La conférence qui a réuni David Teurtrie, chercheur associé au centre de recherche Europe Eurasie de l’INALCO et Cyrille Bret maître de conférences à Sciences-po Paris était consacrée à la publication du focus des images économiques du monde sur l’actualité géopolitique jeu économique de l’Europe et son avenir à la veille des élections de mai 2019.  Elles proposent focus sur l’actualité géopolitique et géoéconomique de l’Europe et son avenir à la veille des élections européennes.

Cette fiche a été rédigée par un préparant, admissible à l’oral du concours de l’école militaire interarmes. Un groupe de sous-officiers et soldats du rang a fait le choix de participer au festival de géopolitique de Grenoble en partenariat avec les Clionautes.

Ils ont été tenus de fournir, à partir des conférences, tables rondes, et communications, auxquelles ils ont assisté, des restitutions construites dans la perspective de l’épreuve orale dite « du général ».

Cette épreuve se déroule après un temps de préparation de 30 minutes, en 10 minutes. Elle est suivie de 20 minutes d’entretien.

Les sujets qui seront traités dans cette série, associent les questions européennes et les problématiques de sécurité et de défense.

Cette présentation est articulée autour du modèle suivant :

  • Une accroche.
  • Une idée maîtresse.
  • Deux ou trois idées principales, organisées autour d’une phrase pivot.
  • Une reprise en conclusion qui reprend la problématique.

 

***

 

Il m’a été proposé d’intervenir en réponse à une question sur l’avenir de l’Europe, union ou éclatement ?

J’articulerai mon exposé autour de cette idée maîtresse :

Idée maîtresse :

La place des pays de l’Europe centrale et orientale dans la nouvelle Europe ne constitue-t-elle pas une menace pouvant conduire à son implosion.

La désunion Européenne nous fait tout d’abord penser à la fracture Est/Ouest. En même temps, face à une Russie qui affiche clairement ses ambitions, sur son front occidental, et donc sur le front oriental de l’Europe, il apparaît que la Pologne devient la base avancée de l’OTAN, comme élément central de la défense européenne.

Ma première partie sera consacrée à une réflexion qui peut paraître évidente, mais dont découle notre posture en matière de défense et de sécurité de l’Europe.

L’Europe centrale et orientale est géographiquement proche de la Russie.

Cela implique en termes de défense la remarque suivante :

La présence militaire dans les parties est et sud-est du territoire de l’Alliance est une composante importante de la posture de dissuasion et de défense renforcée de l’OTAN. Elle correspond à la mise en œuvre par les Alliés des décisions qu’ils ont prises au sommet de Varsovie, en 2016, à savoir établir une présence avancée de l’OTAN en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, et développer une présence avancée adaptée dans la région de la mer Noire.

En même temps, il existe des lignes de force dans le domaine géopolitique qui peuvent transcender les inquiétudes de certains pays européens face à la renaissance de la Russie.

Le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas et son homologue russe Sergei Lavrov cherchent à éviter que la Russie ne se mette en retrait du conseil de l’Europe. Des discussions bilatérales ont eu lieu le 14 septembre 2018 à Berlin à ce propos.

Un rapprochement Hongrie-Russie ? Malgré de fortes réticences, nourries par l’histoire, (intervention soviétique à Budapest en 1956. La Hongrie est le premier pays à avoir démantelé le rideau de fer en juillet 1989), Viktor Orban depuis son retour au pouvoir, en 2010 cultive des relations d’amitié avec Vladimir Poutine.. La Hongrie importe en effet plus de la moitié de son gaz de Russie. Pour Viktor Orban, il est important que ce gaz ne soit pas trop cher, car l’énergie à prix réduit est une composante essentielle de sa politique.

Mais les autres pays frontaliers de la Russie, restent très méfiants, vis-à-vis d’elle, de par la présence de minorités russophones significatives dans les pays baltes, par les liens de plus en plus étroits entre la Biélorussie indépendante et la Russie, et par le déploiement militaire en Ukraine orientale. À cela s’ajoute l’annexion de la Crimée en 2014.

Transition

Au-delà de ces questions de défense et de sécurité, il convient d’apporter quelques précisions sur le développement économique de cette partie de l’Europe.

