Ordre et désordres dans une paix retrouvée – 1945-1949

MEP : En 1945, les grandes puissances européennes, maîtresses de la scène internationale dans les années 1930, sont dévastées et ruinées par la guerre. Le bilan humain est dramatique : entre 60 et 80 millions de morts, plusieurs millions de blessés, 30 millions d’Européens déplacés en raison des changements de frontières, surtout en Europe orientale. Par ailleurs, la Seconde Guerre mondiale a été une guerre totale et les bombardements stratégiques considérables en particulier au-dessus du Royaume-Uni, du Japon et de l’Allemagne ont détruits les usines, les ponts, les routes, les lignes de chemins de fer et les gares paralysant l’économie et les échanges dans une bonne partie de l’Europe, en Chine et au Japon. La guerre a également englouti les réserves monétaires des pays européens.
Ainsi mis à part les USA, l’économie mondiale est dévastée. Plus encore que la Première Guerre, la Seconde Guerre mondiale provoque une crise de civilisation, particulièrement en Occident. – par la découverte du génocide (Shoah) qui remet en cause les valeurs de la civilisation occidentale et sa confiance dans le progrès ; mais aussi parce que le monde est entré dans l’ère nucléaire. La puissance dévastatrice de la bombe A (Etats-Unis en 45, URSS en 49) se retrouve au cœur des relations internationales et d’une nouvelle « grande peur » des populations par le sentiment d’être à un véritable tournant de civilisation. L’homme s’est approprié une puissance technologique de destruction qui le dépasse et il a révélé en même temps durant le conflit ses terribles capacités de nuisance et de violences extrêmes. « Nous savons désormais » déclarait déjà en 1919 Paul Valéry dans une tragique prise de conscience « que les civilisations sont mortelles ». Il meurt en 1945, désespéré de l’avenir plus que jamais incertain de l’humanité. De ce point de vue en effet, la Seconde Guerre mondiale représente une rupture majeure dans la conscience morale des peuples et des individus alors que le monde lui-même est à reconstruire.

ATS 1 : Véritable pivot du XX° siècle, la guerre a jeté un doute sur les valeurs de la civilisation occidentale par ses conséquences idéologiques et politiques : les régimes fascistes et impérialistes (Allemagne nazie, Italie fasciste, Japon)) ont été déconsidérés alors que le communisme est sorti grandi de sa participation à la victoire et par rôle des PC dans les résistances en Europe (à partir de 1941 !!!)….. La défaite des régimes totalitaires et conservateurs s’est accompagnée d’un profond désir de rénovation politique et sociale et de la volonté de construire un monde meilleur : projets d’institutions internationales, de réformes sociales. Mais la sortie de guerre se prolonge au-delà de son terme officiel, le 2 septembre 1945, jusqu’aux traités de paix de février 1947 conclus avec quelques-uns seulement des vaincus, car alors s’impose l’évidence de nouvelles tensions entre les deux nouveaux géants, les États-Unis et l’URSS.
Seules les deux nouvelles superpuissances victorieuses du nazisme et de l’impérialisme japonais dominent la scène internationale dans le vaste et nécessaire projet de fonder un nouvel ordre international de Paix, de sécurité, de liberté et de prospérité à reconstruire. Ainsi de l’alliance nouée en 1941 dans les contraintes et les nécessités d’une guerre totale doit alors émerger l’avenir du monde. Tout oppose cependant dans la nature et les objectifs, l’URSS de Staline et la puissante démocratie libérale américaine. Et c’était pour les USA, croire peut-être -bien trop imprudemment- pouvoir composer avec la réalité totalitaire du système stalinien renforcé par la guerre, en oubliant la leçon intemporelle de Machiavel déclarant dans « le Prince » que: « La soif de dominer est celle qui s’éteint en dernier dans le cœur des hommes omnipotents ».
ATS 2 : En effet, agrandie sur le plan territorial, Staline sort de la guerre auréolé du prestige de la lutte contre l’Allemagne hitlérienne. L’URSS est galvanisée par sa résistance héroïque dont témoignent aux yeux du monde, la victoire de Stalingrad et la prise de Berlin. La puissance soviétique offre ainsi le visage d’un modèle idéologique, économique et social cachant bien ses échecs, qui rayonne comme jamais auparavant en Europe. De plus, contrairement à l’armée américaine, l’Armée rouge n’est pas démobilisée à la fin de la guerre. L’Union soviétique dispose de ce fait d’une réelle supériorité numérique en hommes et en armement lourd sur le théâtre européen (3,5 millions d’hommes). Staline veut conserver cet avantage et s’affirmer comme le maître présent et à venir de l’Europe centrale et orientale.

