui correspondent aux eaux territoriales et jusqu’à la limite de la zone économique exclusive (ZEE)
• Aériennes : jusqu’à une altitude de 100 km

Tracer une frontière est un acte géopolitique qui se fait en 4 phases :
• La détermination de négocier pour la fixer
• Délimiter sur une carte la frontière
• « Démarcation par abornement » sur un territoire, en plaçant des bornes
• Densification des bornes

 

II) Enjeux et débats autour de la question de programme

A) La frontière, un objet récent de la géographie française

L’instauration des frontières a commencé au XVIème siècle et le but était d’instaurer la paix entre les Etats. Avant, à cause du système de féodalité, elles étaient floues. La géographie des frontières apparaît au XIXème siècle par Jacques Ancel pour la France.

Deux conceptions s’opposent :
• La conception française définit la frontière comme un construit politique séparant 2 Etats.
• La conception allemande fondée par Ratzel qui fait le lien entre peuple et espace avec l’idée de frontières « mouvantes » : le régime nazi se servira de ça pour son « Lebensraum ».

« La nature ne trace pas des bornes toutes faites à l’activité d’un groupe d’hommes ; il n’y a pas de bonne ou de mauvaise frontière : le qualificatif dépend des conjonctures » (Jacques Ancel, 1938).

B) Un retournement du regard sur la frontière à partir des années 1970

Le discrédit jeté sur la frontière à la suite de la Deuxième Guerre mondiale se termine à partir des années 1970. Les géographes étudient les frontières comme liens entre sociétés et espaces. Dans « La notion d’intégrité territoriale et les problèmes des régions frontières du Québec » (1974), J.P. Lacasse et H. Dorion inventent la « limiologie » (sémiologie des limites), c’est-à-dire étudier des frontières dans leur contexte en intégrant tous les liens possibles (ethniques, économiques, culturels…). Ils analysent l’impact social des frontières sur les populations et ne considèrent plus uniquement les frontières comme un rapport de pouvoirs entre Etats. Les travaux menés en 1980-1990 sur les frontières en Afrique, Asie ou Amérique latine montrent qu’il y a des flux illicites qui s’opèrent, liés aux mêmes ethnies d’un côté et de l’autre de la frontière, ce qui facilite les échanges.

 

III) Enjeux didactiques

A) Les frontières en classes de Première et Terminale

Les frontières sont traitées en HGGSP. En Première on aborde la multiplicité des frontières (tracé, fermeture/ouverture, acception/rejet…). En Terminale, on aborde l’océan et l’espace (Thème 1 : De nouveaux espaces de conquête), mais aussi les relations de conflits aux frontières (Thème 2 : « Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution ») et le cyberespace (« conflictualité et coopération entre les acteurs »).
Le programme de Terminale générale fait également intervenir les frontières. Le thème 1 (« Mers et océans : au cœur de la mondialisation ») développe les frontières maritimes dans le cadre de la question 2 du thème (« Mers et océans : entre appropriation, protection et liberté de circulation »). Enfin, le thème 3 (« L’Union européenne dans la mondialisation : des dynamiques complexes ») met en évidence les coopérations transfrontalières au sein de l’UE.

B) Dans les autres niveaux scolaires, les frontières ne sont abordées qu’indirectement dans les programmes

En 6ème et 5ème => on ne parle pas des frontières.
En 4ème, thème 2 « Les mobilités humaines transnationales » et thème 3 « Des espaces transformés par la mondialisation ».
En 3ème, thème 3 « La France et l’Union européenne ».
En Seconde, thème 3 « Des mobilités généralisées ».

Les Clionautes multi-écran

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