Une sélection de quelques chapitres de l’ouvrage collectif, portant sur des études de cas précises sur la place et le rôle (ou le non-rôle) des élites dans les colonies européennes en Afrique entre le XIXe et le XXe siècle.
Cette fiche peut être accompagnée de la lecture de Hubert Bonin, L’empire colonial français : de l’histoire aux héritages (XXe-XXIe siècles), 2018
REFLEXIONS SUR L’HISTORIOGRAPHIE DES ELITES IMPERIALES (directeurs de l’ouvrage)
Histoire sociale des sociétés coloniales : peut permettre de dépasser les apories des discours apologétiques et compassionnel qui ont la faveur des médias. Permet également de compléter et de nuancer les apports des post-colonial studies. Doit permettre de repenser la question de la domination coloniale. Dans Ornementalism, David Cannadine reproche aux post-colonial studies d’avoir négligé l’histoire sociale au profit de la hiérarchisation raciale et des études de genre. Il propose de comprendre la colonisation comme un système d’exportation, de reproduction et d’adaptation des structures sociales métropolitaines. On peut se demander qu’est-ce qui distingue certains « colons » au sens large d’autres immigrés qui vont vers les USA par exemple. De même, des missionnaires, des commerçants et des explorateurs vont dans des pays qui resteront autonomes jusqu’au début du XXe siècle (Hawai, Nouvelles-Hébrides, Tonga, …). Historiographie qui, longtemps, n’a pas été assez comparatiste.
Méthode comparatiste largement redevable à Marc Bloch : permet de tester la validité d’une explication dans un autre contexte + permet de mettre en valeur les originalités + facilite le transfert des problématiques d’un espace à l’autre. Trois types d’élites : celles de la métropole, les cadres employés dans l’empire et les élites « créoles », c’est-à-dire nées dans les colonies.
Mettre en relation colonies et méritocratie métropolitaine : ouverture de l’Ecole coloniale en France en 1889. En Angleterre, il faut attendre 1870 pour que le recrutement administratif se fasse par concours (libre concours depuis 1853 pour l’Indian Civil Service).
Visions parfois différentes : en 1910, lord Balfour déclare à la Chambre que l’Angleterre exporte vers les colonies ce qu’elle a de mieux. A l’inverse, Bardamu, dans le Voyage au bout de la nuit, partant vers l’Afrique sur l’Amiral-Bragueton décrit une population effrayante d’imbécilité qui manque de le jeter à l’eau.
Terme d’« élites » qui permet d’englober la diversité des activités au sein même d’un seul cursus : Henri Gaden a ainsi été militaire, administrateur, photographe et savant. Halford Mckinder a effectué la première ascension du Kenya, a enseigné la géographie à Oxford et a dirigé la London School of Economics.
LE CONGO BELGE (1908-1945). COLONISER SANS ELITES ? (Amandine LAURO et Valérie PIETTE)
La Belgique se caractérise par la faiblesse de ses élites coloniales et par la quasi-absence d’esprit colonial. On a très peu écrit sur les élites au Congo belge et les informations sont très éparses. Léopold II est très seul parmi ses collaborateurs et la classe politique belge septiques voire hostiles vis-à-vis de ses ambitions outre-mer. On craint notamment pour l’équilibre budgétaire et la santé économique. Pourtant, la Belgique consent des emprunts et les principaux groupes financiers investissent au Congo dans le chemin de fer et les mines. Passé le début du XXe siècle, il n’est cependant plus question pour les autorités de laisser une autre puissance s’approprier le Congo. Le fait de déplorer le manque d’intérêt notoire de la population et des élites belges pour le Congo est un véritable « topos de la rhétorique coloniale belge ».
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