Les États-Unis pour leur part sont les grands vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. Leurs pertes humaines et matérielles sont relativement faibles et même si l’armée américaine est presque entièrement démobilisée quelques mois après la fin des hostilités, les États-Unis restent la première puissance militaire (cf. Paul Kennedy« Le grand Tournant » 2012). Leur flotte de guerre et leur aviation sont sans égales et ils détiennent jusqu’en 1949 le monopole de l’arme atomique. En outre ils s’imposent comme la première puissance économique mondiale, tant en ce qui concerne le volume des échanges commerciaux que pour la production industrielle et agricole. Par ailleurs les Américains possèdent désormais les deux tiers du stock d’or monétaire mondial et le dollar devient « de facto » la monnaie d’échange internationale de référence. Ils proposent au monde leur modèle politique et économique et la création de l’ONU pour préserver désormais la paix entre les peuples et des Institutions internationales économiques et financières (cf : Brettons woods –Accords du Gatt et plan Marshall) pour reconstruire un monde partiellement détruit en conservant leur rang de puissance et leur prospérité de première économie mondiale.

PBM : Ainsi en quoi dès là fin des combats du plus vaste conflit de l’histoire de l’humanité se confrontent deux visions d’un nouvel ordre international à créer si ce n’est à partager, entre les deux grandes nouvelles puissances mondiales dans une atmosphère de méfiance et de peur. Et comment à partir de 1947, l’Europe, désormais divisée en deux blocs dans une dynamique de tensions, se trouve-t-elle au centre de l’affrontement indirect entre les deux superpuissances qui culmine avec la crise de Berlin en 1949 et consacre la bipolarisation des relations internationales ?

IM avec AP : La fin de la Seconde Guerre mondiale ne conduit pas à un retour à la normale mais annonce au contraire l’émergence de tensions renouvelées entre les démocraties et la forme survivante des totalitarismes : le stalinisme.
En effet, de l’été 1945 au printemps 1947, les rapports entre les anciens Alliés ne cessent de se dégrader. La victoire a rompu le lien entre des régimes que les intérêts, les ambitions et les idéologies opposent. Cette opposition bientôt irréductible se manifeste tout d’abord entre l’URSS stalinienne et les États-Unis au capitalisme triomphant, aux différentes logiques dominatrices (I). L’évolution en Allemagne et dans d’autres pays européens suscite ensuite, les débuts de la constitution de systèmes d’alliance fondées sur des doctrines radicalement opposées (II). De vives tensions entre les Alliés s’imposent enfin, comme une réalité culminant lors de la crise de Berlin (III) et confirment les prédictions de Winston Churchill qui, en mars 1946 dans son discours de Fulton, est le premier homme d’État occidental à parler publiquement d’un « rideau de fer » divisant désormais l’Europe en deux.

I°) Des conférences à la paix manquée : deux visions de la victoire et du monde dans le camp des vainqueurs d’une guerre totale.

A) Des conférences pour la paix ou s’expriment déjà des rivalités et des objectifs dissemblables (1943-1945)

La Seconde Guerre mondiale a bouleversée la carte du monde. Même avant la capitulation des pays de l’Axe, les trois Grands, Américains, Anglais et Russes, s’efforcent de régler le sort du monde d’après-guerre. Du 28 novembre au 2 décembre 1943, la conférence de Téhéran est la première rencontre au sommet entre Winston Churchill, Joseph Staline et Franklin D. Roosevelt. Elle trace les grandes lignes de la politique internationale de l’après-guerre. Les dirigeants évoquent notamment un débarquement en Europe de l’Ouest, fixé au printemps 1944, le sort de l’Allemagne vaincue et de l’organisation du monde au lendemain du conflit. Deux autres conférences interalliées vont suivre, l’une à Yalta (du 4 au 11 février 1945), l’autre à Potsdam (du 17 juillet au 2 août 1945). Mais très vite, comme le montre Arthur Funk dans son ouvrage : « 1945, de Yalta à Potsdam, des illusions à la guerre froide » ; l’étroite alliance de la guerre fait place à la méfiance. Lors des conférences de paix, les trois Grands s’aperçoivent rapidement que des points de vue de plus en plus divergents opposent Occidentaux et Soviétiques. Les anciens antagonismes que la guerre a fait taire entre une idéologie totalitaire et anticapitaliste et les Démocraties resurgissent et les puissances alliées ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les buts et les modalités pratiques d’un traité de paix global.