Une fracturation économique subsistante entre l’Europe occidentale et l’Europe orientale

De plus, lors de la levée du rideau de fer, les délocalisations vers les pays de l’Est ont eu des effetz très positifs pour l’unification européenne à court terme. Cela permit d’ailleurs à la république fédérale allemande, après sa réunification, d’en tirer très largement profit.

Cependant, les conséquences visibles aujourd’hui, auraient plutôt tendances à séparer les deux anciens blocs. En effet, le fait d’avoir délocalisé vers l’Est pour bénéficier de la main d’œuvre moins chère rentre en contradiction avec la volonté d’avoir un niveau de vie uniforme partout dans l’union européenne. Par ailleurs, cela a pu entraîner de fortes migrations d’Est en Ouest, les frontières étant ouvertes. Ainsi les pays de l’Est n’arrivent pas à garder leur main d’œuvre qualifiée qui préfère s’expatrier et avoir un niveau de vie équivalent à leurs collègues de l’Ouest. Cela est par ailleurs accentuée par la faiblesse démographique de toute l’Europe centrale.

En tout état de cause, les disparités de niveau de vie restent importantes, même si pour la Pologne, elles ont tendance à se réduire, tout comme pour la République tchèque et dans une moindre mesure la Slovaquie. C’est loin d’être le cas pour la Hongrie, et surtout la Bulgarie et la Roumanie.

Transition

Au-delà des disparités économiques, il semble que des fracturations politiques n’apparaissent. .

Le groupe de Višegrad (Pologne, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie) apparaît comme de plus en plus eurosceptique. Il trouve un écho auprès des mouvements populistes d’Europe occidentale, particulièrement en Italie.

Le pari de l’alliance Le Pen/Salvini réussit en effet à désenclaver les revendications sceptiques de l’Europe de l’Est.

Au-delà des pays de l’union européenne, il convient également de s’intéresser à son environnement proche. Et sur la façade orientale, il y a bien une zone de contact avec la Russie.

La politique européenne de voisinage lancée en 2004 avait pour objectif de soutenir et de favoriser la stabilité, la sécurité et la prospérité dans les pays les plus proches des frontières de l’union. Cela passe par un financement significatif de près de 16 milliards d’euros pour la période 2014–2020.

Ces pays sont situés au Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), au Machrek (Lybie, Egypte), au Moyen Orient (Israël, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, le Liban, la Syrie), dans le Caucase du Sud (l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie), et en Europe de l’Est (la Moldavie, l’Ukraine et la Biélorussie). La Russie fait l’objet d’un partenariat à part avec l’Union européenne, qui ne relève pas de la politique européenne de voisinage (PEV).

De plus, le Partenariat Oriental signé en 2009 semble être « l’antichambre de la désunion », car les pays membres restent marginaux géo stratégiquement parlant mais ne peuvent pas non plus nier leur identité européenne. (Plus guerre du pétrole et questions des visas) Le Partenariat oriental vise à renforcer l’association politique et l’intégration économique de six pays d’Europe orientale et du Caucase du Sud. (l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie, la République de Moldavie, l’Ukraine.)

Considérée comme un espace visant à agréger l’ensemble de ses voisins, l’union européenne est aujourd’hui confrontée à des forces de désagrégation.

Les relations de l’union européenne avec la Russie et la Turquie sont sensiblement dégradées, Sur le Flanc Sud, les pays du partenariat oriental connaissent une certaine instabilité, et la crise migratoire divise l’ensemble des pays de l’union. L’Europe a donc de grosses difficultés à s’unir malgré le rapprochement Franco-Allemand.

J’ai abordé dans mon exposé les problématiques de défense et de sécurité de l’union européenne, dans lesquels l’OTAN joue un rôle essentiel, sur le front oriental. Au-delà il convenait de s’interroger sur les intérêts économiques des pays partenaires. Mais il semblerait qu’une forme d’instabilité politique, à l’intérieur comme à la périphérie de l’union européenne n’aille dans un sens qui pourrait en favoriser l’éclatement. Après tout, le brexit pourrait constituer un premier avertissement.