B) La conférence de Potsdam- Le marché de dupe de Staline
La dernière des grandes conférences interalliées se déroule du 17 juillet au 2 août 1945 à Potsdam, près de Berlin. Six mois plus tôt, à Yalta, Churchill, Roosevelt et Staline avaient préparé l’après-guerre, mais les promesses de Yalta ne vont pas résister aux rapports de force sur le terrain. Le climat s’est profondément modifié entre-temps: L’Allemagne a capitulé le 8 mai 1945 et la guerre est finie en Europe. Le Japon résiste avec opiniâtreté aux bombardements massifs américains et seule la bombe atomique en viendra à bout. À Potsdam, Harry Truman remplace Franklin D. Roosevelt, décédé le 12 avril 1945, et Clement Attlee prend la tête de la représentation britannique après la défaite de Winston Churchill aux élections législatives du 26 juillet. Seul Joseph Staline a participé en personne à toutes les conférences interalliées.
L’atmosphère est beaucoup moins cordiale qu’à Yalta. Quelques semaines avant la capitulation du Reich, l’Armée rouge a réussi à s’emparer de la partie orientale de l’Allemagne, d’une partie de l’Autriche et de toute l’Europe centrale. Conscient de cet avantage sur le terrain, Staline en profite pour mettre en place dans les pays libérés par les Soviétiques des gouvernements communistes. Les Occidentaux sont dans l’impossibilité de contrôler les élections organisées dans les pays occupés par l’Armée rouge et Staline impose une profonde transformation de la carte de l’Europe orientale. Dans l’attente de traités de paix qui tardent à se mettre en place, les Anglais et les Américains acceptent provisoirement les annexions soviétiques et les nouvelles frontières fixées à la ligne Oder-Neisse. Les accords de Potsdam valident ainsi de considérables transferts de populations comme jamais vus encore en Europe, même à l’issue de la grande guerre.
Les trois chefs d’État s’accordent cependant sur des modalités pratiques du désarmement complet de l’Allemagne, de sa dénazification, du jugement des criminels de guerre (procès de Nuremberg) et du montant des réparations dont les soviétiques sont les principaux bénéficiaires. Les répartitions précédemment arrêtées sur le régime d’occupation de l’Allemagne et de l’Autriche sont confirmés.
À Potsdam, des points de vue de plus en plus contradictoires opposent les trois Grands. Il ne s’agit désormais plus de s’unir pour vaincre le nazisme, mais d’organiser l’après-guerre et conserver l’avantage dans un nouveau rapport de force international.

TRS : Ainsi, quelques mois seulement après le communiqué si confiant de Yalta, des divergences profondes se creusent entre Occidentaux et Soviétiques.

II°) Des dissensions aux tensions : deux nouveaux ennemis « face to face » dans une Europe occupée par ses libérateurs – à reconstruire- et un ordre mondial- à fonder-.

A) Refaire et repenser l’Europe dans l’après guerre des traités de paix et de la dénazification.

Dès l’année 1945, les Alliés s’établissent dans leurs zones d’occupation respectives en Allemagne. Les Américains occupent le Sud, les Britanniques l’ouest et le nord, la France le sud-ouest et les Soviétiques le centre de l’Allemagne. Le côté oriental est administré par la Pologne, sauf la ville de Königsberg (rebaptisée Kaliningrad) et ses environs, incorporés à l’URSS. Le 30 août 1945, un conseil de contrôle interallié est mis en place. Berlin est divisée en quatre secteurs. En 1946, les principaux criminels de guerre sont jugés à Nuremberg par des juges alliés. L’avenir des satellites de l’Allemagne et celui de l’Italie, de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Hongrie et de la Finlande, font l’objet de traités de paix séparés.

B) Les États-Unis et leur réaction face à l’influence soviétique en Europe
À partir de 1947, les Occidentaux s’inquiètent de plus en plus de la progression du communisme dans plusieurs pays européens. Les communistes s’imposent dans les gouvernements de coalition (Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Pologne, France, Belgique et Italie) et réussissent même parfois à écarter les autres partis du pouvoir (méthode du « cheval de Troie »). La Grèce bascule dans une guerre civile dès l’automne 1946 et la Turquie est fragilisée par les menées des partisans de l’URSS.

La doctrine Truman organise dès lors la diplomatie américaine.
Dans cette atmosphère internationale tendue, le président américain Harry S. Truman rompt avec la politique de son prédécesseur Franklin D. Roosevelt et détermine les nouvelles grandes lignes de la politique extérieure des États-Unis. Le 12 mars 1947, il présente devant le Congrès sa doctrine du containment proposant une aide financière et militaire aux pays menacés par l’expansion soviétique. Cette formalisation de l’endiguement de la progression communiste, pose les États-Unis en défenseurs d’un monde libre face à l’influence et aux pratiques politiques de plus en plus agressives de l’URSS. Des crédits d’environ 400 millions de dollars seront ainsi accordés à la Grèce et la Turquie.
Par la doctrine Truman, les Américains s’opposent au déterminisme soviétique en Europe centrale et orientale. Ils aident la Turquie à rejeter les revendications soviétiques sur la cession de bases navales dans le détroit du Bosphore et obtiennent en Iran le retrait de l’armée rouge. Par ailleurs, la lutte contre l’espionnage soviétique ressenti comme une menace majeure s’organise plus efficacement. La Central Intelligence Agency (CIA) est créée en 1947. Cet interventionnisme de la politique extérieure est un tournant essentiel dans l’histoire des États-Unis, et il ne sera plus jamais question désormais de jouer la carte de l’isolationnisme. (Cf. Henry Kissinger « Diplomatie »).

C) La volonté hégémonique de Staline et la constitution du glacis soviétique

Occupant de vastes territoires, l’URSS sort de la guerre renforcée du prestige de la lutte contre l’Allemagne. Le monde communiste ne se limite plus à l’Union soviétique, il s’étend rapidement à l’Europe centrale et orientale, qui forme « un glacis », protégeant l’URSS. La propagande communiste est imposée par la présence de l’armée rouge dans les pays qu’elle a libérés et qu’elle occupe de fait désormais, comme l’explique Georges-Henri Soutou dans son ouvrage : « La Guerre froide 1943-1990 ».
Progressivement, les leaders des partis non-communistes sont menacés, discrédités et éliminés par des procès politiques, des emprisonnements et des exécutions (cf. méthode du salami Hongrois). En seulement trois années l’URSS installe sur l’ensemble de sa zone d’occupation, des démocraties populaires dirigées par les partis communistes locaux (normalisation-soviétisation-stalinisation). La Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Tchécoslovaquie passent ainsi sous influence soviétique. Néanmoins, le refus, à partir de 1948, des communistes yougoslaves de s’aligner sur les thèses du Kominform témoigne déjà des difficultés de l’URSS à obtenir l’assentiment de la totalité des pays situés dans son orbite.

La doctrine Jdanov et le Kominform formalisent l’hégémonie soviétique.
Le 22 septembre 1947 dans Varsovie en ruines, les délégués des partis communistes d’Union soviétique, de Pologne, de Yougoslavie, de Bulgarie, de Roumanie, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, d’Italie et de France créent le Kominform, qui devient rapidement l’organe de coordination idéologique de l’expansion communiste. Présenté comme une forme renouvelée du Komintern, le Kominform est dans la pratique un instrument pour contrôler étroitement les partis communistes occidentaux et vérifier que les communistes européens s’alignent bien sur la politique soviétique- comme le montre Enki Bilal dans la bande dessinée « Partie de chasse ». A cet instant, la Yougoslavie de Tito, accusée de déviationnisme, est exclue du Kominform.
Le délégué soviétique, idéologue du PCUS et stalinien convaincu : Andreï Jdanov fait approuver par les participants de la réunion la thèse selon laquelle le monde est désormais divisé en deux camps irréductibles: un camp «impérialiste et anti-démocratique» dirigé par les États-Unis et un camp «anti-impérialiste et démocratique» dirigé par l’URSS. Cette doctrine est la réaction soviétique à la doctrine Truman. Jdanov condamne l’impérialisme et la colonisation et prône une démocratie nouvelle face aux sociétés capitalistes. Il affirme que le bloc anti-impérialiste se fonde partout dans le monde sur le mouvement ouvrier démocratique, sur les partis communistes et sur les mouvements de libération dans les anciens empires coloniaux.

TRS : En 1947, le monde semble donc déjà divisé en deux blocs quasi-inconciliables et l’Onu est impuissante à contrôler cette dérive.

III°) Premières crises et premiers affrontements entre deux mondes sous influence.
À partir de 1947, les tensions débouchent sur des conflits localisés, qui opposent les deux camps sans pour autant déclencher une guerre ouverte entre les États-Unis et l’URSS, tels que nous les montre Robert Frank dans : « 1937-1947 : la guerre-monde paru sous sa direction en 2018- décrivant les conflits périphériques de l’immédiate après-guerre, marqués du sceau des confrontations idéologiques.
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A) Les premières crises de l’immédiat après-guerre s’inscrivent dans la violence

Ainsi, la Grèce est en proie à une guerre civile dès l’automne 1946 .le Royaume-Uni et les États-Unis interviennent directement pour soutenir les forces anticommunistes. En Chine, les USA appuient le nationaliste Tchang Kaï-Chek sans pour autant lui donner la victoire sur les communistes soutenus par l’Union soviétique.
B) Les effets de la guerre civile chinoise confronte l’Asie toute entière à la menace communiste.
Au printemps 1946, la Chine est en proie à une nouvelle guerre civile entre communistes et forces nationalistes. Les communistes dirigés par Mao Zedong, promettent la terre aux paysans et s’imposent peu à peu. Ainsi, malgré l’appui logistique des Etats-Unis, le gouvernement nationaliste du général Tchang Kaï-chek est contraint en 1950, de fuir le territoire chinois et de se réfugier sur l’île de Formose. La République populaire de Chine est proclamée le 1er octobre 1949 avec Mao comme président. Les communistes occupent tous les postes-clés de l’État. Très vite le parti communiste devient le parti unique et ses opposants sont systématiquement arrêtés ou exécutés.Cette victoire renforce considérablement les possibilités d’expansion du communisme en Asie.

C) Le blocus de Berlin est l’acte de naissance de la guerre froide.

L’Allemagne devient rapidement une zone de tensions. Après avoir réorganisé politiquement leur zone d’occupation, dans le cadre de leur politique de retour à la démocratie par des élections libres à venir, les Anglais et les Américains décident d’y relancer la vie économique par une réforme monétaire. Le 20 juin 1948, les Américains introduisent le Deutsche Mark (DM) dans toutes les zones occidentales pour remplacer le Reichsmark. A l’opposé, dans la zone orientale de l’Allemagne tenue par l’Armée rouge : les communistes s’emparent de presque tous les postes de commande politique et économique et mènent une action plus prédatrice que de relèvement.
Dans le but d’imposer l’unité de Berlin au cœur de la zone soviétique et dénonçant la politique économique anglo-américaine, l’URSS met en place, le 24 juin 1948 un blocus total des secteurs occidentaux de Berlin. L’Union soviétique par cet état de siège, veut ainsi contraindre les Britanniques, les Français et les Américains à quitter Berlin en perdant la face près de la population berlinoise. Le pont aérien allié élaboré et réalisé par le général Lucius D. Clay, permet aux Etats-Unis de remporter une victoire politique sans avoir à utiliser la force.
Ainsi, comme le souligne André Fontaine dans son ouvrage « La Guerre froide 1917-1991 » : La ville devient dès lors un symbole de liberté pour l’Occident, car les Berlinois ne sont plus désormais perçus comme d’anciens ennemis mais comme les victimes de la menace soviétique. Quand le 12 mai 1949, Staline décide de lever un blocus inefficace : deux administrations municipales ont été mises en place à Berlin et, en zone orientale les Soviétiques ont procédé à la fusion des partis social-démocrate et communiste. Des élections démocratiques sont alors organisées à Berlin-Ouest en décembre 1948. Elles sont remportées par les sociaux-démocrates résolument anticommunistes. La crise de Berlin consomme ainsi le partage inéluctable de l’Allemagne. De part et d’autre du rideau de fer, la ville de Berlin devient la vitrine des modèles occidental et soviétique. Et face au sentiment de menace soviétique, l’idée du réarmement de l’Allemagne et de son intégration dans une structure d’unification européenne apparaît de plus en plus prégnante aux yeux des Occidentaux.

Conclusion

En conclusion, dès 1945, dans les décombres de la guerre, les Soviétiques qui veulent désormais dominer en Europe se sentent menacés par les Occidentaux et accusent les États-Unis de mener une « expansion impérialiste ». De leur côté, les Américains s’inquiètent de l’expansion communiste et reprochent à Staline de ne pas respecter l’accord de Yalta sur le droit des peuples libérés à disposer d’eux-mêmes. Il en résulte ainsi, un renouveau de tensions internationales. À partir de 1947, l’Europe, divisée en deux blocs, se trouve au centre de l’affrontement indirect entre les deux superpuissances. En 1949, cette confrontation éclate au grand jour lors du blocus de Berlin et l’explosion de la première bombe atomique soviétique, conforte l’URSS dans son rang de puissance mondiale.

Un nouvel ordre mondial se fonde ainsi sur l’échec des projets des conférences de Paix, renouvelant le rapport de force entre les Démocraties et l’idéologie totalitaire survivante du conflit.
L’objectif d’Hitler était, à partir de 1933, de se débarrasser du diktat de Versailles, et reconstituer la « Grande Allemagne » avec l’Anchluss et le rattachement des Sudètes, pour partir à la conquête de l’espace vital. Malgré les oppositions idéologiques avec l’URSS, Hitler avait trouvé en Staline un allié provisoire (août 1939-juin 1941) lui permettant de s’en prendre à la Pologne et aux pays d’Europe de l’Ouest, avant d’attaquer directement l’URSS elle-même. Mais, si l’agression allemande obligea Staline à changer de partenaire elle ne le fit pas pour autant changer d’objectifs. Staline profitant de ses victoires à partir de 1943 pour imposer l’influence de l’URSS en Europe de l’Est, provoque ainsi la bipolarisation du monde et l’avènement d’un nouvel ordre mondial. Il se bâtira non sur un idéal de Paix universelle entre les nations mais sur des rapports de force bientôt fondés sur l’équilibre bien plus pragmatique et efficace de la terreur nucléaire.

Cet ordre mondial renouvelle ainsi la lutte idéologique né entre les deux guerres des Démocraties contre le totalitarisme, organisant le monde de façon bipolaire que l’on nommera plus tard : « la guerre froide ». En 1950 la guerre de Corée en est le premier acte. Le conflit fait plus de 800 000 morts parmi les militaires coréens, nordistes et sudistes, et 57 000 parmi les militaires des forces de l’ONU. Le nombre de victimes civiles est estimé à 2 millions et le nombre de réfugiés à 3 millions. La péninsule est dévastée par les combats et les bombardements (Séoul fut ainsi détruite à plus de 70 %)- L’avenir du monde bipolaire s’inscrit de nouveau dans la guerre.

DESCRIPTIF :

Abréviations :

MEP : mise en place (point de situation introductif ou mise en place du contexte) ;
ATS : Analyse des termes du sujet (ATS 1 et 2)
PBM : Problématique ; IM : Idée Maîtresse, AP : Annonce du Plan ; TRS : Transition.

Récapitulatif

7 pages dactylographiées soit 8, 5 pages manuscrites
Un travail organisé et équilibré dans sa structure :
Intro/1,5 page ; Part I° : 1,5 page; Part II° : 2 pages ; Part III° : 1,3 page
Conclusion : 0,7 page.

Un travail référencé :
Introduction : 2 citations /culture générale : Valéry et Machiavel
I° Partie : 2 citations/ géopolitiques : Funk et Kennedy
II° Partie : 2 citations/ géopolitiques : Soutou et Kissinger
III° Partie : 2 citations/géopolitiques : Frank et Fontaine

Points particuliers:

Pour l’introduction : deux citations faisant appel à la culture générale participant à la compréhension de l’histoire de la pensée occidentale : Paul Valéry (philosophe et poète) et Machiavel (philosophe et politologue), qui pourront aisément être réutilisées pour décrire des situations similaires.
Les citations sont toutes tirées de la bibliographie concernant la période considérée avec une valeur ajoutée par l’ajout de H. Kissinger.

Mise en place :
– D’une phrase de transition entre chaque grande partie du développement (une phrase suffit).
– Une précision supplémentaire pour préciser dans l’AP les différentes parties : (I) ; (II) ; (III) dans la rédaction même.
– Enfin l’IM constituée d’une seule phrase est « en chapeau de l’AP ». le tout étant d’un « seul tenant ».

Il s’agit de construire des intitulés de parties et de sous-parties sous formes de phrases entièrement rédigées qui donnent immédiatement et de manière intelligible le sens de ce qui va suivre.
Une dissertation de géopolitique est avant tout un travail d’analyse : d’où l’importance de l’ATS et de la PBM et un travail de démonstration : d’où l’importance de mobiliser des connaissances précises pour les utiliser dans une démarche argumentative.

DE QUOI S’AGIT-IL ? = ATS qui débouche sur la PBM

IL S’AGIT DE = IM et AP qui débouche sur un développement en 3 part
ENSUITE

Pour la FORME :

Une mise en application visible de la méthode de démonstration: une Introduction = MEP/ATS/ PBM/IM/AP ; un Développement en 3 parties, avec au moins deux sous-parties par parties ; une Conclusion avec une synthèse et une ouverture. L’architecture d’une démonstration doit être rendue immédiatement intelligible par des paragraphes.

Au moins 6 pages – Mais plutôt 8

4 à 5 citations bien choisies- 6 sont un maximum et elles doivent être rigoureuses, précises, pertinentes et efficaces.

Pour le FOND :

La maîtrise de l’analyse est indispensable. Vous devez trouver la PBM. Le plan peut-être parfois traité sous des formes variées- à la marge. Mais un sujet donne à réfléchir et à démontrer sur une seule PBM et Une seule IM (réponse à la PBM).
La maîtrise de la démonstration est essentielle.
Un devoir n’est pas une présentation de connaissances « sous forme de catalogue », mais la mise en œuvre de ces dernières dans une démonstration. L’argumentation doit être synthétique et précise (pas de vagues généralités ou d’à priori) mais elle doit avoir du SENS. La relation de CAUSE à EFFET, la mise en relation des arguments avec l’idée annoncée est essentielle.
Les parties d’un développement : I ; II ; II, sont donc forcément organisées, hiérarchisées, structurées, cohérentes donc efficacement reliées entre elles. Elles doivent bien sur correspondre à l’AP ce qui implique que l’AP a bien été réfléchie et qu’elle est suffisamment précise pour être le guide pratique de tout le développement. A ce titre une IM synthétique et forte est indispensable. Elle est un « Phare », la Direction générale de la démonstration.

Références bibliographiques

Paul Valéry : (1871-1945), « La Crise de l’esprit (1919)
Paul Valéry : Ecrivain, poète et philosophe français. Sous l’Occupation, Paul Valéry, refusant de collaborer, prononce en sa qualité de secrétaire de l’Académie française l’éloge funèbre du « juif Henri Bergson ». Cette prise de position lui vaut de perdre ce poste. Membre du Front national de la résistance, il meurt le 20 juillet 1945 quelques semaines après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après des funérailles nationales à la demande du général de Gaulle, il est inhumé à Sète, dans la partie haute de ce cimetière marin
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »
dans « La Crise de l’esprit (1919)
Ce vers exprime l’angoisse de l’intellectuel dépasse l’horizon d’un après-guerre et d’un pays. Dès la paix revenue, Valéry lance ce cri d’alarme qui fait écho aujourd’hui encore : « L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire : un petit cap du continent asiatique, ou bien l’Europe restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps ? »

Nicolas Machiavel « Le Prince » Classique Pocket 2019
Homme politique italien, Nicolas Machiavel occupe des fonctions de secrétaire au sein de la seconde chancellerie de Florence ; il accomplit plusieurs missions diplomatiques, notamment auprès de César Borgia. En 1512, avec l’effondrement de la république et le retour au pouvoir des Médicis à Florence, il connaît la disgrâce, impliqué dans un complot, torturé, emprisonné, puis banni. C’est dans ce contexte d’échec personnel et de troubles politiques dans l’Italie du début du XVIe siècle qu’il écrit le Prince.

Le Prince:
Rédigé en italien, le livre contient 26 chapitres.
Dans le premier chapitre, Machiavel divise les États en deux grands groupes : les républiques et les monarchies, celles-ci sont soit héréditaires soit nouvelles. Dans les chapitres II à XI, Machiavel examine les différents moyens de conquérir les Etats et de conserver le pouvoir.
Les chapitres XII à XIV traitent les questions militaires..
Dans les chapitres XV à XXIII Machiavel présente l’essentiel de ce qui sera retenu et interprété par la postérité sous le nom de machiavélisme : des recommandations dépourvues de toute moralité, visant à conserver le pouvoir.
Les derniers chapitres (XXIV à XXVI) révèlent les véritables objectifs de Machiavel : ces recommandations ont pour finalité la libération et l’unification de l’Italie.

Arthur Funk « 1945, de Yalta à Potsdam, des illusions à la guerre froide » complexe 1999
Arthur Funk
Historien américain spécialiste de la Seconde Guerre mondiale.Universitaire de renom, Arthur Layton Funk a notament enseigné à l’université de Floride (Gainesville). Il a particulièrement étudié les mouvements militaires de la Seconde Guerre mondiale.

En juillet 1945, quand les Grands — Harry Truman remplaçant Roosevelt décédé — se réunissent à Potsdam, près de Berlin, le climat s’est profondément modifié. L’Allemagne a capitulé et la guerre est finie en Europe. Le problème qui se pose aux trois Alliés n’est plus de s’unir pour vaincre l’hitlérisme, mais de préparer l’après-guerre. Le contrôle des grandes puissances sur l’Allemagne, la Pologne, l’Europe de l’Est, l’Italie et les Balkans, établi, les lignes de démarquations fixées, les trois Grands ont à régler toutes les questions relevant de l’administration commune, à se diviser le « butin » et à entériner en droit les nouveaux rapports de force installés par la victoire.
Mais Potsdam, c’est aussi la « Bombe » : c’est pendant la Conférence que Truman apprend le succès total de la première explosion expérimentale d’un engin atomique.
La restitution, dans ce livre, des discutions de Potsdam, montrent à quel point des composantes de la guerre froide y étaient déjà présentes. Quelques mois seulement après le communiqué si confiant de Yalta, la rupture est consommée. La « meilleure occasion de paix de toute l’histoire » a inauguré la diplomatie atomique et accouché de la plus formidable course aux armements qu’ait connu l’humanité.
Comment expliquer l’échec si rapide d’un réel effort d’entente ? Étant donné les divergences profondes entre les mentalité et les réalités américaine et russe, et les gigantesques conflits d’intérêts nationaux, la méfiance hostile entre les deux superpuissance étaient-ainsi inévitable,

Robert Frank et Alya Aglan, sous la direction de.. « 1937-1947 : la guerre-monde », tome I et II Folio 2018
Robert Frank, agrégé d’histoire, est professeur émérite de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, où il détenait la chaire d’histoire des relations internationales. Il a également enseigné à l’IEP de Paris. Il est spécialiste de l’Europe et des relations internationales.Une cinquantaine d’historiens, philosophes et spécialistes des sciences politiques, de génération et nationalité variées restituent la «guerre-monde» avec une triple ambition : montrer que la guerre s’est étendue au monde entier, notamment à l’Afrique et à l’Asie ; que ce processus de mondialisation a modifié les catégories et les représentations de l’espace et du temps ; qu’elle fut enfin, on le découvre toujours plus, un monde en soi : les évidences du temps de paix n’avaient plus cours ; les mots changeaient de sens, contaminés par les propagandes ; la division sexuée du travail fut bouleversée ; des technologies civiles ou des produits chimiques furent suscités par les industries de la mort donnée ; des dominations coloniales furent ébranlées à jamais ; sans oublier les expériences ordinaires ou esthétiques : vivre la nuit, écouter de la musique pour ne pas entendre les bombes ni les paroles de l’occupant, raviver des vieux chants qui de ce seul fait devenaient patriotiques, pour ne rien dire de la récitation d’un poème appris à l’école et qui devenait, dans un baraquement, la sublime prière de ceux qui accompagnaient les mourants.
La guerre fut un monde, préparée bien avant les événements européens de l’invasion nazie de la Pologne le 1er septembre 1939, enclenchée dès 1931 en Mandchourie, en 1935 en Éthiopie, et surtout, plus massivement, en Chine à partir de 1937. La sortie de guerre se prolonge au-delà de son terme officiel, le 2 septembre 1945, jusqu’aux traités de paix de février 1947 conclus avec quelques-uns seulement des vaincus – car alors s’impose l’évidence de la guerre froide entre les deux nouveaux géants, les États-Unis et l’URSS.

André Fontaine « La Guerre froide 1917-1991 »
André Fontaine (1921-2013)
Ancien directeur du journal Le Monde, il a suivi au jour le jour les péripéties de la guerre froide. Il a notamment publié Après eux, le Déluge. De Kaboul à Sarajevo (Fayard, 1995).

« La Guerre froide 1917-1991 » : La révolution d’Octobre se voulait aussi mondiale que la guerre dont elle était issue et l’Amérique de Wilson se croyait chargée de convertir la terre entière au capitalisme. Les ambitions des deux empires étaient trop universelles pour être conciliables. Leurs confrontations forme la toile d’un conflit sous contrôle de près de 50 ans : La guerre froide.
À la lumière des révélations intervenues depuis la dislocation de l’URSS, ce livre raconte les étapes de ce qui aura été la troisième guerre mondiale. Une guerre que l’on a appelée « froide », parce que la crainte de l’apocalypse a permis de trouver des portes de sortie à toutes les « parties au bord du gouffre » qui l’ont jalonnée, mais qui n’en a pas moins fait plus de morts que les autres guerres de l’histoire, à l’exception de celle de 1939-1945.

Paul Kennedy « Le grand tournant : pourquoi les alliés ont gagné la guerre 1943-1945 » Perrin 2012
Paul Kennedy, historien britannique, détient la chaire d’Histoire des Relations Internationales de la London School of Economics et enseigne l’histoire à l’Université de Yale. S’il a publié plusieurs ouvrages sur la compétition entre les grandes puissances et la guerre du Pacifique, il est surtout connu en France pour l’ouvrage, devenu culte, Naissance et déclin des grandes puissances, traduit en 23 langues. Jean-François Revel lui reconnut d’avoir explicité  » le principe du cycle ascension-déclin » et Emmanuel Le Roy Ladurie le qualifie de  » synthèse merveilleusement documentée sur cinq siècles « .

La Seconde Guerre mondiale fut gagnée par les Alliés entre la conférence de Casablanca de janvier 1943 et la libération de Paris en août 1944. Mais ce succès ne fut pas obtenu par la simple application des idées de Roosevelt et de Churchill. Il nécessita des mois d’expérimentation d’une stratégie de défaite de l’Axe.
Pour l’expliquer, Paul Kennedy raconte et analyse cinq grandes campagnes, qui sont autant de moments clés sur le chemin de la victoire : la bataille d’Angleterre ou les enjeux de la suprématie aérienne ; celle de l’Atlantique ou la question de la domination sous-marine ; les combats d’Afrique du Nord et du front de l’Est ou comment la Blitzkrieg fut contrée ; le débarquement de Normandie ou la complexité des opérations amphibies ; la guerre du Pacifique, enfin, ou l’étude des contraintes posées par la  » tyrannie de la distance « . Il démontre ainsi la supériorité et les capacités de la puissance industrielle américaine.

Henry Kissinger « Diplomatie » Fayard 1996
Henry Kissinger Ancien professeur à Harvard, est l’un des meilleurs analystes au monde des relations internationales, Henry Kissinger fut aussi un grand diplomate. Conseiller du président des Etats-Unis pour la sécurité nationale de 1969 à 1975, secrétaire d’Etat de 1973 à 1977, prix Nobel de la paix, il a publié notamment quatre volumes de mémoires: A la Maison-Blanche (1968-1973), 2 vol. (Fayard, 1979) et Les Années orageuses (1973-1974), 2 vol. (Fayard, 1982).
Il privilégie dans les RI et définit la géopolitique des USA par la défense de l’intérêt national, la recherche de l’équilibre entre les puissances. A cette tradition, les Etats-Unis, dès leur constitution, opposeront une autre façon de conduire les affaires étrangères, en affirmant la primauté des principes sur l’intérêt, de la coopération sur la compétition, de la sécurité collective sur l’équilibre des forces.
Paru en anglais en 1994, l’ouvrage analyse certains moments de l’histoire diplomatique occidentale, et se concentre surtout sur le XXe siècle. Il accorde une place particulièrement importante aux grands responsables politiques et à leur vision du monde. Défenseur de la théorie réaliste en relations internationales, Kissinger s’appuie sur les concepts de raison d’Etat et de Realpolitik.

Henry Kissinger « L’ordre du monde » Fayard 2016
Son constat de départ est qu’il n’a jamais existé de véritable « ordre mondial ». Tout au long de l’histoire, chaque civilisation, se considérant comme le centre du monde et regardant ses principes comme universellement pertinents, a défini sa propre conception de l’ordre. Aujourd’hui, ces diverses conceptions entrent en confrontation, et il n’existe pas de consensus entre les principaux acteurs sur les règles d’action et leurs limites, ni sur le but ultime poursuivi. La conséquence en est une forte montée des tensions.

Georges-Henri Soutou « La Guerre froide 1943-1990 » Fayard/Pluriel 2011
Georges-Henri Soutou est un grande spécialiste des relations internationales. Il enseigne des cours d’histoire contemporaine à l’Université de Paris-Sorbonne.
« La guerre froide 1943-1990 » relate le déroulement de la division du monde en deux blocs depuis ses origines. Cet ouvrage présente une narration détaillée de ce conflit d’envergure mondiale. Il retrace l’histoire et en corrige la vision parfois sommaire que nous en avons retenue. Ce fut un conflit global, tout à la fois idéologique, politique, militaire et même parfois territorial, car la « guerre froide » ouvrit aussi des fronts « chauds », même s’ils furent circonscrits. Elle ne dégénéra toutefois jamais en confrontation ouverte, et connut des moments d’accalmie prolongés, voire de détente. C’est que ce conflit n’a jamais visé à anéantir l’adversaire, mais à le contraindre à changer.
En outre, le pacte conclu entre les grandes puissances au lendemain de la victoire sur l’Allemagne nazie fut un profond facteur de stabilité, en Europe notamment. L’effondrement interne de l’un des deux adversaires apporta une conclusion rapide et imprévue par chacun des acteurs à ce conflit.

SYGMA PRESS photo-Conférence de Potsdam -1945 : Churchill- Truman – Staline

La première crise de Berlin (juin 1948-mai 1949). NH tribune Press 1949.
Berlinois guettant l’arrivée d’un avion-cargo ravitailleur pendant le blocus soviétique de la ville en 1948-1949